Sénatoriales : le PS dénonce la « casse sociale et territoriale »
A quatre jours des sénatoriales, le PS dénonce la « casse sociale et territoriale » du gouvernement, espérant profiter de la grogne des élus locaux. François Hollande avait pourtant lui aussi demandé des efforts aux collectivités.

Sénatoriales : le PS dénonce la « casse sociale et territoriale »

A quatre jours des sénatoriales, le PS dénonce la « casse sociale et territoriale » du gouvernement, espérant profiter de la grogne des élus locaux. François Hollande avait pourtant lui aussi demandé des efforts aux collectivités.
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La colère des élus locaux est l’enjeu central des élections sénatoriales. Preuve en est, s’il en était encore besoin, Edouard Philippe et le Parti socialiste qui, le même jour, abordent le sujet. Mais pas sur le même ton. Le premier ministre a tenté ce matin de rassurer les maires en faisant de la pédagogie sur les réformes (voir notre article), quand le PS organisait ce midi une conférence de presse pour dénoncer « la casse sociale et territoriale » de l’exécutif. Si le Parti socialiste va bientôt vendre son siège de la rue de Solférino, à Paris, cela ne l’empêche pas de continuer à faire de la politique en appuyant là où ça fait mal.

« La question des emplois aidés, c’est aussi mettre la clef sous la porte des collectivités les plus modestes »

Les sénatoriales ne s’annoncent pas faciles et le groupe va perdre des sièges, c’est une certitude. Il pourrait se retrouver autour de 60 sénateurs, contre 86 aujourd’hui. Mais les socialistes espèrent limiter la casse en récoltant les fruits de la grogne des élus dans les territoires.

« La question des emplois aidés, c’est aussi mettre la clef sous la porte des collectivités les plus modestes qui ne pourront pas rendre un certain nombre de services parce que leurs finances ne permettent pas d’avoir autre chose qu’un emploi aidé » souligne Rachid Temal, porte-parole du PS. « Les classes populaires, les classes moyennes et les collectivités sont les grandes victimes de ce début de quinquennat » ajoute le secrétaire national chargé de la coordination et de l'organisation.

« Le premier ministre semble essayer de rétropédaler »

L’ancien ministre François Rebsamen, président de la Fédération nationale des élus socialistes (FNESR), demande au gouvernement « une ligne précise, claire » et « un pacte de confiance » plutôt qu’« un pacte de défiance » avec les collectivités. Reste qu’Edouard Philippe, ce matin, a adouci l’effort demandé aux collectivités en précisant que les 13 milliards d’euros d’économies demandés sur 5 ans se feront par une limitation de la hausse des dépenses. « J’attends de voir. Les annonces et contre annonces se succèdent depuis 3 mois » souligne François Rebsamen, « là on est à 3 jours des sénatoriales, je ne sais pas pourquoi il a fait cette annonce aujourd’hui… On verra si cette annonce est vérifiée lors de la loi de finances de 2018 ». Rachid Témal ajoute : « Le premier ministre semble essayer de rétropédaler sans savoir où il veut aller ».

Si les socialistes ont beau jeu de dénoncer les économies demandées par l’exécutif, les grands électeurs se souviendront sûrement que François Hollande a imposé 11,5 milliards d’euros de baisse des dotations entre 2014 et 2017. Les candidats PS pourront-ils dans ces conditions profiter de la colère ? « Les efforts demandés aux collectivités ont été très importants » reconnaît François Rebsamen, lui-même maire de Dijon, rappelant que Nicolas Sarkozy avait déjà décidé d’un gel des dotations. Mais le socialiste assume les choix du gouvernement précédent. « Quand François Hollande est arrivé au pouvoir, la France était sur un trend de croissance zéro. (…) Pour réduire le déficit qu’avait laissé Nicolas Sarkozy, il fallait absolument que les collectivités participent à l’effort national » explique-t-il. Mais « aujourd’hui, avec la croissance qui est là, on nous demanderait d’en faire encore plus. Ça ne va pas. Jamais Emmanuel Macron n’a annoncé les 13 milliards pendant la campagne, il avait parlé de 10 milliards ».

François Rebsamen : « La renaissance du PS viendra sûrement des territoires »

Dimanche soir, le PS ambitionne de rester « le deuxième groupe du Sénat » et de jouer le rôle « d’une opposition intelligente ». Mais pour rester le second groupe, mieux vaut être uni. Or les sénateurs socialistes évoquent le risque d’une scission au sein du groupe entre ceux voulant clairement s’opposer à Macron et ceux, comme le président de groupe Didier Guillaume, qui sont dans une attitude constructive (voir notre article sur le sujet). « Le groupe restera uni. Et c’est un ancien président de groupe qui le dit » lance François Rebsamen, comme il l’a dit ce matin dans Territoires d’Infos sur Public Sénat. L’ancien ministre du Travail a en effet présidé le groupe PS de la Haute assemblée de 2011 à 2014.

« Après l’élection, je suis convaincu que le groupe trouvera une méthode de travail et saura se rassembler » croit Rachid Témal. Il faudra bien ça pour reconstruire un PS qui « n’est pas mort » assure François Rebsamen, qui pense que « sa renaissance viendra sûrement des territoires ». Avant la victoire de 2012, le PS avait en effet remporté tous les scrutins locaux. Il y a encore du chemin avant de revenir à ces jours meilleurs.

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