« Si le port du voile est instrumentalisé dans des compétitions sportives, cela me pose un problème », affirme Jean-Baptiste Moreau (LREM)

« Si le port du voile est instrumentalisé dans des compétitions sportives, cela me pose un problème », affirme Jean-Baptiste Moreau (LREM)

Invité de Parlement Hebdo, Jean-Baptiste Moreau est revenu sur le refus du gouvernement d’interdire le port du voile dans les compétitions sportives, comme le demandait la majorité sénatoriale. Il a dénoncé une instrumentalisation du débat par la droite, tout en affirmant que le voile était un outil de prosélytisme dans les compétitions sportives.
Louis Mollier-Sabet

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Mercredi dernier, la majorité sénatoriale a rejeté la loi sur la démocratisation du sport sur fond de tensions autour de l’interdiction du port du voile dans les compétitions sportives. C’est déjà ce qui avait fait échouer l’accord trouvé entre députés et sénateurs lors de la première lecture, et depuis, la question polarise les débats sur fond de campagne présidentielle – si bien qu’on aurait presque oublié les principaux enjeux de la loi. Juste avant la séance de mercredi, Roxana Maracineanu – ministre des Sports – et Michel Savin – rapporteur (LR) du texte au Sénat – s’étaient échauffés lors de la séance des questions d’actualité au gouvernement.

>> Pour tout comprendre du rejet de la loi par le Sénat : Démocratisation du sport : la majorité sénatoriale « outrée » par les propos de Roxana Maracineanu, rejette le texte

Si le gouvernement semble divisé sur la question, Jean-Baptiste Moreau, député LREM, trouve normal « d’interdire tout prosélytisme dans le sport professionnel. » Pour lui l’état du droit et la charte olympique sont « relativement clairs » : « Le voile fait partie du prosélytisme religieux, parce qu’il est instrumentalisé par les islamistes qui promeuvent l’islam politique. » Rappelons tout de même que certaines fédérations, comme la FIFA, ne l’interdisent pas.

« La droite n’est laïque qu’avec l’islam »

« À titre personnel », le député LREM de la Creuse avait même signé un amendement lors de la loi Séparatisme pour interdire le port du voile « aux fillettes », qui n’avait pas été examiné, ayant été déclaré irrecevable, car en décalage avec l’objet de la loi : « La laïcité ce n’est pas l’interdiction de tout signe religieux dans l’espace public. Si une femme décide de porter le voile dans l’espace public, je n’ai rien à en dire. À partir du moment où une femme a son libre arbitre pour décider de le porter, cela ne nous regarde plus, mais à 8 ans on n’a pas ce libre arbitre. »

Mais même pour les sportives majeures, Jean-Baptiste Moreau estime que « si [le port du voile] est instrumentalisé dans des compétitions sportives où l’on passe des messages politiques, là ça me pose un problème. C’est comme si nous allions distribuer des tracts dans les stades, c’est inadmissible. » On ne peut pas, d’après le député LREM, qui « par son parcours personnel » a lu le Coran, « faire la promotion » d’un outil qui « est juste un moyen de cacher la femme au désir de l’homme » et notamment « pour ces millions de femmes qui luttent pour avoir le droit d’enlever le voile. »

Pour Jean-Baptiste Moreau, la droite « instrumentalise » aussi ce débat en pleine campagne présidentielle : « La droite n’est laïque qu’avec l’islam. On a fait beaucoup plus dans la lutte contre l’islam politique que certains qui donnent des leçons alors qu’ils sont très clientélistes dans leurs municipalités avec l’islam politique. » C’est un peu ce qu’avait dénoncé Roxana Maracineanu aux questions d’actualité au gouvernement mercredi dernier en se disant « triste pour les sénateurs réellement passionnés par le sport » que « les grands pontes » du parti de Michel Savin (LR) lui aient « imposé de balayer d’un revers de main les avancées de cette loi. »

Dans la même thématique

Paris : Handover Ceremony for new Prime Minister Attal and Barnier
3min

Politique

Michel Barnier alerte sur la situation budgétaire « très grave » et reporte sa réunion avec Gabriel Attal

Michel Barnier juge la situation budgétaire « très grave » et demande « les éléments pour en apprécier l’exacte réalité », déclare le premier ministre. Quelques minutes avant, Matignon annonçait qu’une réunion avec Gabriel Attal était « décalée ». La cause officieuse : Gabriel Attal aurait imposé « une délégation de huit personnes », dont Elisabeth Borne et Gérald Darmanin, alors que la « règle » est de venir à trois maximum. « Sur les modalités, ils nous ont mis un peu devant le fait accompli », grince l’entourage de Michel Barnier

Le

« Si le port du voile est instrumentalisé dans des compétitions sportives, cela me pose un problème », affirme Jean-Baptiste Moreau (LREM)
3min

Politique

« Je ne souhaite pas que La France insoumise donne le « la » de la politique à gauche dans ce pays », affirme Patrick Kanner

Ce mercredi, Patrick Kanner, présidente du groupe socialiste au Sénat et sénateur du Nord, était l’invité de la matinale de Public Sénat. Le sénateur a évoqué la proposition de destitution validée hier par le bureau de l’Assemblée nationale. Il a également rappelé sa position vis-à-vis de La France insoumise, estimant qu’il ne souhaitait pas que « La France insoumise donne le « la » de la politique à gauche dans ce pays ».

Le

France Point presse Michel BARNIER a l INES du Technolac Bourget du Lac
3min

Politique

Gouvernement Barnier : « Les communistes ne sont pas dans une logique de censure a priori », précise Cécile Cukierman

Reçus par Michel Barnier, les responsables communistes ont rappelé au nouveau Premier ministre leurs lignes rouges, alors que la majorité des membres du Nouveau Front populaire annonce déjà vouloir censurer le futur gouvernement. Interrogée par Public Sénat, Cécile Cukierman, présidente du groupe communiste au Sénat, reconnaît néanmoins des « diagnostics partagés » avec le nouveau locataire de Matignon sur la situation du pays.

Le