« Si le port du voile est instrumentalisé dans des compétitions sportives, cela me pose un problème », affirme Jean-Baptiste Moreau (LREM)
Invité de Parlement Hebdo, Jean-Baptiste Moreau est revenu sur le refus du gouvernement d’interdire le port du voile dans les compétitions sportives, comme le demandait la majorité sénatoriale. Il a dénoncé une instrumentalisation du débat par la droite, tout en affirmant que le voile était un outil de prosélytisme dans les compétitions sportives.

« Si le port du voile est instrumentalisé dans des compétitions sportives, cela me pose un problème », affirme Jean-Baptiste Moreau (LREM)

Invité de Parlement Hebdo, Jean-Baptiste Moreau est revenu sur le refus du gouvernement d’interdire le port du voile dans les compétitions sportives, comme le demandait la majorité sénatoriale. Il a dénoncé une instrumentalisation du débat par la droite, tout en affirmant que le voile était un outil de prosélytisme dans les compétitions sportives.
Louis Mollier-Sabet

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Mercredi dernier, la majorité sénatoriale a rejeté la loi sur la démocratisation du sport sur fond de tensions autour de l’interdiction du port du voile dans les compétitions sportives. C’est déjà ce qui avait fait échouer l’accord trouvé entre députés et sénateurs lors de la première lecture, et depuis, la question polarise les débats sur fond de campagne présidentielle – si bien qu’on aurait presque oublié les principaux enjeux de la loi. Juste avant la séance de mercredi, Roxana Maracineanu – ministre des Sports – et Michel Savin – rapporteur (LR) du texte au Sénat – s’étaient échauffés lors de la séance des questions d’actualité au gouvernement.

>> Pour tout comprendre du rejet de la loi par le Sénat : Démocratisation du sport : la majorité sénatoriale « outrée » par les propos de Roxana Maracineanu, rejette le texte

Si le gouvernement semble divisé sur la question, Jean-Baptiste Moreau, député LREM, trouve normal « d’interdire tout prosélytisme dans le sport professionnel. » Pour lui l’état du droit et la charte olympique sont « relativement clairs » : « Le voile fait partie du prosélytisme religieux, parce qu’il est instrumentalisé par les islamistes qui promeuvent l’islam politique. » Rappelons tout de même que certaines fédérations, comme la FIFA, ne l’interdisent pas.

« La droite n’est laïque qu’avec l’islam »

« À titre personnel », le député LREM de la Creuse avait même signé un amendement lors de la loi Séparatisme pour interdire le port du voile « aux fillettes », qui n’avait pas été examiné, ayant été déclaré irrecevable, car en décalage avec l’objet de la loi : « La laïcité ce n’est pas l’interdiction de tout signe religieux dans l’espace public. Si une femme décide de porter le voile dans l’espace public, je n’ai rien à en dire. À partir du moment où une femme a son libre arbitre pour décider de le porter, cela ne nous regarde plus, mais à 8 ans on n’a pas ce libre arbitre. »

Mais même pour les sportives majeures, Jean-Baptiste Moreau estime que « si [le port du voile] est instrumentalisé dans des compétitions sportives où l’on passe des messages politiques, là ça me pose un problème. C’est comme si nous allions distribuer des tracts dans les stades, c’est inadmissible. » On ne peut pas, d’après le député LREM, qui « par son parcours personnel » a lu le Coran, « faire la promotion » d’un outil qui « est juste un moyen de cacher la femme au désir de l’homme » et notamment « pour ces millions de femmes qui luttent pour avoir le droit d’enlever le voile. »

Pour Jean-Baptiste Moreau, la droite « instrumentalise » aussi ce débat en pleine campagne présidentielle : « La droite n’est laïque qu’avec l’islam. On a fait beaucoup plus dans la lutte contre l’islam politique que certains qui donnent des leçons alors qu’ils sont très clientélistes dans leurs municipalités avec l’islam politique. » C’est un peu ce qu’avait dénoncé Roxana Maracineanu aux questions d’actualité au gouvernement mercredi dernier en se disant « triste pour les sénateurs réellement passionnés par le sport » que « les grands pontes » du parti de Michel Savin (LR) lui aient « imposé de balayer d’un revers de main les avancées de cette loi. »

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