Situation au Mali : Jean Castex annonce la tenue d’un débat au Parlement
Interrogé sur la stratégie de la France au Mali et sur l’avenir de l’opération Barkhane après l’expulsion de l’ambassadeur de France, le Premier ministre a annoncé qu’un débat serait organisé au Parlement, au sens de l'article 50-1 de la Constitution. Le Premier ministre parle d’une « très grave crise politique » et dénonce un pays « qui s’isole et qui cherche la confrontation ».

Situation au Mali : Jean Castex annonce la tenue d’un débat au Parlement

Interrogé sur la stratégie de la France au Mali et sur l’avenir de l’opération Barkhane après l’expulsion de l’ambassadeur de France, le Premier ministre a annoncé qu’un débat serait organisé au Parlement, au sens de l'article 50-1 de la Constitution. Le Premier ministre parle d’une « très grave crise politique » et dénonce un pays « qui s’isole et qui cherche la confrontation ».
Public Sénat

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Les interrogations du Sénat sur l’avenir de l’intervention française au Mali se multiplient. La semaine dernière, deux sénateurs ont pris la parole au cours de la séance de questions au gouvernement, après la mort du brigadier-chef Alexandre Martin. L’expulsion par le gouvernement militaire malien de l’ambassadeur français est venue renforcer le trouble des parlementaires.

Ce 2 février, Jean Castex a été invité à répondre à deux reprises, par le président du groupe socialiste, Patrick Kanner, puis par le président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, Christian Cambon (LR). Ce dernier lui a posé une question simple : « Qu’est-ce que vous comptez faire ? Rester au Mali contre la volonté des dirigeants, au risque de pénaliser nos militaires ? […] Dites au Sénat ce qu’il convient de faire […] pour les 58 morts que nous avons perdus ».

« Le Parlement, évidemment, mérite d’être parfaitement informé de cette situation », a reconnu le Premier ministre, face à une « situation extrêmement préoccupante ». Sollicité par le sénateur Patrick Kanner, Jean Castex a annoncé qu’un débat, non suivi d’un vote, sera prochainement planifié. « Le gouvernement organisera un débat sur la base de l’article 50-1 de la Constitution, sur ce sujet extrêmement important. »

« Nous devrons faire évoluer notre dispositif opérationnel », reconnaît Jean Castex

Lors de sa question, Christian Cambon a estimé que « liste des humiliations que le Mali nous fait subir est assez longue pour qu’il n’y ait pas de véritable réponse de la part du gouvernement ». A la remise en cause de l’accord de défense liant la France et le Mali, l’interdiction de survol du pays, l’arrivée des mercenaires russes de Wagner, ou encore la demande de retrait des troupes danoises, le renvoi de l’ambassadeur de France constitue « l’humiliation suprême » pour Christian Cambon. « Face à ces provocations, qui sont des provocations délibérées, la France ne peut pas rester impuissante, faute d'en subir les conséquences, à la fois pour sa crédibilité en Afrique mais aussi en Europe. »

« Il y a incontestablement une très grave crise politique », a admis le Premier ministre. « Le fait que le régime malien renvoie notre ambassadeur monte la fermeté dont nous avons preuve dans la condamnation de ce qu’il s’y passe et nous avons parfaitement bien fait. » Le chef du gouvernement a rappelé que le représentant de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait été renvoyé également. Comme la France, ils avaient protesté contre la remise en cause de la tenue des élections par la junte malienne. Selon Jean Castex, le renvoi de l’ambassadeur est un « élément nouveau dans la stratégie globale », et « nous devrons faire évoluer notre dispositif opérationnel ».

« Vous ne pouvez pas faire endosser au Mali seul cette dégradation de la situation », accuse Patrick Kanner

Pour le président Patrick Kanner, « la déliquescence des relations entre la France et le Mali est aujourd’hui plus que préoccupante ». Mais pour le socialiste, Paris doit également reconnaît une part dans la responsabilité de cette crise. « Vous ne pouvez pas faire endosser au Mali seul cette dégradation de la situation, tout comme revendiquer seul les succès, mais mutualiser les échecs. La France est en première ligne, il faut l’assumer », a appelé l’ancien ministre. Patrick Kanner a notamment critiqué le rôle d’Emmanuel Macron. « Le président de la République n’a pas cessé de fixer des lignes rouges qui ont toutes été franchies. Force est de constater que face à son impuissance, la France n’a plus grand-chose à proposer. »

« Vous dites que le Mali n’est pas seul responsable. Si, Monsieur le président Kanner, je rappelle ce que vous savez toutes et tous, il y a eu un coup d’Etat à l’été 2020, qui a donné lieu à une junte », a réagi le Premier ministre. « La junte qui avait des délais [pour la tenue d’élection] est revenue sur sa parole ». Jean Castex a également dénoncé l’appel fait par le gouvernement malien aux miliciens russes du groupe Wagner, « qui s’est déjà illustré dans d’autres Etats africains par des exactions totalement condamnables ». Et d’ajouter : « C’est un pays qui s’isole, qui cherche la confrontation. »

Jean Castex a précisé que la position de la France serait, « comme toujours », de rechercher une « réponse multilatérale », avec ses partenaires africains et européens.

Interrogé à l'issue des questions au gouvernement, Christian Cambon a estimé qu'un débat au Parlement était la moindre des choses :

 

Partager cet article

Dans la même thématique

Capture 2
3min

Politique

Cancers : l’Union européenne n’a pas « d’excuse pour ne rien faire »

Un sommet européen sur le Cancer doit se tenir à Bruxelles du 19 au 20 novembre. Il s’agit de la deuxième cause de mortalité sur le Vieux Continent. Chaque année, 2,6 millions de nouveaux cas sont diagnostiqués. Tabac, alcool, pesticides, polluants divers, nos modes de vie et conditions de travail sont en cause. Alors, comment endiguer le fléau du cancer dans l’Union européenne ? Pourquoi sommes-nous aussi touchés ? Ici l’Europe ouvre le débat avec les eurodéputés Laurent Castillo (PPE, France) et Tilly Metz (Verts, Luxembourg). L'UE n'a pas "d'excuse pour ne rien faire", estime cette dernière.

Le

Paris : session of questions to the government at the Senate
9min

Politique

Face à un « budget cryptosocialiste », la majorité sénatoriale veut « éradiquer tous les impôts » votés par les députés

Ils vont « nettoyer » le texte, le « décaper ». Les sénateurs de droite et du centre attendent de pied ferme le budget 2026 et le budget de la Sécu. Après avoir eu le sentiment d’être mis à l’écart des discussions, ils entendent prendre leur revanche, ou du moins défendre leur version du budget : plus d’économies et faire table rase des impôts votés par les députés.

Le

Marseille: Amine Kessaci candidate
4min

Politique

Assassinat du frère d’Amine Kessaci : le militant écologiste engagé contre le narcotrafic était « sous protection policière et exfiltré de Marseille depuis un mois »

Le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. L’hypothèse d’un assassinat d’avertissement est privilégiée et pourrait faire basculer la France un peu plus vers ce qui définit les narco Etats. C’est ce que craignaient les sénateurs de la commission d’enquête sur le narcotrafic. Le sénateur écologiste de Marseille Guy Benarroche, proche d’Amine Kessaci a pu s’entretenir avec lui, ce matin.

Le