SNCF: l’Etat reprend 35 milliards de dette, les syndicats restent mobilisés
Le gouvernement a fait vendredi "ses dernières propositions" sur la SNCF, a averti Emmanuel Macron à propos de la reprise par l'Etat de 35 milliards d'euros de dette du groupe

SNCF: l’Etat reprend 35 milliards de dette, les syndicats restent mobilisés

Le gouvernement a fait vendredi "ses dernières propositions" sur la SNCF, a averti Emmanuel Macron à propos de la reprise par l'Etat de 35 milliards d'euros de dette du groupe
Public Sénat

Par Jérémy MAROT, Elisabeth ROLLAND

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Le gouvernement a fait vendredi "ses dernières propositions" sur la SNCF, a averti Emmanuel Macron à propos de la reprise par l'Etat de 35 milliards d'euros de dette du groupe, une annonce qui n'a pas convaincu les syndicats de mettre fin à la grève.

"Il y a des manifestations légitimes contre la réforme de la SNCF. Je dis (aux syndicats) +on est arrivé au bout du processus+. Le texte va arriver au Sénat (mardi). Le gouvernement fait ses dernières propositions aujourd'hui, prend sa responsabilité sur la dette. Nous devons aller au bout de cette réforme, nous irons au bout", a déclaré le président de la République dans un entretien à BFMTV accordé vendredi depuis Saint-Pétersbourg où il est en déplacement.

Aux syndicats qui se sont succédé vendredi matin à Matignon, le Premier ministre, Edouard Philippe, a confirmé que l'Etat reprendrait 35 milliards d'euros de dette, dont 25 milliards en 2020 et 10 milliards en 2022, afin que l'entreprise atteigne "l'équilibre" financier "avant la fin du quinquennat". "Un engagement sans précédent", a-t-il vanté.

"Il n'y aura pas d'impôt SNCF" pour compenser cette reprise de dette, qui "viendra s'ajouter à la dette publique de l'Etat", a-t-il précisé.

En contrepartie et afin de consolider le modèle économique, le Premier ministre a demandé un effort de productivité à la SNCF pour combler son écart de compétitivité estimé à 30% par rapport à ses concurrents. "A l'horizon 2026, l'écart de compétitivité doit être réduit des deux tiers", a-t-il dit.

Le Premier ministre Edouard Philippe s'exprime à Matignon à Paris  le 25 mai 2018 après avoir reçu les syndicats de la SNCF
Le Premier ministre Edouard Philippe s'exprime à Matignon à Paris le 25 mai 2018 après avoir reçu les syndicats de la SNCF
AFP

Le gouvernement veut aussi "alléger le poids des péages ferroviaires" acquittés par les trains circulant sur le réseau SNCF, en limitant la hausse de leurs tarifs "au niveau de l'inflation".

L'Unsa, qui a eu la primeur des annonces gouvernementales, s'est dite "rassurée" par l'"engagement ferme de l'État" sur les finances de la SNCF, par la voix de son secrétaire général Luc Bérille. Et une décision sur une éventuelle sortie de l'Unsa ferroviaire de la grève sera prise "très rapidement", a embrayé son secrétaire général, Roger Dillenseger, avant de préciser à l'AFP que le syndicat réformiste attendrait le vote de la loi au Sénat, le 5 juin, pour "s'interroger" sur "les suites à donner au conflit".

- La grève pour "peser" -

A la CGT Cheminots, "le combat", c'est-à-dire la grève entamée il y a deux mois, continue car "la mobilisation est plus que jamais nécessaire", a insisté son secrétaire général Laurent Brun, même si la tonalité de ses propos a paru plus apaisée que lors de la précédente série de rencontres bilatérales à Matignon le 7 mai.

Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger (à g) a rencontré le Premier ministre Edouard Philippe à Matignon à Paris le 25 mai 2018
Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger (à g) a rencontré le Premier ministre Edouard Philippe à Matignon à Paris le 25 mai 2018
AFP

"Pour résumer, on a un gouvernement qui semble plus ouvert mais qui a toujours du mal à s'engager", a estimé M. Brun qui revendique la tenue d'une "table ronde tripartite (organisations syndicales, patronat, gouvernement, ndlr) pour que le gouvernement fixe ses engagements par écrit vis-à-vis des grévistes". M. Philippe "ne nous a pas dit non" et "nous donnera une réponse très prochainement", a-t-il glissé.

Plus tranché, SUD-Rail n'a vu "guère plus d'avancées" pour les cheminots et "pas de satisfactions" à l'issue de son entretien, "pas de nature à faire cesser la grève", selon son porte-parole Erik Meyer. SUD-Rail réclame le retrait du projet, ainsi que "des négociations tripartites" avec "le patronat du secteur (ferroviaire), le gouvernement et les organisations syndicales" pour étudier "l'ensemble des questions sur l'ouverture à la concurrence, le financement et les garanties sociales du secteur".

A la CFDT aussi, la grève "continue" car "nous avons besoin de la mobilisation pour aller jusqu'au bout" du processus parlementaire, a souligné son secrétaire général, Laurent Berger.

"Dans ce cadre-là, nous allons continuer de peser pour que des amendements soient repris dans le texte de loi" et pour qu'ait lieu une réunion tripartite sur la convention collective nationale du transport ferroviaire, a-t-il détaillé, après avoir "pris note positivement" des annonces sur la reprise de dette. La ministre des Transports Elisabeth Borne s'est par ailleurs dite prête à réunir "mi-juin" les partenaires sociaux au sujet de la convention collective.

Et pour FO Cheminots, "toutes les raisons de la grève sont encore là", a déclaré son secrétaire général François Grasa.

Reçu en clôture de la journée, le patron de la SNCF Guillaume Pépy a loué des "avancées financières historiques".

"Les choses sont en train de prendre forme, il faut que chacun en prenne conscience et que chacun prenne ses responsabilités", a-t-il renchéri en estimant, alors qu'un prochain épisode de grève de deux jours débutera dimanche à 20H00, qu'il "n'y a plus tellement de raisons pour pénaliser à ce point les Français avec ces grèves à répétition".

er-jmt-aro-cel/az

Partager cet article

Dans la même thématique

SNCF: l’Etat reprend 35 milliards de dette, les syndicats restent mobilisés
3min

Politique

Jamy Gourmaud, « Je me considère comme un passeur, un trait d’union entre ceux qui savent et ceux qui ont envie de savoir »

Après plusieurs décennies à la télévision, le célèbre animateur de l’émission C’est pas sorcier a conquis les réseaux sociaux et rassemble désormais 4,5 millions de followers tout support confondu. Cette popularité s’explique par un talent singulier : rendre accessible l’inaccessible. Invitée de Rebecca Fitoussi dans Un monde, un regard, il revient sur sa soif d’apprendre et sur un métier unique en son genre.

Le

SNCF: l’Etat reprend 35 milliards de dette, les syndicats restent mobilisés
3min

Politique

« On peut avoir de très bonnes habitudes de consommation sur internet, sans avoir à ruiner son éthique », estime cet étudiant en droit

A l’heure où les commerces de centre-ville ferment les uns après les autres, la consommation sur internet n’a jamais été aussi forte. Difficile de rivaliser lorsque certaines plateformes inondent le marché de promotions et livrent les commandes en moins de 24h. Pour Thomas Martinet, étudiant en droit à Montpellier, acheter en ligne n’est pas contradictoire avec une consommation responsable. Dans l’émission Dialogue Citoyen présentée par Quentin Calmet, il interpelle plusieurs sénateurs sur la nécessité pour les petits commerçants de s’adapter à l’ère du numérique.

Le