SNCF : le Sénat adopte la fin du recrutement au statut à partir de 2020

SNCF : le Sénat adopte la fin du recrutement au statut à partir de 2020

Le gouvernement profite de l’examen de la réforme de la SNCF au Sénat pour acter la fin du recrutement des cheminots au statut en 2020. Le rapporteur a comparé parlementaires et cheminots, estimant que les Français les voient comme des « privilégiés ». Un parallèle dénoncé par la gauche.
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Les débats sur les articles de la réforme de la SNCF se suivent et se ressemblent au Sénat. « On a deux visions de la société qui s’affrontent » résume le sénateur PCF de Seine-Saint Denis, Fabien Gay. D’un côté, le gouvernement, et le rapporteur LR du texte, Gérard Cornu, qui défendent le texte. De l’autre, les communistes qui s’opposent au projet de loi, aidés des socialistes sur une position plus mesurée. Le débat sur la fin du recrutement au statut des cheminots à partir du 1er janvier 2020 n’y a pas dérogé. Il a été adopté par le Sénat par 248 voix contre 92 dans la nuit de mercredi à jeudi. Les sénateurs avaient voté l’incessibilité de l’entreprise en début de soirée.

Le texte adopté par les députés n’incluait pas de date pour la fin du statut. Uniquement le principe. Le gouvernement profite du passage du projet de loi devant la Haute assemblée pour introduire cette date. « La date retenue au 1er janvier 2020 a été fixée en cohérence avec l’ensemble de la réforme » a fait valoir la ministre des Transports, Elisabeth Borne. Une convention collective, discutée entre syndicats et représentants du patronat, devra prendre le relais pour les nouvelles embauches. Elle devra être finalisée avant le 31 décembre 2019. « Un objectif ambitieux » reconnaît la ministre, « mais tout à fait crédible ». Les opposants soulignent eux que la fin du statut coûtera plus cher à la SNCF.

« Les Français pensent que les parlementaires et les cheminots sont des privilégiés »

« C’est la fin du recrutement au statut. Mais le statut ne va pas disparaître. Tous les cheminots qui sont au statut le resteront » a rappelé le rapporteur Gérard Cornu. Le sénateur d’Eure-et-Loir s’est ensuite lancé dans une comparaison pour expliquer et justifier la fin du statut : « Les Français ne supportent plus les avantages – supposés ou réels. Les cheminots et les parlementaires sont à peu près dans le même sac » (voir au début de la vidéo). Le sénateur LR continue : « Que vous le vouliez ou non, c’est la réalité de la perception des Français. Ils pensent que les parlementaires sont des privilégiés. Ils pensent que les cheminots sont des privilégiés. (…) Voilà la perception, c’est comme ça ! »

Un parallèle qui est très mal passé sur les bancs de gauche. A commencer par le sénateur PCF de Seine-Saint Denis, Fabien Gay (voir la suite de la vidéo) :

« J’ai entendu votre comparaison entre parlementaires et cheminots. Je n’ai pas de mot. Moi ma mère a travaillé toute sa vie à l’usine. Mon père toute sa vie à l’usine. Et honnêtement, par rapport à eux, j’ai une meilleure vie. Et j’ai une meilleure vie que les cheminots et cheminotes. Sérieusement, quand j’entends ça, j’ai mal. Je crois qu’on ne peut pas prendre cet argument là. On ne peut pas dire qu’il y a des privilèges réels ou supposés. C’est quoi les privilèges réels des cheminots dans ce pays ? Il n’y en pas ».

La sénatrice PS du Val-de-Marne, Sophie Taillé-Polian, revient quelques minutes plus tard à la charge : « C’est extrêmement indécent. On ne peut pas comparer le statut des parlementaires et des cheminots ». La sénatrice du Val-de-Marne y voit des propos « extrêmement démagogiques », « ne commençons pas à stigmatiser tel ou tel, parce qu’ils ont acquis des droits ».

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