À l’issue d’une matinée de rencontres avec les syndicats des cheminots, Édouard Philippe martèle que le « gouvernement ne reviendra pas sur les grands principes » de la réforme de la SNCF, adoptée par les députés en avril. Ils sont au nombre de trois : l’ouverture à la concurrence, la fin du recrutement au statut et le changement de statut de l’entreprise au 1er janvier 2020.
S’il prévient que le texte, qui sera examiné en séance au Sénat le 29 mai, « ne changera pas fondamentalement », le Premier ministre concède toutefois que le texte « peut être encore finalisé ».
Le Parlement se prononcera sur la reprise d’une partie de la dette ferroviaire
Première confirmation : le chef du gouvernement donne des gages du côté des aides de l’État. « Nous devons sans doute aller plus loin pour financer notamment des travaux de modernisation de la signalisation », indique-t-il.
Sur la question de la reprise de la dette, « l’État prendra ses responsabilités », assure-t-il, invitant l’entreprise à réaliser des économies et à réduire les « surcoûts ». L’instauration d’une « règle d’or » visant à interdire « un endettement excessif de l’entreprise » serait une autre contrepartie. L’objectif du gouvernement « est que la reprise de la dette permette au groupe public d’être à l’équilibre économique à la fin du quinquennat : à partir de 2022, la SNCF ne doit plus perdre de l’argent chaque année. »
Cette opération, dont il n’a pas précisé les modalités, fera l’objet d’un vote au Parlement. Les montants ne sont pas précisés, au grand dam des syndicats, mais ils le seront avant le passage au Sénat. Cette reprise « ne sera ni minimale ni totale. Nous reprendrons une partie substantielle », se contente de répondre pour l’heure Édouard Philippe.
Sur le plan humain, le Premier ministre veut inviter la direction de la SNCF à « préparer un plan ambitieux de formation » pour les salariés.
La ministre des Transports prête à adopter des amendements « utiles à la réforme »
Parmi les points qui doivent encore être discutés, avant l’arrivée du texte au Sénat, la ministre des Transports a cité plusieurs éléments dans le domaine social. Quelles conséquences pour les salariés s’ils refusent d’être transférés à un nouvel opérateur ? Quelles seront leurs garanties en cas de filialisation ?
D’autres questions, relatives aux régions, devraient aussi intéresser le Sénat. Il s’agit du devenir des rames ou encore des centres de maintenance. Sur tous les sujets, la ministre se dit prête à adopter tous les amendements qui seraient « utiles » à la réforme.
Particulièrement vigilants sur la future convention collective, plusieurs syndicats comme la CFDT ou Sud-Rail devraient accueillir froidement l’absence de l’État dans les négociations. « « L’État s’impliquera pas dans la négociation comme il l’a fait trop longtemps. Elle relève de la SNCF », a prévenu la ministre. Au niveau de la branche, elle presse les partenaires sociaux de se mettre rapidement au travail, et de fixer un agenda d’ici deux semaines.
Syndicats et gouvernement doivent se retrouver le 24 ou le 25 mai, c’est-à-dire en plein travaux de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable du Sénat sur le texte. Dans l’intervalle, les différentes centrales promettent de poursuivre la mobilisation des cheminots. L’intersyndicale doit arrêter sa décision mercredi.