SNCF: Macron veut “aller au bout” de la réforme, la grève a repris à 20H00
Emmanuel Macron veut "aller au bout" de la réforme "indispensable" de la SNCF, a-t-il dit jeudi sur TF1, en appelant les syndicats de cheminots ...
Par Elisabeth ROLLAND
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Mis à jour le
Emmanuel Macron veut "aller au bout" de la réforme "indispensable" de la SNCF, a-t-il dit jeudi sur TF1, en appelant les syndicats de cheminots "au calme" avant un nouvel épisode de grève de deux jours -le troisième- qui a débuté à 20H00.
Le trafic s'annonce moins perturbé vendredi que lors des séquences précédentes. La SNCF prévoit un TGV et un TER sur trois, ainsi que deux Transiliens sur cinq et un train Intercités sur cinq. Le trafic international sera "normal" pour les Eurostar, "quasi normal" pour les Thalys, tandis qu'un train Lyria sur six circulera.
Selon la SNCF, 38% des personnels indispensables à la circulation des trains seront en grève.
Le président Macron a insisté sur le caractère "indispensable" de la réforme de la SNCF, qui "doit se réorganiser", tout en appelant les syndicats "au calme". "Je les ai entendus", a-t-il assuré lors de son interview sur TF1 jeudi, "mais la bonne réponse, ce n'est pas d'arrêter de faire la réforme, c'est de la faire ensemble".
Les cheminots qui "sont rentrés avec (le) statut" à la SNCF "resteront dans le statut parce que c'est un contrat", même s'ils sont transférés dans une autre entreprise après l'ouverture à la concurrence, a-t-il ajouté.
"Donc on ne leur demande pas d'efforts, on leur dit juste d'accepter" la suppression de ce statut pour "les nouveaux" embauchés, dont les contrats seront basés sur "la convention" collective du transport ferroviaire "qui va se définir ensuite", a-t-il souligné.
La SNCF "sera une entreprise publique à capitaux 100% publics". Sa dette de quelque 50 milliards d'euros sera reprise en partie "dès le début", puis le reste "progressivement", en fonction de l'avancée des réformes, a-t-il indiqué.
Cette reprise se fera donnant-donnant: l'Etat consentira cet "effort", un "geste très important", à condition que les cheminots fassent aussi "un effort" en acceptant la réforme, a confirmé le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.
- "Encore plus déterminés" -
Les quatre syndicats représentatifs à la SNCF, qui réclament depuis des semaines de "vraies négociations" sur la réforme, ont tous critiqué l'intervention présidentielle.
Le troisième épisode de grève depuis début avril destiné à peser sur la réforme ferroviaire en cours d'examen à l'Assemblée nationale, démarre jeudi à 20H00
AFP/Archives
La CGT Cheminots, premier syndicat du groupe, a vu "un président hésitant, qui ne dit pas grand-chose, qui ne maîtrise vraisemblablement pas le dossier de la réforme et qui, loin de rassurer, renforce la détermination des cheminots".
"Le président reste déterminé sur sa ligne de conduite" et n'a "pas pris d'engagement clair sur le financement", a déploré Roger Dillenseger, secrétaire général de l'Unsa ferroviaire (2e syndicat).
Les déclarations de M. Macron étaient "truffées d'approximations et de mensonges", notamment sur le statut des cheminots, a dénoncé Erik Meyer, porte-parole de SUD-Rail (3e syndicat): "annoncer comme il l'a fait que seuls les nouveaux entrants seraient impactés" par la suppression du statut "est faux" car Elisabeth Borne, la ministre des Transports, et Guillaume Pepy, le patron de la SNCF, "ont tous deux confirmé la future abrogation du décret fixant le statut".
La CFDT Cheminots (4e syndicat), "fortement déçue" par les propos présidentiels, est "encore plus déterminée" à poursuivre la grève, même si Mme Borne a retenu "certaines de ses propositions", une "avancée largement insuffisante", a indiqué son secrétaire général adjoint, Rémi Aufrère-Privel.
Le troisième épisode de la grève de deux jours sur cinq lancée début avril par le trio CGT-Unsa-CFDT s'achèvera dimanche à 07H55. Il coïncide avec le début des vacances scolaires de la zone C. SUD Rail a lui lancé une grève illimitée.
A l'Assemblée, les députés ont terminé jeudi la première lecture du projet de loi de réforme ferroviaire, qui fera l'objet d'un vote solennel mardi.
Le groupe LR a dénoncé une "manœuvre politique" du chef de l'Etat, demandant comment étaient gagés les "10 millions d'euros par jour pendant 10 ans" d'investissements prévus dans le réseau ferroviaire.
Pour "tenir sur la durée", les syndicats peuvent compter sur la cagnotte de soutien lancée le 23 mars par une trentaine d'écrivains, réalisateurs ou universitaires. Vers 19H00 jeudi, elle dépassait les 710.000 euros. Les syndicats vont créer une association pour gérer ces fonds qui seront redistribués aux grévistes.
Débats budgétaires hors de contrôle, tensions entre alliés macronistes et LR, manque de cohésion au gouvernement : la vie du « socle commun » n’est pas un long fleuve tranquille. Les deux camps, qui « se foutaient sur la gueule » avant l’été, n’ont pourtant pas d’autres choix que de s’entendre, du moins aujourd’hui.
Invitée de la matinale de Public Sénat, la ministre déléguée chargée de l’énergie, Olga Givernet a défendu une hausse des taxes sur l’électricité. La mesure, particulièrement impopulaire, a été supprimée par les députés du projet de loi de finances 2025.
« Il n’y aura pas de nouvelle taxe, mais il faut réfléchir à une participation possible au fait de vivre dans la ville ou le village », avance la ministre Catherine Vautrin, qui ouvre la réflexion avec les élus. Au Sénat, le président de la délégation aux collectivités, Bernard Delcros, évoque une « réforme de la taxe foncière », quand le vice-président de l’AMF, Philippe Laurent, défend une contribution qui « tient compte très largement du revenu ». Le débat est loin d’être clôt.
En écho aux nombreux faits divers liés au trafic de drogue, le député Rassemblement national, Jean-Philippe Tanguy, demande la création de courtes peines de prison pour les consommateurs de stupéfiants. Une solution que rejette Raphaël Glucksmann ou Mathilde Panot et qui fait réagir les syndicats de magistrat et de police.