Sobriété énergétique : les sénateurs écologistes proposent des mesures « structurantes »
Tandis que le projet de loi pour protéger le pouvoir d’achat et lutter contre l’inflation arrive au Sénat, le groupe écologiste attaque des « mesurettes » et propose dix mesures pour « la sobriété énergétique dans notre quotidien ».

Sobriété énergétique : les sénateurs écologistes proposent des mesures « structurantes »

Tandis que le projet de loi pour protéger le pouvoir d’achat et lutter contre l’inflation arrive au Sénat, le groupe écologiste attaque des « mesurettes » et propose dix mesures pour « la sobriété énergétique dans notre quotidien ».
Public Sénat

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

« Le débat n’est pas à l’échelle de ce qu’on est en train de vivre. » Pour Thomas Dossus, sénateur écologiste, si le mot « sobriété » a finalement fait son chemin dans les discours gouvernementaux, le débat, lui, est restreint par des « mesurettes » et une incohérence globale. « Il n’y a pas de ligne directrice sur la sobriété énergétique dans ce que propose le gouvernement », juge Guillaume Gontard, président des écologistes au Sénat. En ce « jour du dépassement » qui figure la date à laquelle l’humanité a consommé toutes les ressources que la planète peut produire sans s’épuiser, les sénateurs écologistes proposent une dizaine de mesures « pour inscrire la sobriété énergétique dans notre quotidien ».

Alors que le projet de loi « portant mesures d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat » arrive au Sénat, les écologistes fulminent de ne pas trouver de mesures pour s’émanciper de la dépendance aux énergies fossiles dans le texte. « Ce texte fait l’impasse sur la sobriété qui est un moyen d’accompagner les ménages contre l’inflation et de renforcer notre autonomie énergétique », soutient Ronan Dantec du groupe écologiste. Pour le sénateur de Loire-Atlantique, les 230 millions qui devraient être alloués aux ménages se chauffant au fioul sont un cadeau aux classes aisées. Également en ligne de mire des sénateurs verts : les aides au carburant qui ont été votées à l’Assemblée et devraient aussi l’être au palais du Luxembourg.

Une rénovation sur le long terme plutôt que des aides aux énergies fossiles

« Où est la solidarité nationale pour les plus modestes ? s’interroge le sénateur Ronan Dantec. Privilégions les investissements dans la rénovation énergétique des bâtiments plutôt que les subventions aux énergies fossiles. » Plutôt que des mesures qu’ils estiment court-termistes et non compatibles avec la transition énergétique, les sénateurs du groupe écologiste veulent étendre les aides pour les parcours de rénovation globale à tous les ménages, débloquer 10 milliards d’euros pour la rénovation des logements sociaux et sortir les investissements de rénovation des taux d’endettement des ménages. S’ils reconnaissent que ces mesures sont plus techniques, les sénateurs écologistes assurent qu’elles aideraient concrètement et durablement les plus modestes à rénover et, in fine, résister à l’inflation.

La sobriété passe aussi par des économies dans le quotidien pour les Verts. Ils vont d’ailleurs plus loin que la ministre de la Transition énergétique et demandent une interdiction immédiate des panneaux publicitaires lumineux sur l’ensemble du territoire quand Agnès Pannier-Runacher proposait l’extension de leur extinction entre 1h et 6h sur les grandes villes. Ils entendent également réduire la vitesse à 100 km/h sur autoroute et à 80km/h sur les départementales et nationales. « A 110 sur l’autoroute, c’est 16 % d’émissions de gaz à effet de serre », assure Daniel Salmon, sénateur d’Ille-et-Vilaine, conscient toutefois de la difficile acceptation sociale d’une telle mesure.

» Lire aussi : Gaz russe, relance du nucléaire, EDF… Revivez l’audition d’Agnès Pannier-Runacher

Pour les « prisonniers de la mobilité thermique », les écologistes prévoient aussi un forfait mobilité durable obligatoire et de la mise en place d’une TVA à 5,5 % sur les transports publics. Cette dernière mesure a fait l’objet d’un amendement à l’Assemblée dans le projet de loi sur le pouvoir d’achat du gouvernement, mais a été rejetée. Le groupe au Sénat entend bien réitérer la tentative avec un nouvel amendement lors de l’examen du projet de loi.

Une sobriété pour tous

Pas question non plus que seuls les plus modestes ont à faire des efforts, les sénateurs écologistes veulent interdire les vols de jets privés « en cas de seuil de pollution dépassé et de pénurie de carburant ». « Même idée pour les navires de croisières ultra-polluants », ajoute Guy Benarroche, sénateur des Bouches-du-Rhône alors que le maire de Marseille vient de lancer une pétition pour réglementer l’arrivée de ces navires dans le port de sa ville.

Côté agriculture, la sobriété va devoir se faire notamment sur la ressource en eau, expliquent les sénateurs écologistes. Ils réclament un moratoire sur les méga bassines et des investissements pour développer des systèmes économes en eau.

» Lire aussi : 90 départements placés en état d’alerte sécheresse : « L’eau devient une denrée de luxe »

Pour le président du groupe, Guillaume Gontard, ces mesures sont essentielles et auraient un impact direct pour réduire la facture individuelle et collective. « Force est de constater que l’Etat n’est pas en ordre de marche sur la transition énergétique. »

Partager cet article

Dans la même thématique

Sobriété énergétique : les sénateurs écologistes proposent des mesures « structurantes »
4min

Politique

Budget : « Nous avons tout à fait matière à trouver le compromis », estime la ministre de l’Action et des Comptes publics

Adopté sans surprise par les sénateurs, le projet de loi de finances éveille malgré tout des crispations au sein de la Chambre haute, le chiffre du déficit avoisinant désormais les 5,3% du PIB, loin de la volonté de la majorité sénatoriale de le contenir à 4,7%. La pression s’accroit et se déporte désormais sur la commission mixte paritaire qui se tiendra les 19 et 20 décembre.

Le

Sobriété énergétique : les sénateurs écologistes proposent des mesures « structurantes »
2min

Politique

Déficit à 5,3 % : « Ce n’est pas la conséquence du vote du Sénat », assure Mathieu Darnaud

Le Sénat a adopté, sans surprise, le projet de loi de finances pour 2026 avec187 voix pour et 109 contre. Une trentaine de sénateurs LR et du groupe centriste se sont abstenus. Le vote est toutefois moins large que prévu, peut-être en raison du chiffrage du gouvernement d’un déficit public pour 2026 porté à 5,3 %, contre 4,7 % espéré dans la copie initiale. Le président du groupe LR du Sénat, Mathieu Darnaud rejette toute responsabilité et renvoie la balle aux députés.

Le

Sobriété énergétique : les sénateurs écologistes proposent des mesures « structurantes »
2min

Politique

Budget : pour le centriste Hervé Marseille, la commission mixte paritaire « ne sera pas facile »

Après son adoption au Sénat avec 187 voix pour, et 109 contre, le projet de loi de finances va pouvoir poursuivre son parcours législatif en commission mixte paritaire vendredi. Pendant deux jours, sept députés et sept sénateurs tenteront de parvenir à un texte de compromis, pour faire atterrir le budget avant le 31 décembre. La tâche s’annonce complexe, même pour les plus optimistes.

Le