Social: Macron se donne un an pour refonder “l’État providence”

Social: Macron se donne un an pour refonder “l’État providence”

Pauvreté, retraite, dépendance: en menant de front trois réformes d'envergure, Emmanuel Macron entend faire de l'année 2019 le...
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Par Gabriel BOUROVITCH, Jessica LOPEZ

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Pauvreté, retraite, dépendance: en menant de front trois réformes d'envergure, Emmanuel Macron entend faire de l'année 2019 le tournant social de son quinquennat, basé sur sa philosophie "d'émancipation" des individus.

La "priorité de l'année qui vient" sera de "construire l'État providence du XXIe siècle", a déclaré le chef de l'État lundi devant le Congrès réuni à Versailles, souhaitant un système "émancipateur, universel, efficace" et "responsabilisant".

Quatre piliers qu'il a déclinés en fonction des chantiers qu'il entend aborder d'ici fin 2019.

Le premier, très attendu, est celui de la pauvreté. L'annonce d'un grand plan, dont la concertation avait été lancée en grande pompe en octobre, a été reportée à septembre, suscitant la déception des associations et des critiques sur les priorités du "président des riches".

La "stratégie de lutte contre la pauvreté", qui sera "mise en œuvre en 2019", "ne se contentera pas de proposer une politique de redistribution classique", a promis M. Macron lundi. Elle ne comprendra "pas de nouvelles aides en solde de tout compte, mais un accompagnement réel vers l'activité, le travail, la santé, le logement, l'éducation", a-t-il poursuivi, sans dévoiler aucune mesure.

Cela engagera "toutes les forces vives de la société, au premier chef celles et ceux qui vivent dans la pauvreté" pour leur permettre d'en "sortir une bonne fois pour toutes".

M. Macron veut mettre fin au cercle vicieux des "inégalités croissantes" et défendre un "modèle français" qui "exige que ce ne soit pas la naissance, la chance ou les réseaux qui commandent, mais les talents, l'effort, le mérite".

"Le pilier premier de la politique sociale à laquelle je crois est une politique d'émancipation de chacun, qui libère et s'affranchit des statuts", a-t-il expliqué.

"Si c'est pour l'émancipation, d'accord, si c'est pour la responsabilisation individuelle, ça nous correspond moins", a réagi auprès de l'AFP Frédéric Sève, secrétaire national de la CFDT.

"Le risque, c'est qu'on dise: +ils n'ont pas pris leur part, ils ne sont pas responsables donc on les laisse tomber+", a pointé François Soulage, président du collectif d'associations Alerte.

- "Pas un droit" -

La même philosophie sera "mise en œuvre dans la réforme de l'assurance chômage comme dans celle des minima sociaux", a précisé le chef de l'État, appelant à une "transformation" du "système de solidarité pour le rendre plus universel et plus responsabilisant".

Un objectif qui s'appliquera aussi à la réforme des retraites prévue pour le premier semestre 2019. Elle vise à "remplacer la quarantaine de systèmes existants" par un "système juste, unique, transparent" pour "protéger mieux ceux dont les carrières sont hachées, instables, atypiques", en premier lieu, "bien souvent, les carrières des femmes", a détaillé le président.

"Rien ne changera pour les retraités d'aujourd'hui", a-t-il affirmé. "Voilà qui sonne comme un aveu pour ceux de demain", a tweeté le député LFI Adrien Quatennens.

Cette réforme est nécessaire car les jeunes "ne croient plus au système de retraite" et "ne pensent pas que ce système permettra de financer la leur", a estimé M. Macron, rappelant son attachement à "un système par redistribution, c'est-à-dire reposant sur la solidarité entre générations".

"La retraite n'est pas un droit pour lequel on a cotisé toute sa vie (mais) ce que les actifs paient pour les retraités", a-t-il asséné.

L'exécutif devrait également s'appuyer sur ces préceptes pour mener à bien la réforme de la dépendance, annoncée en mai, et qui doit faire l'objet d'une loi fin 2019.

"Nous avons vu émerger un nouveau risque social auquel nous serons toutes et tous confrontés. Nous ne pouvons plus longtemps l'ignorer, faire semblant", a dit M. Macron.

Pour ces deux chantiers, le gouvernement a lancé des concertations tous azimuts, impliquant syndicats, associations et citoyens qui lui donnent du temps avant l'heure des arbitrages.

"Au prétexte de liberté et d'émancipation, est instauré le règne de l'individualisation et de la responsabilisation, avec pour seule protection, un filet minimal de sécurité censé lutter contre +les inégalités de destins+", a regretté Force ouvrière dans un communiqué.

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