Solère mis en examen pour détournement de fonds publics et trafic d’influence

Solère mis en examen pour détournement de fonds publics et trafic d’influence

Ses activités de conseil dans le privé sont considérées comme suspectes par les juges: le député LREM Thierry Solère, visé par...
Public Sénat

Par Céline AGNIEL et Anne LEC'HVIEN

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Ses activités de conseil dans le privé sont considérées comme suspectes par les juges: le député LREM Thierry Solère, visé par une instruction à Nanterre, a été mis en examen vendredi pour fraude fiscale, détournement de fonds publics et trafic d'influence passif.

Le député des Hauts-de-Seine, qui a toujours nié les faits, s'est expliqué pendant cinq jours auprès de trois juges d'instruction du pôle économique et financier de Nanterre, chargé depuis quelques mois des investigations le concernant.

A l'issue de cet interrogatoire, ils ont décidé de le mettre en examen pour sept chefs d'infractions, dont fraude fiscale, détournement de fonds publics et trafic d'influence passif concernant quatre sociétés, pour des faits qui se seraient déroulés entre 2003 et 2017, a indiqué vendredi soir le parquet de Nanterre.

"Nous contestons formellement l'intégralité des motifs de ces accusations", ont réagi auprès de l'AFP le député et ses avocats, Pierre-Olivier Sur, Mathias Chichportich et Jean-Pierre Gastaud. "Cette affaire est délirante et maintenant que nous avons enfin accès au dossier, nous en ferons la démonstration".

La justice s'intéresse à ce proche du Premier ministre Edouard Philippe depuis 2016, après une plainte de Bercy pour fraude fiscale qui avait entraîné l'ouverture d'une enquête préliminaire confiée à l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF).

L'affaire avait ensuite pris une autre ampleur: elle avait été élargie à une série d'autres infractions, notamment au trafic d'influence. L'élu s'était vu retirer son immunité parlementaire et il avait été placé en garde à vue en juillet 2018 - une mesure finalement levée pour raisons médicales.

En février 2019, les investigations ont été confiées à des juges d'instruction. Six autres personnes sont aussi concernées depuis l'ouverture de cette information judiciaire.

- Conseil dans le privé -

Dans cette affaire, l'élu est soupçonné de fraude fiscale, notamment pour ses activités de conseil dans le privé, qu'il pratiquait en parrallèle de ses mandats. Il est aussi soupçonné d'avoir usé de sa position d'élu pour favoriser certaines sociétés pour lesquelles il travaillait, afin qu'elles obtiennent des contrats publics.

L'embauche de l'épouse d'un ex-dirigeant d'une de ces sociétés en tant qu'assistante parlementaire intéresse en outre les enquêteurs.

C'est ce dossier qui a valu à l'ancien ministre Jean-Jacques Urvoas d'être condamné, fin septembre, à un mois de prison avec sursis et 5.000 euros d'amende. L'ancien garde des Sceaux a en effet été reconnu coupable de "violation du secret professionnel", pour avoir transmis à M. Solère, en 2017, des éléments sur l'enquête.

Durant le procès de M. Urvoas, Thierry Solère, entendu comme témoin, a réaffirmé qu'il n'aurait "jamais" été visé par une enquête fiscale "s'il n'avait pas été l'organisateur de la primaire de la droite et du centre". Il avait après la plainte de Bercy dénoncé la présence d'un "cabinet noir à l'Elysée".

M. Solère, âgé de 48 ans, s'est en effet fait connaître du grand public en organisant la primaire des Républicains pour la présidentielle 2017. Il avait ensuite été porte-parole de François Fillon, avant de quitter avec fracas la campagne au moment de la révélation de l'affaire concernant le candidat.

Après sa réélection à l'Assemblée en 2017, il avait créé aux côtés de Franck Riester le groupe des "Constructifs" avant de rejoindre LREM quelques mois plus tard.

Depuis le début, le député conteste haut et fort avoir commis une quelconque infraction. En janvier, il a déposé une plainte pour "faux" visant indirectement la procureure de Nanterre et sa supérieure hiérarchique de l'époque: il estimait en effet que la magistrate avait basé sa demande de levée d'immunité parlementaire sur des informations qu'elle savait erronées. Cette plainte a été classée sans suite en mars.

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