Farmers block the toll of the A43 motorway in Saint-Quentin Fallavier towards Lyon and Grenoble, as part of national demonstrations organized by agricultural federations, January 30, 2024,//ALLILIMOURAD_ALLILI1700/Credit:MOURAD ALLILI/SIPA/2401301330
Sondage : 91% des Français soutiennent le mouvement des agriculteurs
Selon un sondage Odoxa – Backbone Consulting pour le Figaro, les personnes interrogées soutiennent très largement la mobilisation des agriculteurs. Pire encore, le soutien au mouvement n’a jamais été aussi haut avec 91% des Français (en hausse de 2 points) déclarant approuver le mouvement lancé il y a près de 3 mois.
Un soutien qui ne s’essouffle pas, bien au contraire. A seulement 3 jours du début du Salon de l’Agriculture, les Français expriment un soutien quasi-unanime aux agriculteurs mobilisés. Plus étonnant sans doute, alors qu’à l’image des manifestations lors de la réforme des retraites, le soutien aux mouvements sociaux tend à diminuer avec le temps, l’effet inverse est constaté dans le sondage. Une aubaine pour les agriculteurs alors que le Premier Ministre Gabriel Attal a annoncé ce matin en conférence de presse une batterie de nouvelles mesures.
Un soutien transpartisan
Sur le plan politique, le soutien est unanime aussi bien à gauche par les sympathisants LFI (93%), PS (90%) et écologistes (93%) qu’à droite pour ceux de LR (85%) et du RN (95%). Quoiqu’en léger retrait, le mouvement social est toujours largement plébiscité par les sympathisants de Renaissance (75%).
Par ailleurs, les Français estiment en grande majorité (68%) les mesures du gouvernement insuffisantes pour répondre à la crise. Plus précisément, ils ne sont que seulement 7% à juger les mesures « tout à fait » suffisantes alors que ¼ des Français estiment au contraire qu’elles ne répondent « pas du tout » aux revendications. Sans surprise, ce sont les sympathisants Renaissance (68%) qui se montrent les plus favorables à l’action gouvernementale sur le sujet, devant ceux de LFI (42%) et de LR (35%). En revanche, seulement 17% des sondés se déclarant proches du RN considèrent les mesures suffisantes.
Les Français prêts à faire passer les normes environnementales au second plan
L’institut constate également que les Français sont dans leur majorité favorables (60%) à l’allègement des contraintes environnementales et sanitaires pesant sur les agriculteurs, une des revendications principales de ces derniers. Le Premier ministre avait en effet annoncé le 26 janvier dernier la « mise sur pause » du plan Ecophyto visant à réduire l’usage des pesticides, ce qui avait suscité l’ire des principaux responsables et associations écologistes.
Là encore, sans surprise, le clivage gauche/droite est bien présent vis-à-vis de cette stratégie. 52% des sympathisants de la gauche sont favorables au maintien des contraintes environnementales et sanitaires (Ecologistes : 67%, LFI : 52%, PS : 46%) alors que 75% de ceux de la droite jugent qu’elles doivent être allégées (LR : 68%, RN : 77%). En revanche, il est intéressant d’observer que les sympathisants de Renaissance sont beaucoup plus divisés sur le sujet, 50% souhaitant maintenir les contraintes environnementales et sanitaires lorsque 47% demandent à les alléger.
Une responsabilité écrasante de la grande distribution (92%) et de l’Union Européenne (90%) dans la crise
Les Français portent également un regard très critique sur les différents acteurs qu’ils soient publics ou privés au regard de leurs responsabilités vis-à-vis de la crise. Déjà fortement impactée par les mobilisations à travers plusieurs actions coups de poing, la grande distribution (92%) fait figure de grand coupable, devant l’Union Européenne (90%). Cette défiance des Français vis-à-vis de l’organisation est tout sauf surprenante puisque dans le même temps, près de 8 Français sur 10 (78%) jugent négative pour les agriculteurs, la politique de l’UE en la matière.
Signe de la défiance des Français vis-à-vis de leurs institutions comme des syndicats, la responsabilité de l’exécutif dans la crise n’est pas épargné par les sondés (85%) tout comme celle de la FNSEA (80%).
Plus étonnant, le regard des habitants de l’Hexagone vis-à-vis de leurs propres comportements d’achats. Ils sont ainsi 77% à juger que les consommateurs ont une part importante dans la colère des agriculteurs.
Les Français très sévères envers leurs partis politiques
Enfin, s’il ne fallait qu’une preuve supplémentaire de la défiance des Français vis-à-vis de leurs représentants politiques, les doutes ont totalement été levés puisqu’aucune formation n’est identifiée comme défendant bien les intérêts des agriculteurs ainsi qu’en mesure de capter leur colère et leurs revendications. A ce petit jeu, le RN (35%) tire son épingle du jeu, 7 points devant le PS (28%), mais surtout très loin devant la majorité présidentielle (22%), bon dernier.
Source : Étude réalisée par Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro. Enquête réalisée auprès d’un échantillon de 1004 Français âgés de 18 ans ou plus interrogés par internet selon la méthode des quotas les 20 et 21 février 2024.
Au moment où vont s’engager les discussions avec le premier ministre, Marine Tondelier, patronne des Ecologistes, marque sa différence avec le PS, se prononçant déjà pour le départ de Sébastien Lecornu. « On a notre stratégie et le PS a la sienne », assume le sénateur écolo Thomas Dossus. Elle veut « être au centre de la gauche », entre LFI et le PS, mais « il ne faut pas faire de grand écart qui fasse mal aux adducteurs », met-on en garde au PS…
Pour illustrer « la rupture » promise lors de son entrée en fonction, Sébastien Lecornu a indiqué vouloir supprimer les derniers avantages « à vie » qui sont encore accordés aux anciens membres du gouvernement. Un amendement en ce sens avait été adopté en janvier dernier lors de l’examen du budget 2025. Il allait plus loin et visait aussi les avantages des anciens présidents de la République. François Bayrou n’y était pas favorable et la mesure n’avait pas survécu à la navette parlementaire.
Après avoir reçu les différents partis politiques du socle commun la semaine dernière, Sébastien Lecornu s’est entretenu ce lundi avec Sophie Binet. La secrétaire générale de la CGT lui a présenté ses exigences.
Sébastien Lecornu a annoncé sa volonté de mettre un terme aux derniers privilèges accordés à vie aux anciens Premiers ministres, dans le cadre d’un effort global de réduction de la dépense publique. Une mesure qui concernerait actuellement 17 anciens locataires de Matignon, alors que ces avantages restent relativement limités.