Un grand écart entre le Président de la République et son Premier ministre. L’impopularité d’Emmanuel Macron atteint un nouveau sommet, avec 76 % des Français qui estiment désormais qu’il n’est pas un bon chef d’Etat. Seulement 24 % pensent qu’il est « bon », tandis que Michel Barnier recueille 42 % d’opinions positives, soit un différentiel de 20 points entre les deux hommes, selon le dernier pointage du baromètre politique d’Odoxa, réalisé par Mascaret pour Public Sénat et la presse régionale*.
« Cela n’était jamais arrivé pour aucun des ‘PM’ sous Emmanuel Macron, ni même dans la période récente malgré la grande impopularité de Hollande par rapport à Valls ou Cazeneuve et celle de Sarkozy par rapport à Fillon », relève Odoxa.
Michel Barnier, qui ne recueillait que 37 % de bonnes opinions en octobre, seulement un mois après sa nomination à Matignon, remonte la pente (+ 5 points) et affiche désormais un niveau de popularité comparable à celui de son prédécesseur, Gabriel Attal, au moment de son départ (42 %). Par ailleurs, la cote d’adhésion du Premier ministre et celle du président de la République marquent un écart de 15 points (à 37 % pour Michel Barnier contre seulement 22 % pour Emmanuel Macron).
Dans le détail, 16 % des sondés déclarent soutenir le Premier ministre (contre 9 % pour Emmanuel Macron), 21 % indiquent éprouver de la sympathie pour lui (13 % pour Emmanuel Macron) et 32 % disent ressentir de l’indifférence à son égard (23 % pour Emmanuel Macron). Le niveau de rejet de l’ancien commissaire européen est à 29 % contre 54 % pour le locataire de l’Elysée.
Un Premier ministre « compétent », « solide » et « ouvert au dialogue »
« À part les sympathisants Renaissance, déjà convaincus (82 %) plus grand monde en France ne porte un jugement positif sur l’action du Président. Il fait l’unanimité contre lui, réunissant 66 % de jugements négatifs auprès des LR, plus de 80 % auprès de ceux de gauche et 92 % auprès de ceux du RN ! », note l’institut de sondage.
Depuis la dissolution de juin, la popularité d’Emmanuel Macron n’a cessé de se dégrader, et ce malgré le fait qu’il se soit plutôt tenu en retrait ces dernières semaines. « Pour les Français, Emmanuel Macron a fragilisé le pays sur le front politique et économique, mais aussi sur le front social », analyse Gaël Sliman, président et cofondateur d’Odoxa.
Par voie de conséquence, son chef de gouvernement apparaît « comme l’héritier d’une situation qu’il n’a pas provoquée », quand bien même il tente de faire passer l’un des budgets les plus sévères de la Cinquième République. « Tout se passe comme si, aux yeux des Français, ce Président ‘des riches’, ‘arrogant’ avait conduit le pays au bord du précipice et, qu’à présent, un Premier ministre sérieux essayait de réparer les dégâts. Barnier donne en effet aux Français le sentiment qu’il travaille, qu’il agit de façon sérieuse et compétente sans faire de ‘vagues’ », décrypte Odoxa.
Michel Barnier est jugé « compétent » par 54 % des personnes interrogées dans cette enquête, 53 % l’estiment « solide » et 52 % « ouvert au dialogue ». En outre, 46 % des Français pensent que Michel Barnier « sera capable de tenir tête à Emmanuel Macron » contre 35 et 37 % pour ses deux prédécesseurs, Élisabeth Borne et Gabriel Attal, deux mois après leur nomination.
La clémence du RN
Phénomène notable : les qualités du Premier ministre sont davantage reconnues du côté du camp présidentiel qu’au sein de sa propre famille politique. Ainsi, 76 % des partisans de Renaissance saluent un bon chef de gouvernement, quand ils sont 68 % chez Les Républicains.
Par ailleurs, l’assise politique dont il bénéficie s’explique aussi par une forme de magnanimité chez les sympathisants du Rassemblement national. Ils sont 36 % à porter un jugement positif sur Michel Barnier, contre 8 % pour Emmanuel Macron.
* Méthodologie
L’enquête a été réalisée les 20 et 21 novembre 2024, sur Internet, auprès d’un échantillon de 1 005 Français, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, niveau de diplôme et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération.
Chaque sondage présente une incertitude statistique que l’on appelle marge d’erreur. La marge d’erreur dépend de la taille de l’échantillon ainsi que du pourcentage observé. Par exemple, dans un échantillon de 1 000 personnes, si le pourcentage observé est de 20 % ou de 80 %, la marge d’erreur est égale à 2,5 points : le pourcentage réel est donc compris dans un intervalle entre 17,5 % et 22,5 %.