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Sondage européennes 2024 : Bardella creuse l’écart, Hayer dévisse, Glucksmann en embuscade

La tête de liste de la majorité présidentielle s’enfonce dans les intentions de vote pour le scrutin du 9 juin prochain, très largement devancée par le candidat RN Jordan Bardella qui continue d’engranger des points. Surtout, elle est désormais talonnée par Raphaël Glucksmann, le candidat PS-Place publique, qui poursuit sa remontada.
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À un peu plus d’un mois du scrutin des élections européennes, rien ne semble devoir enrayer la progression de la liste Rassemblement national, conduite par Jordan Bardella. Très largement en tête des intentions de vote, le président du RN caracole à 32 % (+2 points) dans le dernier relevé du baromètre politique d’Odoxa, réalisé par Mascaret* pour Public Sénat et la presse quotidienne régionale, publié ce mardi 30 avril.

Jordan Bardella distance désormais de 16,5 points la liste de la majorité présidentielle, emmenée par Valérie Hayer. Avec 15,5 % d’intention de vote, l’eurodéputée Renaissance est en train de dévisser puisqu’elle perd jusqu’à 3,5 points par rapport au baromètre de février. En embuscade : la liste Parti socialiste-Place Publique de Raphaël Glucksmann, qui confirme la dynamique enclenchée depuis plusieurs semaines avec 12 % d’intention de vote, soit un point de plus en un mois.

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L’effondrement de la majorité présidentielle

En tenant compte de la marge d’erreur, (autour de 2,5 points), l’hypothèse d’un croisement des courbes entre la liste Renaissance-Modem-Horizons-UDI et la liste PS-Place Publique devient de plus en plus crédible. « Ces résultats sont le signe que l’allocution du président de vendredi dernier a été, inutile voire contreproductive pour soutenir ‘sa’ tête de liste », pointe Odoxa. Jeudi 25 avril, Emmanuel Macron a délivré depuis le grand amphithéâtre de la Sorbonne un discours fleuve sur sa vision de l’Union européenne. Cette prise de parole a été largement pointée du doigt par les oppositions, pour qui le chef de l’Etat a voulu voler au secours de sa majorité, en perdition dans les enquêtes d’opinion.

Ce manque d’adhésion s’exprime également à travers la faible popularité de Valérie Hayer qui suscite 35 % de rejet pour seulement 13 % d’adhésion. 50 % des Français interrogés évoquent de l’indifférence à son égard. Elle arrive à la 19e place sur 24 dans le classement Odoxa des personnalités politiques suscitant le plus de soutien ou de sympathie. « On peut le dire, la tête de liste de la majorité a totalement raté son entrée en campagne et court un grand danger en juin prochain de se faire rattraper par Glucksmann en plus de se faire écraser par Bardella », observe Gaël Sliman, le président d’Odoxa.

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La double dynamique Bardella – Glucksmann

Inversement, « Bardella et Glucksmann sont en feu », selon la formule du sondeur. Pour la première fois, Jordan Bardella passe devant Marine Le Pen d’une très courte tête en termes de popularité : 36 % d’adhésion (+ 3 points), contre 35 % pour la cheffe de file des députés RN. Il arrive ainsi en seconde position de ce classement, juste derrière l’ancien Premier ministre Edouard Philippe (39 %, soit 4 points de moins en un mois).

Si Raphaël Glucksmann n’est qu’à la 9e place du palmarès, il engrange néanmoins 8 points de plus par rapport au précédent classement, réalisé fin mars. Surtout, l’essayiste devient la personnalité favorite des sympathisants de gauche et d’extrême gauche, à 45 % d’adhésion (+14 points), devant Jean-Luc Mélenchon (43 %, -8 points) et Fabien Roussel (42 %, +9 points).

« Cette poussée des deux candidats aux européennes n’est pas un hasard. D’ailleurs, ils sont tous les deux – de loin – les plus populaires (ou les moins impopulaires) des sept principales têtes de listes que nous testons dans notre baromètre politique », souligne Gaël Sliman.

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Mobiliser autour du conflit israélo-palestinien, une stratégie payante pour LFI ?

À la quatrième place dans les intentions de vote pour le scrutin du 9 juin, la liste Les Républicains conduite par François-Xavier Bellamy qui stagne sous la barre des 10 %, avec 8 % des intentions de vote (-0,5 %). Au coude à coude : la liste des écologistes emmenée par Marie Toussaint – à 7 %, soit presque moitié moins que le score enregistré par les verts en 2019 (13,5 %) -, et celle de Manon Aubry pour La France insoumise, également à 7 %.

L’eurodéputée, qui a choisi d’axer sa campagne sur le conflit israélo-palestinien, pourrait bientôt en ressentir les effets. Le cabinet Mascaret, qui a réalisé cette enquête d’opinion, pointe un phénomène sur les réseaux sociaux que ne captent pas encore les sondages : « La montée du soutien à la cause palestinienne en relais avec les mouvements de jeunesse, notamment à Sciences Po ». La militante franco-palestinienne Rima Hassan, deuxième sur la liste LFI, enregistre ainsi plus de 800 000 mentions et 2,5 millions d’engagements, des scores qui ont doublé depuis le mois dernier.

« Ainsi Rima Hassan, en première ligne sur le sujet, est en train de devenir une véritable égérie de la jeunesse sur les réseaux sociaux », note Mascaret. Sur ce terrain, « alors qu’elle n’est que 2e sur la liste des Insoumis, elle devance nettement la tête de liste Manon Aubry comme de nombreux hommes politiques installés depuis des années ».

En queue de peloton des principaux partis politiques pour ces élections européennes : Reconquête, dont la liste conduite par Marion Maréchal perd 1,5 point à 5,5 %, et le Parti communiste : Léon Deffontaines est à 2,5 %, un score identique à celui réalisé en 2019 par le PCF.

*Méthodologie

L’enquête a été réalisée les 25 et 26 avril 2024, sur Internet, auprès d’un échantillon de 1 005 Français, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, niveau de diplôme et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération.

Chaque sondage présente une incertitude statistique que l’on appelle marge d’erreur. La marge d’erreur dépend de la taille de l’échantillon ainsi que du pourcentage observé, elle varie entre plus ou moins 2,0 et 4,3 points. Par exemple, dans un échantillon de 1 000 personnes, si le pourcentage observé est de 20 % ou de 80 %, la marge d’erreur est égale à 2,5 points : le pourcentage réel est donc compris entre 17,5 % et 22,5 %.

Les intentions de vote qui figurent dans ce rapport sont établies auprès des personnes inscrites sur les listes électorales (916 personnes) étant certaines d’aller voter et ayant exprimé une intention de vote, soit 498 individus.

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