Devenu en juillet la personnalité politique préférée des Français, Jordan Bardella confirme son statut de figure dominante de la scène politique. Le baromètre Odoxa et Mascaret pour Public Sénat et la presse régionale réalisé les 19 et 20 novembre 2025 le place une nouvelle fois en tête du palmarès de l’adhésion, avec 39 % d’opinions favorables, soit trois points de plus qu’en octobre. Il devance nettement Marine Le Pen, restée stable à 35 %, et apparaît déjà comme son successeur naturel dans la course à l’Élysée, surtout si la condamnation à une peine d’inéligibilité de cette dernière est confirmée en appel en janvier.
Sa progression est encore plus spectaculaire parmi les sympathisants du Rassemblement national, où il atteint 97 % d’adhésion, un niveau quasi inédit. Cette dynamique interne lui permet de dominer confortablement Gabriel Attal et Édouard Philippe, qu’il surclasse de plusieurs points et relègue à distance dans les préférences politiques nationales.
Du suppléant au premier rôle
À un an et demi de la présidentielle, la question du candidat officiel du RN reste ouverte, mais l’opinion publique semble avoir tranché. Si l’élection se tenait dimanche prochain, 44 % des personnes interrogées estimeraient que Jordan Bardella serait le meilleur candidat pour représenter le parti, loin devant Marine Le Pen, jugée plus crédible par seulement 37 %. « Jordan Bardella est aujourd’hui la personnalité politique préférée des Français et remporterait la présidentielle si elle avait lieu dimanche prochain, quel que soit l’adversaire qui lui serait opposé », analyse Gaël Sliman, président de Odoxa.
Dans les intentions de vote du premier tour, le président du RN domine largement, crédité de 35 % des suffrages potentiels, soit 3,5 points de plus qu’au printemps. Édouard Philippe, longtemps considéré comme le principal rival, tombe à 17 %, un résultat qui marque un net recul de son influence nationale.
En duel, Bardella l’emporte quel que soit son adversaire
La nouveauté de ce baromètre réside dans les projections de second tour, où Jordan Bardella l’emporterait désormais face à tous les candidats testés. Face à Édouard Philippe (Horizons), il recueillerait 53 % des voix. Face à Raphaël Glucksmann (Place publique), son avance s’étendrait à 58 %. Il devancerait également Gabriel Attal (Renaissance), avec 56 %. Quant à un duel contre Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), il tournerait même à la victoire écrasante, Bardella atteignant 74 % d’intentions de vote. Une telle configuration marque une rupture nette, en avril dernier encore, Édouard Philippe aurait battu Bardella au second tour, avec 54 % contre 46 %.
Gaël Sliman met toutefois ces résultats en perspective, rappelant qu’« une intention de vote à un an et demi d’une échéance présidentielle n’a aucune valeur prédictive ». Elle ne reflète que la situation actuelle, comme si le scrutin se tenait immédiatement. Rien ne garantit, selon lui, que la clémence de l’opinion envers Jordan Bardella perdurera, ni qu’un faux pas médiatique ne viendra bouleverser l’équilibre du moment sachant que la marge d’erreur statistique est plus ou moins de deux points. Mais une chose semble sûre, si le RN remportait la présidentielle, il n’y aurait plus de « coup de tonnerre » ou d’effet de surprise. « Ce désir du RN est un signal fort et nouveau sur l’état de notre opinion publique » conclut-il.
La gauche reste modeste, mais Glucksmann s’impose
Si la gauche reste globalement en retrait dans les niveaux d’adhésion et très éparpillée, une exception se détache nettement. Raphaël Glucksmann, qui bondit à 24 % (+ 4), devient la figure la plus populaire auprès des sympathisants de gauche, où il atteint 50 % d’adhésion, devant François Hollande et Fabien Roussel (48 % chacun). Le leader de la France insoumise domine toujours le palmarès du rejet. Malgré une baisse de 5 points, Jean-Luc Mélenchon reste la personnalité la plus rejetée du pays, à un niveau particulièrement élevé, 66 %.