Politique
Les sénateurs refusent la proposition du gouvernement de décaler la majoration des allocations allocations familiales à partir de l'âge de dix-huit ans. L’économie devait servir à financer le congé supplémentaire de naissance.
Le
Par Samia Dechir
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C’est un chiffre qui résume à lui seul le désamour des Français pour leur classe politique. 82 % d’entre eux ont une mauvaise opinion des partis, d’après un sondage Odoxa-Backbone pour Le Figaro. « On atteint des niveaux colossaux » reconnaît Emile Leclerc, directeur d’études chez Odoxa.
Mais le sondeur n’y voit pas un phénomène nouveau. « On pourrait remonter dans le temps sur les quarante dernières années, les Français ont été systématiquement déçus après chaque élection ». Un phénomène historique, aggravé par la crise politique que traverse la France depuis la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin dernier. « Les psychodrames actuels ne redorent pas l’image des partis » abonde Emile Leclerc.
Si l’on creuse, le tableau est encore plus sombre. Plus de huit Français sur 10 considèrent que les partis politiques ne sont pas « crédibles » ni « honnêtes », et près de sept Français sur dix ne les jugent même pas « utiles ». Des chiffres qui ont « sidéré », Christine Lavarde.
Mais au fond, la sénatrice partage un peu le même constat que les sondés. Elle-même a quitté les LR en décembre 2022 après l’élection d’Eric Ciotti à la tête du parti, et ne le regrette pas. « Regardez ce qu’il s’est passé récemment au sein des LR. Un chef qui a pris une décision et qui s’est mis en porte-à-faux avec tous les autres dirigeants. Les gens qui regardent ça de l’extérieur se disent que c’est une mascarade. Il y a un grand décalage entre les problèmes des Français et ce dont s’occupent les partis politiques. C’est pour ça que je ne suis plus dans un aucun parti. En même temps, c’est impossible de faire fonctionner une démocratie sans les partis. Comment faire ? C’est une vraie question » concède l’élue des Hauts-de-Seine.
La classe politique française mérite-t-elle sa mauvaise réputation ? Pour le sénateur Jerôme Durain, c’est à la fois « compréhensible et injuste. Beaucoup de militants et d’élus sont des gens investis. On célèbre l’engagement associatif et bénévole, celui des élus aussi devrait être reconnu ». Mais le socialiste admet que les partis devraient aussi se réinventer, trouver des formes de mobilisation plus modernes que les traditionnels meetings et sections locales de militants.
Ce que les sondés reprochent aux partis politiques, c’est aussi leur incapacité à s’entendre en période de crise. 61 % d’entre eux disent ne pas comprendre l’impossibilité de former une coalition. « Le dépassement des partis, c’est l’ADN du macronisme » rappelle François Patriat. « Depuis les élections, on appelle les partis de l’arc républicain, du PS aux LR, à faire une coalition. On ne peut pas nous reprocher à nous de ne pas savoir s’entendre » s’insurge le patron du groupe macroniste au Sénat.
Tous les partis ne sont pas pour autant logés à la même enseigne. Avec 40% d’opinions positives, les écologistes progressent de 4 points et se hissent en tête du classement, loin devant les insoumis qui chutent à 21%. Pourtant, avec 9,8% des voix aux européennes du 9 juin, LFI a fait presque deux fois mieux que les 5,5% d’EELV. « Ce sont deux choses différentes » explique le sondeur Emile Leclerc. « Ça signifie que les écologistes ont une meilleure image parce qu’ils sont plus consensuels. Mais LFI a un socle électoral plus large ».
Deux autres partis tirent leur épingle du jeu : le Rassemblement National et les socialistes. Avec 37% d’opinions positives, le PS est le parti qui connaît la plus forte progression en termes d’image. Les Républicains, en revanche, reculent légèrement, mais surtout, Renaissance perd 5 points. Seuls 30% des sondés ont une bonne opinion du parti présidentiel. « Après sept ans au pouvoir, 30% ce n’est pas si mal » veut croire François Patriat. « Les Français aiment la politique mais ils n’aiment pas les politiques, c’est comme ça » se console le fidèle du chef de l’Etat.
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