Celui qui foulait les pavés de la cour de Matignon pour la première fois pas le 10 septembre, pourrait rencontrer quelques difficultés à convaincre l’opinion publique. Cinquième Premier ministre depuis 2022, Sébastien Lecornu semble essuyer le scepticisme, si ce n’est les inquiétudes et la colère des Français, à la nomination d’une nouvelle figure du camp d’Emmanuel Macron à la tête du gouvernement.
Des débuts laborieux
Il va devoir redoubler d’efforts pour prouver à deux tiers des Français qu’il est capable de sortir le pays de la crise politique. Seuls 34 % des sondés indiquent lui faire confiance selon une enquête Toluna-Harris Interactive pour LCI, essentiellement des sympathisants de Renaissance (91 %) et des Républicains (69 %). Sans surprise, La France Insoumise (16 %) et le Rassemblement national (19 %) sont les plus dubitatifs.
Un niveau de confiance en deçà de celui recensé pour François Bayrou à son entrée à Matignon fin 2024 (40 %), le plus faible même enregistré suite à la nomination d’un nouveau chef de gouvernement depuis le début du premier mandat du président de la République. Un classement qui place en tête Jean Castex et Gabriel Attal, en qui croyaient 56 % des électeurs à leur arrivée, respectivement en juillet 2020 et janvier 2024.
Sébastien Lecornu face au Parlement
Le nouveau Premier ministre réussira-t-il à former un gouvernement capable de recueillir l’aval de l’Assemblée nationale ? Ici aussi, les répondants n’hésitent pas à exprimer leurs doutes. Pour 27 % d’entre eux seulement, l’ex-ministre des Armées parviendra à réaliser cet exploit, là où 36 % avaient foi en François Bayrou et 42 % en Michel Barnier, qui ont tous deux échoué. Et il n’y a que chez les proches de Renaissance que le seuil de confiance dépasse les 40 % (38 % pour les Républicains, 27 % pour le PS, 12 % pour LFI…).
Sur le budget, 64 % des Français ne pensent pas Sébastien Lecornu apte à présenter un projet qui réduira la dette et les déficits nationaux, ce chiffre grimpe à 66 % quand il est question d’un budget qui doit être accepté par le Parlement. Renaissance (11 % et 19 %) et les Républicains (31 % et 49 %) se montrent les moins pessimistes.
Le Rassemblement national au gouvernement ?
A la majorité, les sondés expriment leur volonté de voir des ministres issus de la société civile (58 %) et du Rassemblement national (52 %) rejoindre l’équipe du Premier ministre, devant des élus des Républicains (45 %), d’Horizons (40 %) et du Parti socialiste (39 %). La France Insoumise termine en bas de la liste avec 18 %.
Une confiance envers les élus du RN qui se retrouve chez la moitié des Français qui accordent du crédit au parti de Marine Le Pen pour formuler de bonnes propositions sur le budget et d’obtenir des ententes. Un quart d’entre eux penchent pour les Républicains, Horizons ou le Parti socialiste. Le camp présidentiel ne semble convaincre qu’un tiers. La gauche aussi peine à mobiliser, si les Ecologistes réunissent 30 % des sondés, le Parti Communiste et LFI ne recueillent que 23 % et 15 % des votes.
Méthodologie : Enquête réalisée par Toluna-Harris Interactive en ligne le 10 septembre 2025. Échantillon de 949 personnes, représentatif des Français âgés de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).