Nouvelle crise chez les Républicains, où la numéro 2 du parti, Virginie Calmels, a été limogée par Laurent Wauquiez pour ses critiques répétées. « Il faudra débriefer cet épisode » affirme à publicsenat.fr la sénatrice Sophie Primas, secrétaire générale adjointe des Républicains. « Cette crise est révélatrice d’un rythme de croisière qu’on n’a pas trouvé » estime la sénatrice des Yvelines, qui demande à Laurent Wauquiez de mieux intégrer « l’ensemble des composantes ». Sophie Primas estime qu’« il faut travailler à un positionnement ouvert, très différent du FN ». Entretien.
Le limogeage de Virginie Calmels par Laurent Wauquiez affaiblit-il encore Les Républicains ?
C’est une crise dont on n’avait pas besoin. Je pense qu’elle est révélatrice d’un rythme de croisière qu’on n’a pas trouvé. Pour l’instant, le rassemblement est difficile à faire. Mais de la part de Virginie Calmels, ce ne sont pas des façons de faire. Je ne suis pas au courant des multiples discussions qu’ils ont eues. Mais si elle ne se sentait pas bien, il fallait plutôt qu’elle parte. Cela donne une fois de plus un coup de canif dans la reconstruction. Est-ce que cette reconstruction prend assez en compte tous les courants ? Probablement que non. Il y a des enseignements à tirer de cette crise.
Est-ce l’expression d’un malaise au sein des Républicains ?
C’est l’expression d’une volonté de rassemblement qui n’est pas encore allée à son bout. De cette crise, Laurent Wauquiez doit réfléchir à la façon dont il intègre l’ensemble des composantes. Je trouve que le travail en commun n’est pas assez important. Il faudra débriefer cet épisode.
Au sein du parti, y a-t-il de grosses divergences sur la ligne incarnée par Laurent Wauquiez, notamment sur l’Europe ?
Sur l’Europe, à ma connaissance, on n’a pas encore arrêté de ligne. Globalement, la ligne politique est assez partagée, en réalité. On a des diagnostics qui ne sont pas très éloignés. Mais on peut avoir des divergences dans l’expression de cette ligne politique. Mais le clash est venu du tract. Virginie Calmels aurait voulu une autre expression. Cela peut être partagé par plusieurs d’entre nous. On est un certain nombre à ne pas avoir été à l’aise avec les termes et le ton employés.
Comment avez-vous trouvé ce tract ?
Joker (rire). Si j’ai des choses à dire, je les dirai à Laurent Wauquiez. Mais il ne faut pas apporter de confusion à la ligne et dans la manière de l’exprimer. Il ne faut pas laisser de place à l’ambiguïté dans le rapprochement avec le FN. Le tract était fort dans les mots. C’est la question de l’expression de la ligne.
Je suis très contente que Jean Leonetti fasse son apparition. C’est un homme d’équilibre et qui aime le dialogue. J’ai été extrêmement choqué par le tweet de Richard Ferrand (qui a écrit : « Bien connu pour ses travaux et réflexions sur la fin de vie, nul doute que Jean Leonetti pourra éclairer la direction du parti de Laurent Wauquiez sur son avenir », ndlr). Pour faire un bon mot, il utilise un sujet vraiment très sensible. Et Jean Leonetti est quelqu’un de respectable.
Cette nouvelle crise est-elle un effet de plus du bouleversement engendré il y a un an par l’élection d’Emmanuel Macron ?
Tout n’est pas résolu. C’est normal, la blessure de l’an dernier est très profonde. On ne cicatrise pas d’un coup. Il faut travailler. Je dis aux militants que nous avons un devoir de droite, de reconstruction de cette droite républicaine, qui aura vocation à regouverner un jour. Il faut travailler à un positionnement ouvert, très différent du FN, avec notre part de gaullisme et de libéralisme. Il faut incarner une alternance. C’est difficile, car le traumatisme a été grand, que c’est la fin d’un certain nombre de grandes figures de la droite. Il faut tout reconstruire et ça va demander du temps.