La candidate FN à la présidentielle Marine Le Pen a assuré lundi qu'une sortie de la zone euro ne se traduirait pas par une "catastrophe" économique pour la France, dénonçant une "stratégie de la peur" de la part de ses opposants.
"On nous dit tout et n'importe quoi en réalité sur le retour à la monnaie nationale (...) Il faut sortir de cette stratégie de la peur", a déclaré la candidate frontiste lors d'une rencontre organisée par la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME).
"Une monnaie bouge en permanence et dire que ça aura des conséquences sur l'épargne des Français, c'est un mensonge éhonté", a-t-elle déclaré, indiquant que l'euro avait "baissé de 25% en deux ans" sans que l'épargne ne baisse "de 25%".
"Il y a des scénarios de sortie qui ont déjà été envisagés de manière très sérieuse par des banques, par des cabinets d'avocats, par des superviseurs eux-mêmes, et qui ne démontrent absolument pas la catastrophe annoncée", a-t-elle souligné.
La sortie de l'euro promise par Marine Le Pen en cas de victoire à la présidentielle suscite depuis plusieurs semaines des craintes des milieux financiers et économiques, en raison notamment des possibles répercussions sur les taux d'intérêts payés par la France.
Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a ainsi récemment estimé que le financement de la dette publique française, sans l'euro, coûterait plus de 30 milliards d'euros d'intérêts supplémentaires par an.
Une analyse contestée par Marine Le Pen, qui a dit vouloir une sortie de l'euro dans "les meilleures conditions possibles", pour ne pas "casser la vaisselle".
"Aujourd'hui, le moyen pour que le retour à une monnaie nationale se fasse dans les meilleurs conditions possibles, c'est de le faire en concertation avec les pays européens qui en souffrent", a-t-elle estimé.
"Moi je suis convaincue que lorsque j'engagerai les négociations, si je suis élue, j'aurai avec moi, autour de moi, l'Italie, l'Espagne, la Grèce", a-t-elle ajouté, invitant à "constater le divorce à l'amiable" en se mettant "autour d'une table".
Interrogée sur ses propositions en matière de droits de douanes, la candidate FN, qui souhaite mettre en oeuvre une contribution sociale sur les importations de 3%, a écarté tout risque de mesures de rétorsion de la part des partenaires commerciaux de la France.
"Ça ne fonctionne pas comme cela", a déclaré Mme Le Pen. "En réalité, c'est nous qui mettrons en place des mesures de rétorsion, parce qu'il y a énormément de pays dans le monde qui font du protectionnisme, et nous nous sommes les seuls à ne pas le faire", a-t-elle ajouté.
La candidate du Front national a par ailleurs assuré vouloir un "protectionnisme intelligent" et non "un protectionnisme bourrin", "qui consiste à mettre sur l'ensemble des produits qui entrent une taxe de 30%, quel que soit le pays qui importe, quel que soit le produit".
La hausse des droits de douanes doit être ciblée sur "des secteurs stratégiques" ou "victimes d'une concurrence ultra-déloyale". "Il y a donc toute une série de pays qui ne verront pas de droits de douanes être mis en oeuvre entre eux et nous", a-t-elle détaillé.