Suivre l’évolution de la pandémie et préparer la suite. Ce sont ces objectifs que poursuit l’Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et techniques (Opecst), qui s’est réuni le vendredi 27 mars. Cet organe chargé de mieux informer le Parlement dans ce domaine, regroupe à parts égales des députés et des sénateurs : il est présidé par le sénateur LR Gérard Longuet, secondé par le vice-président Cédric Villani (député LREM). Il laissera à d’autres commissions ou missions le soin de contrôler la gestion de la crise. L’Opecst s’intéressera, pour sa part, à « la dimension sanitaire de la crise et sur la prise en compte de la recherche, de la science et des technologies pour contribuer à sa résolution ».
Il se « félicite » d'ailleurs que la décision publique en France soit « éclairée » par la science et par les chercheurs. Les deux notes publiées (point de situation épidémique et état de la recherche concernant les vaccins, traitements et stratégies de dépistages) s’appuient sur le discours de six scientifiques référents en matière d’épidémiologie ou d’infectiologie, et sur une abondante littérature scientifique internationale sur le coronavirus SARS-CoV-2.
Le rapport indique que la durée de l’épidémie n'est pas connue
D’autres notes sont d’ores et déjà annoncées, sur le recours aux technologies de traitement de l’information pour combattre l’épidémie, et sur les stratégies de sortie du confinement. Sur ce dernier point, la note de l’Opecst considère que plusieurs éléments « incitent à la prudence et à la prolongation du confinement », alors que la France entame ce 31 mars sa deuxième quinzaine de confinement. En effet, aucun consensus scientifique n’existe sur la durée de l’épidémie : « 1 à 3 mois pour certains, jusqu’à 6 ou 8 mois pour d’autres ». En l’absence de vaccin, « elle ne s’éteindra pas » et sera toujours présente à l’hiver prochain, insiste la note. Puisque le virus est très contagieux, « rien n’indique que les changements de mode de vie saisonniers soient suffisamment favorables à une diminution de la propagation de la maladie pour qu’elle s’éteigne », ajoute-t-elle.
D’où l’importance de campagnes de dépistage massif, telle que l’a recommandé l’Organisation mondiale de la Santé. S’agissant des kits de prélèvement (avec écouvillon et emballage de protection) qui se mettent en place, notamment aux Etats-Unis, la note affirme que cette solution ne réduit pas la durée nécessaire pour obtenir un résultat. En revanche, elle a l’avantage de décharger le travail des établissements de soins et de réduire les risques de contamination.
Le rapport rappelle que le test de dépistage par prélèvement nasal est « entaché d’un taux de faux négatifs très élevé », compris entre 28 et 37%, contrairement au prélèvement de fluide de lavage bronchoalvéolaire (7%). La note précise néanmoins que les types de prélèvement varient suivant la sévérité de l’infection ou du stade de la maladie.
Les tests dits PCR sont jugés « très performants » dans les phases précoces de l’infection, mais l’efficacité de la technique dépend de nombreux paramètres, détaillés avec soin dans la note. Les grands taux d’erreur sont qualifiés d’ « inconvénient majeur », qui « doit être considéré avec une grande attention dans la perspective d’un développement du dépistage en population générale pour la sortie du confinement ».
Une campagne de dépistage aléatoire pour mieux comprendre la diffusion du virus dans la population, et le taux de personnes immunisées
La fin de la note aborde l’enjeu du dépistage sérologique (recherche d’anticorps dans le sang), qui sera crucial dans l’étape de déconfinement du pays. Les auteurs insistent sur l’importance de tester les personnes susceptibles d’être exposées, notamment les soignants. S’appuyant sur une publication du Swiss Medical Weekly, la note parlementaire explique que des taux élevés d’anticorps « signifient probablement » que ces personnes ne risquent plus de propager la maladie et qu’elles peuvent, par conséquent, être réaffectées « dans des zones à haut risque ».
La note recommande aussi de surveiller des personnes dont l’infection a été « documentée » afin d’établir le délai entre l’infection et l’apparition des anticorps, mais aussi les caractéristiques de la réponse immunologique humaine. Une façon de disposer de données de grande envergure.
Alors que le pic épidémiologique n’est pas encore atteint en France, le document publié par l’Opecst conclut sur des perspectives à moyen terme. La sérologie permettra d’évaluer combien de Français ont été exposés au virus dans le but de « mieux prédire l’impact d’une deuxième vague épidémique ». Les tests en question pourraient être réalisés sur les dons de sang prélevés par l’Établissement français du sang, en tenant compte des « biais statistique » de la population des donneurs, précise la note.