En déplacement au Salon de l’élevage à Cournon d’Auvergne (Puy-de-Dôme), Michel Barnier a annoncé une aide de 75 millions d’euros pour les éleveurs de brebis victimes de la fièvre catarrhale ovine et des prêts garantis par l’Etat pour les exploitations en difficulté. Des mesures bienvenues pour les agriculteurs qui ne calment pas pour autant leur colère.
Sorties scolaires : le Sénat prêt à interdire le port du voile
Par Public Sénat
Publié le
« Je vais demander, au nom de nos principes laïcs, à l’accompagnatrice de bien vouloir retirer son voile islamique ». Depuis vendredi soir, la vidéo virale postée par l’élu RN du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, Julien Odoul, a relancé le débat sur le port de signes religieux pour les accompagnants scolaire.
Le président du groupe RN au conseil régional, somme l’accompagnatrice de retirer son voile « au nom de toutes les femmes qui luttent dans le monde pour s’extirper de la dictature islamique » justifie-t-il sous les applaudissements de son groupe et sous les cris de « facho » de l’autre partie de la salle. L’image de l’enfant en pleurs de dans les bras de sa mère a suscité beaucoup d’émoi sur les réseaux sociaux.
« Nous avons besoin d’un texte clair sur la neutralité religieuse »
Le sujet extrêmement clivant du port d’un signe religieux distinctif pour les accompagnatrices, (généralement les mères des élèves portant le hijab) lors des sorties scolaires, n’est pas nouveau et sera d’ailleurs, une nouvelle fois, au cœur des débats au Sénat, le 29 octobre prochain. Date de l’examen d’une proposition de loi de la sénatrice LR, Jacqueline Eustache-Brinio sur « la neutralité religieuse des personnes concourant au service public de l’éducation ».
« Les évènements de ce week-end nous montrent une fois de plus que nous avons besoin d’un texte clair sur la neutralité religieuse lors les sorties qui font partie du temps scolaire » souligne la sénatrice contactée par publicsenat.fr. Jacqueline Eustache-Brinio ne justifie pas pour autant « le buzz » de l’élu RN au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté. « Il se réfère à un texte de loi qui n’existe pas (voir l'état du droit ici). Il fait de la provocation et les communautaristes en profitent pour se victimiser. Et comme d’habitude ces deux camps se retrouvent. C’est insupportable. Les enfants de ce pays n’ont pas besoin qu’on fasse le buzz sur leur dos. Ils ont besoin d’apaisement ».
Un amendement déjà adopté en juin dernier
Ce n’est pas la première fois que la sénatrice LR du Val-d’Oise se penche sur l’interdiction du port de signes religieux ostentatoires pour les accompagnants de sorties scolaires. En mai dernier, lors de l’examen du projet de loi sur l’école de la confiance, Jacqueline Eustache-Brinio avait déjà fait passer un amendement afin de compléter le code de l’éducation qui affirme déjà que « dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit », en y ajoutant les « sorties scolaires ». « « Cet amendement vise à combler un vide juridique concernant l’application du principe de laïcité lors des sorties scolaires » avait-elle expliqué. (voir la vidéo).
Un amendement jugé « contre-productif » par Jean-Michel Blanquer
L’amendement, soutenu par la majorité sénatoriale de droite avait été adopté malgré l’avis défavorable du gouvernement. « Il contreviendrait à un avis récent du Conseil d’État et poserait tout un tas de problèmes pratiques, qui iraient à l’encontre du développement des sorties scolaires ». « Il pourrait y avoir quelque chose de contre-productif en ayant une mesure législative en la matière. Mais je respecte ceux qui pensent le contraire » avait fait valoir le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer. (voir la vidéo). L'amendement avait finalement été supprimé dans la version finale du texte.
Dimanche, Jean-Michel Blanquer a résumé sa pensée sur BFM TV : « La loi n'interdit pas aux femmes voilées d'accompagner les enfants mais nous ne souhaitons pas encourager le phénomène » a-t-il souligné. « Il apporte de l’eau à mon moulin en disant cela » rétorque Jacqueline Eustache-Brinio.
« On cible tout le temps l’accompagnatrice voilée et jamais l’accompagnateur en kippa »
« Je travaille sur cette proposition de loi et je ne la trouve pas tout à fait bien ficelée » juge pour sa part, la sénatrice RDSE, Françoise Laborde, ancien membre de l’Observatoire de la laïcité. La sénatrice de Haute-Garonne, qui avait voté l’amendement en juin dernier, veut « sortir de ce débat où on cible tout le temps l’accompagnatrice voilée et jamais l’accompagnateur en kippa ou encore le parent d’élève avec un T-shirt vive la PMA ou vive la Manif pour Tous ». « Je proposerai des amendements à cette proposition de loi afin d’aider les enfants, les parents et les enseignants. Je vais essayer de faire de la pédagogie même si ce ne sera pas facile » promet-elle.
« On a franchi les limites du débat républicain »
« C’est un débat miné » pour le sénateur PS de Saône-et-Loire, Jérôme Durain. « En quoi une nouvelle évolution législative serait-elle utile si ce n’est pour entraîner davantage de discrimination d’une partie de la population française qui pratique l’islam modéré ? ». Élu de la région Bourgogne-Franche-Comté, Jérôme Durain a été particulièrement marqué par l’incident de ce week-end. « C’est une incitation à la haine, de l’islamophobie. On a franchi les limites du débat républicain » se désole-t-il.
La proposition de loi sera examinée en commission de la culture le 23 octobre avant son examen en séance le 29 octobre.