La maire LR d'Aix-en-Provence Maryse Joissains-Masini, soupçonnée d'avoir promu indûment son chauffeur et fourni des emplois de complaisance à des proches, comparaît lundi devant le tribunal correctionnel de Montpellier pour détournement de fonds publics et prise illégale d'intérêts.
Mise en examen en 2014, l'élue de 75 ans, maire d'Aix-en-Provence depuis 2001, présidente de la Communauté du Pays d'Aix et députée de 2002 à 2012, se voit reprocher l'embauche d'une collaboratrice chargée de la maltraitance animale, la promotion éclair de son chauffeur et deux emplois pour les enfants de ce dernier.
"J'ai la conviction d'avoir respecté la loi", avait alors rétorqué Maryse Joissains-Masini, affirmant "avoir une conception très rigoureuse des deniers publics".
Alerté en 2012 par une lettre anonyme, le parquet d'Aix-en-Provence avait alors ouvert une enquête et a ensuite demandé que Mme Joissains-Masini ne soit pas jugée dans sa ville.
Au terme de leurs investigations, les enquêteurs ont mis en exergue "un somptueux mélange d'autocratie, de népotisme et de désinvolture dans l'engagement des deniers publics" tant à la mairie qu'à la communauté du pays d'Aix.
Mme Joissains-Masini avait exigé la promotion d'Omar Achouri, son chauffeur et conseiller, alors qu'il figurait à la 50e place sur une liste dressée par ordre de mérite. La maire avait justifié cette décision par "le nombre d'heures de travail fournies et ce qu'il a subi lors de la précédente municipalité" socialiste.
L'élue aura également à s'expliquer sur l'embauche à son cabinet de la Communauté du Pays d'Aix d'une militante de la cause animale, Sylvie Roche, soeur d'un de ses proches. Selon l'enquête, les missions de cette collaboratrice, qui bénéficiait aussi d'une voiture de fonction, recoupaient celles déjà remplies par un service municipal et n'entraient pas dans les compétences communautaires.
Pour les enquêteurs, sa rémunération constitue un possible détournement de fonds publics: "Etaient mobilisés des fonds publics pour rémunérer une collaboratrice recrutée discrétionnairement, sans détermination préalable de l'existence d'un besoin (...) en dehors de tout cadre réglementaire et en ne contrôlant jamais son activité".
Sylvie Roche et Omar Achouri, placés sous le statut de témoin assisté, ont bénéficié d'un non-lieu. En revanche, le fils du chauffeur, Christophe Achouri comparaît pour concussion pour avoir bénéficié d'emplois de complaisance aux sein de structures sportives où selon l'enquête, il aurait brillé par son absence.
"Je n'ai aucun état d'âme, j'ai géré la ville et la CPA pendant treize ans avec trois milliards d'euros de budget, et j'ai géré avec la plus grande rigueur", s'était défendue Mme Joissains disant être "l'objet d'une dénonciation de gens qui m'en veulent".