Des auditions étaient en cours mardi à Lyon dans le cadre de l'enquête préliminaire ouverte par le parquet national financier pour détournement de fonds publics au bénéfice de l'ex-compagne du maire de la ville, Gérard Collomb, a appris l'AFP de sources concordantes.
Des collaborateurs et des proches de M. Collomb étaient entendus sur la réalité d'un emploi municipal occupé par cette femme, Meriem Nouri.
Ce sont au moins une dizaine de personnes qui devaient être entendues jusqu'à jeudi par les enquêteurs, précise-t-on localement. Sollicité par l'AFP, le cabinet de M. Collomb n'avait pas réagi dans l'immédiat.
De source proche de la métropole, on indique que David Kimelfeld, président de la collectivité et rival de M. Collomb en vue des prochaines élections métropolitaines, a également été entendu.
Des perquisitions avaient déjà eu lieu en juin à la mairie et au domicile de M. Collomb, réélu sans interruption depuis 2001.
Le parquet de Lyon s'est saisi du dossier en février après avoir été alerté par les magistrats de la Chambre des comptes sur la situation de cet agent. Averti au même moment, Gérard Collomb a de son côté commandé une enquête administrative.
Dans son dernier rapport sur la gestion de la Ville de Lyon, la Chambre régionale des Comptes (CRC) Auvergne-Rhône-Alpes a émis des doutes sur la réalité de l'emploi de cet agent pendant une dizaine d'années. Le préjudice pour la collectivité serait de 390.000 euros.
Selon la CRC, l'activité "alléguée" de Mme Nouri entre 2010 et 2015 "n'a fait l'objet d'aucune traduction administrative", et, de juillet 2015 à avril 2018, celle-ci n'a été affectée "à aucun emploi de la ville correspondant à son grade et à ses fonctions effectives". La CRC en conclut ne pas disposer "d'éléments matériels" attestant du travail de cet agent sur l'ensemble de la période.
La mairie s'est défendue via une enquête interne signée par un ancien président de la cour administrative d'appel de Lyon, qui écarte d'emblée tout lien entre l'embauche de Mme Nouri et sa relation avec M. Collomb, antérieure à l'élection de celui-ci à la mairie.
Son enquête souligne que, si le dossier administratif de l'intéressée contient "peu d'actes administratifs", cette situation ne lui est pas "propre".
Ce rapport dément tout emploi fictif ou régime de faveur, évoquant seulement une "inertie administrative regrettable" de juillet 2015 à novembre 2017. Période durant laquelle Mme Nouri "n'apparaît affectée dans aucun des services" de la ville mais aurait poursuivi une activité "brouillonne, parfois irritante pour les services".
Interpellé sur la question en conseil municipal la semaine dernière, Gérard Collomb s'est interrogé: "Finalement, de quoi parlons-nous? D'une période de flou (...) de deux ans" alors que Mme Nouri a été titularisée à la mairie en 2004.
"On verra ce qu'ont été ses activités, mais après avoir interrogé un certain nombre de personnes", l'enquête administrative conclut que "l'agent en question faisait preuve de beaucoup d'activité - certes quelquefois désordonnée - auprès d'un certain nombre de services", a-t-il assuré.