Ce n’est pas la première fois que le sénateur de l’Isère, président du groupe « pratiques sportives » à la Haute assemblée interpelle le gouvernement sur les bienfaits des activités physiques et sportives, mises à mal depuis presque un an par les confinements et couvre-feux successifs.
Un courrier de 72 sénateurs pour une dérogation pour le sport après 18 heures
Cette semaine, dans un courrier cosigné par 72 sénateurs, Michel Savin s’adresse à Jean Castex et lui demande « qu’une dérogation au couvre-feu après 18 heures soit autorisée pour la pratique d’une activité physique individuelle de plein air et sans regroupement dans les plus brefs délais et pour tous les Français ».
« La situation est incompréhensible alors que durant les précédents confinements et couvre-feux, il a toujours été possible pour les Français de pratiquer une activité physique de plein air » rappellent-ils.
En novembre déjà, 68 sénateurs parmi lesquels Michel Savin, avaient demandé au gouvernement la levée de la limitation de déplacement à un kilomètre du domicile dans le cadre de la pratique d’une activité physique, et la reprise des sports de plein air. « La sédentarité renforce toutes les causes de mortalité, double le risque de maladies cardiovasculaires, de diabète, d’obésité et augmente les risques de cancer du côlon, d’hypertension artérielle, d’ostéoporose, de troubles lipidiques, de dépression et d’anxiété. » avaient-ils fait valoir.
« Je dénonce ces décisions qui vont à l’encontre de la santé publique »
Jeudi, dans un autre courrier, cette fois-ci adressé à Roxana Maracineanu, la ministre des Sports, le sénateur LR, s’indigne que des dérogations au couvre-feu ne soient pas accordées aux personnes bénéficiant d’une prescription médicale pour l’activité physique et sportive. « Le gouvernement défend la pratique du sport santé, mais encore une fois, les paroles ne se transforment pas en actes […] Je dénonce ces décisions qui vont à l’encontre de la santé publique de nos concitoyens. Je ne peux d’ailleurs pas imaginer qu’une telle décision serait prise pour des soins médicamenteux qui sont parfois moins efficaces que l’activité physique adaptée ».
Contacté par parublicsenat.fr, le sénateur indique avoir été contacté par des médecins il y a quelques jours. « Avec le couvre-feu à 18 heures, ils m’ont dit que certains de leurs patients n’ont plus la possibilité de pratiquer une activité physique adaptée. Ils n’ont plus accès aux structures privées ou associatives qui permettent ces activités, ou ils ne peuvent pas tout simplement sortir de chez eux après le travail » explique-t-il. Les activités physiques adaptées (APA) sont dispensées par des professionnels spécifiquement formés. Dans des associations ou clubs sportifs, ces professionnels de l’APA exercent sous prescription médicale.
Le confinement a fait baisser les capacités cognitives des enfants en primaire de 40 %
Le Sénat interpelle d’autant plus fortement le gouvernement que mercredi à l’occasion d’une table ronde sur les impacts du confinement sur la santé, les experts auditionnés ont livré un constat sans appel. « Conséquence du premier confinement : prise de poids majeur, 6 kg 33 % seulement des patients qui ont pris 6 kg ont repris leur poids depuis […] Dans notre équipe, 60 % des malades chroniques ne sont plus jamais revenus faire des activités physiques depuis qu’ils ont arrêté » a expliqué le professeur François Carré, spécialiste en cardiologie et maladies vasculaires, de l’Inserm.
Les dangers de la sédentarité touchent également les jeunes. Devant les sénateurs de la commission de la culture et des affaires sociales, le professeur François Carré a cité une étude menée par Martine Duclos, cheffe du service de médecine du sport au CHU de Clermont-Ferrand, selon laquelle le confinement aurait fait « baisser les capacités cognitives des enfants en primaire de 40 % » a-t-il rapporté avant de rappeler : « l’activité physique prévient toujours la survenue d’une maladie chronique, limite l’évolution et les complications et parfois même la guérit. A une condition : c’est qu’on poursuive l’activité physique jusqu’à sa mort. C’est comme un médicament, quand on l’arrête, l’effet bénéfique disparaît rapidement ».
Si un nouveau confinement devait survenir dans les prochaines semaines, il va sans dire que le Sénat sera attentif à la possibilité de dérogation pour pratiquer une activité physique.