Stade de France : « Gérald Darmanin est la honte du gouvernement », taclent les supporters anglais
Devant les sénateurs, plusieurs représentants de supporters sont venus témoigner du calvaire qu’ils ont vécu lors de la finale de la Ligue des Champions. Pointés du doigt par Gérald Darmanin pour justifier la gestion chaotique du maintien de l’ordre, les supporters anglais lui ont répondu.

Stade de France : « Gérald Darmanin est la honte du gouvernement », taclent les supporters anglais

Devant les sénateurs, plusieurs représentants de supporters sont venus témoigner du calvaire qu’ils ont vécu lors de la finale de la Ligue des Champions. Pointés du doigt par Gérald Darmanin pour justifier la gestion chaotique du maintien de l’ordre, les supporters anglais lui ont répondu.
Simon Barbarit

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« Ce sont des témoignages accablants, qui décrivent une situation apocalyptique ». L’ancien ministre des Sports et actuel patron des sénateurs socialistes, Patrick Kanner est encore soufflé par ce qu’il vient d’entendre. Les sénateurs de la commission des lois et de la culture terminent leurs travaux sur les incidents survenus lors de la finale de la ligue des champions, par une série d’auditions dont celle des représentants des supporters anglais et espagnols.

« M. Kanner a beaucoup influencé pour votre audition », souligne le président de la commission des lois, François-Noël Buffet (LR) qui avait mis dès le début les choses au clair. « Les supporters anglais n’ont pas été à l’origine de ces incidents. Ils ont fait preuve d’une grande maîtrise dans un contexte chaotique. »

Les jours suivant la finale, le ministre de l’Intérieur n’avait pourtant eu de cesse de pointer la responsabilité des supporters anglais dans les dysfonctionnements du dispositif de maintien de l’ordre. « Il n’y a singulièrement que dans le football et avec certains clubs anglais qu’il y a ces événements », s’était-il justifié.

« Les supporters handicapés ont été traités comme des animaux »

Les témoignages des supporters révèlent pourtant une réalité tout autre. « J’ai commencé à recevoir des messages m’expliquant que des supporters en situation de handicap étaient victimes de gaz lacrymogène. Certains craignaient pour leur vie », explique notamment Ted Morris, président de l’association des supporters handicapés de Liverpool FC.

Ted Morris poursuit en livrant un autre témoignage « d’un garçon de 14 ans, souffrant du syndrome de Williams, victime de gaz lacrymogène, pendant qu’il faisait la queue ».

Des témoignages comme ça, le président d’association en narre bien d’autres. Son association a reçu 9000 témoignages de « traitements choquants ». « Les supporters handicapés ont été traités comme des animaux. Les autorités étaient responsables de notre sûreté et de notre sécurité. Nous avons été traités avec du mépris ». Il conclut par des mots encore plus forts. « Gérald Darmanin est la honte du gouvernement. Il a menti. Et ça a ajouté à notre douleur et à notre traumatisme. Je lui demande de retirer ses accusations sans fondement. S’il a la décence de le faire, j’espère qu’il aura la décence de démissionner ».

Lire notre article. Gazage au Stade de France : « En termes d’ordre public, on doit explorer des nouvelles pistes », consent le préfet Cadot

Tour à tour, les sénateurs vont présenter leurs excuses au nom de la France.

Le ministre de l’Intérieur avait aussi dénoncé une « fraude massive » sur la billetterie. « 30 000 à 40 000 supporters anglais se sont retrouvés au Stade de France, soit sans billet soit avec des billets falsifiés », avait-il assuré.

Auditionné par les sénateurs, le préfet de police, Didier Lallement était toutefois revenu sur ce chiffre. « On n’a jamais compté 30.000 à 40.000 personnes devant les portes du stade, on les subodorait sur la périphérie de nos barrages, c’est-à-dire sur les arrivées […] Peut-être me suis-je trompé dans le chiffre que j’ai donné au ministre. Jamais, je n’ai prétendu que ce chiffre était à quelques milliers parfaitement juste, mais il me paraît totalement refléter ce qu’était la situation » s’était-il défendu.

« Les chiffres ne tiennent pas debout. S’il y avait 40 000 personnes sans billet, plus 20 000 supporters avec des des billets, plus 15000 supporters qui ont acheté leur billet sur le site de l’UEFA. Ça veut dire qu’il y avait 75 000 fans de Liverpool au Stade en plus des supporters du Real. Plus de 100 000 personnes, c’est complément absurde », a expliqué Joe Blott, président de l’association Spirit of Shankly (Liverpool).

Gérald Darmanin avait également mis en avant la demande des supporters de Liverpool d’éditer 22 000 billets qui leur étaient réservés en version papier. Une demande qui a, selon lui, accentué les fraudes.

>> Lire notre article. Images de vidéosurveillance effacées : ce qu’ont appris les sénateurs lors de leur visite au Stade de France

« Le Stade de France a toujours eu une utilisation normalisée des billets papiers. Lors de la finale de Coupe de France, c’était papier », Ronan Evain, directeur général de la FSE Football Supporter Europe)

« Nous n’avons eu aucun incident avec les supporters de Liverpool. Leur comportement a été pacifique et correct. Je n’ai pas compris les paroles des autorités françaises en particulier celles du ministre de l’intérieur », complète Emilio Dumas, supporter du Real Madrid.

Des stadiers voleurs

Lors de cette audition, on apprendra même que des stadiers auraient volé des billets aux supporters pour les revendre. « Il y avait des stadiers qui avaient 18, 19 ans qui étaient là pour la première fois et qui ne savait pas gérer un match. Il y a urgence à se poser la question de la formation et de la rémunération des stadiers », insiste Pierre Barthélémy, avocat de supporters.

Ronan Evain, évoque enfin un problème systémique de la France dans l’organisation des évènements sportifs. « Les supporters ont été victimes d’une représentation ancienne. La préfecture de police s’est préparée pour des supporters qui n’existent plus qui sont ceux des années 80 ».

Dans la perspective des prochains événements sportifs organisés en France et à Paris, la Coupe du Monde de Rugby et les Jeux Olympiques, il appelle la France « à apprendre de ses voisins dans une approche policière moderne ».

 

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