Les incidents de la finale de la Ligue des Champions au Stade de France le 28 mai dernier sont hors normes. Un crash. « Quand j’en parle, je prends souvent la métaphore de l’accident d’avion, l’accident d’avion est toujours multifactoriel », a témoigné le maire de Saint-Denis devant le Sénat, mardi 21 juin.
Face aux sénateurs de la commission de la Culture et de la commission des Lois, l’édile dionysien est revenu sur le déroulé de ces incidents. « L’aléa, c’est la grève du RER B avec le basculement mécanique d’un flux complètement inhabituel. L’erreur s’il y en a, je ne sais pas si c’est la faute de la préfecture, est celle de ne pas avoir rerouté le flux piéton et laisser les gens s’engouffrer dans le tunnel du RER », juge le maire de Saint-Denis.
Les faux billets ont créé « l’embouteillage le plus total »
Un élément a aussi été déterminant : « les faux billets ». « « Je n’ai pas les chiffres des faux billets, mais les stadiers me témoignent qu’il y en a plus qu’il n’y en a jamais eu jusqu’alors », a rapporté le maire de Saint-Denis. Les stadiers qu’il évoque lui auraient rapporté « qu’une proportion de 1 billet sur cinq était des faux billets dans ce qu’ils étaient amenés à contrôler ». Un afflux de faux billets « concentré sur un faible nombre de portes ». Plus tôt dans la journée, un représentant l’UEFA relativisé, lui, le nombre de faux billets (lire notre article).
« Vu que le stade de France n’avait jamais subi un assaut de faux billets de cette nature-là, les systèmes d’évacuation des personnes munies de faux billets n’existaient pas, donc on s’est retrouvé avec une pression, l’embouteillage le plus total », explique Mathieu Hanotin.
Le maire de Saint-Denis pointe un problème « de doctrine »
Le maire de Saint-Denis a également déploré le dispositif considérant que le problème de fond était « un problème de doctrine ». Selon l’élu dionysien qui n’est pas connu pour être hostile à toute approche sécuritaire, une partie réside pourtant à cet endroit. « Sur ces grands évènements, on ne peut pas avoir qu’une approche sécuritaire. Si on veut accueillir dans de bonnes conditions, il faut que la sécurité soit au service de l’évènement et pas l’inverse », plaide-t-il.
« On a besoin d’une approche qui soit beaucoup plus à 360 degrés. Le continuum d’animation permet aussi un contrôle social et une mise en sécurité passive de l’espace public », a avancé le maire de Saint-Denis évoquant les fans zones ou les animations qui peuvent permettre de diluer les flux de personnes. « Si on pense l’évènement, il faut penser le « avant, pendant, après ». Plus on arrive à diluer ces flux, plus on arrive à les sécuriser », a encore insisté l’élu.
Mathieu Hanotin a tenu à déclarer « solennellement » que les incidents n’étaient pas le fait exclusif des Dionysiens ou Dionysiennes. « Dans ce phénomène de masse de délinquance ce sont des personnes qui sont venues à Saint-Denis pour commettre des actes de délinquance », a assuré le maire tout évoquant des rumeurs sur la supposée richesse des supporters présents ce soir-là.
Les vidéos de la ville de Saint-Denis transmises aux autorités
Le président de la commission des Lois, François-Noël Buffet, s’est montré intéressé par le dispositif de vidéos surveillance de la ville. Il faut dire que le sénateur LR du Rhône avait été stupéfait d’apprendre que les images de vidéosurveillance du Stade de France avaient été détruites. « Ces vidéos ont été confiées à qui de droit », a indiqué le maire de Saint-Denis. Des vidéos qui pourraient apporter quelques éclairages sur les causes de ces incidents.