Ils avaient stabiloté la date dans leur agenda : 7 janvier, date d’une possible réouverture des remontées mécaniques. C’est l’échéance qui avait été fixée par le gouvernement, après la désillusion des vacances de Noël. Mais les acteurs de la montagne vont sans doute encore devoir patienter. La faute à une situation sanitaire toujours incontrôlée. Invité de LCI ce dimanche 3 janvier, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a douché les espoirs du secteur : « Il est encore trop tôt pour donner une perspective […]. L’objectif est de pouvoir rouvrir pour les vacances de février. A ce stade, je ne peux pas vous dire si cela sera possible ou pas. »
Dans le doute, les élus gardent espoir. « Je suis dubitatif sur une ouverture le 7 janvier. Mais pour le moment, nous n’avons reçu aucune information officielle en ce sens » note le sénateur Cyril Pellevat (LR). Dans les stations de ski, les professionnels sont dans les starting-blocks, et se préparent à une réouverture des remontées mécaniques. « Tout est en ordre de marche. Les stations ont mis en place des protocoles sanitaires. L’absence de communication du côté du gouvernement est interprétée comme un signe positif. Cela signifie que l’exécutif maintient sa promesse d’une réouverture le 7 » veut croire l’élu de Haute-Savoie.
L’exemple européen
Tous ne partagent pas cet optimisme. Samedi, l’Italie a officiellement repoussé la date de réouverture des stations de ski au 18 janvier. Rome a estimé que les conditions n’étaient pas réunies pour une ouverture le 7, comme prévu initialement. De quoi donner des idées au gouvernement français ? « Nous n’avons aucune information de la part des autorités, mais le contexte européen laisse augurer de choses qui ne sont pas rassurantes » confie Loïc Hervé (Union centriste). En clair : le maintien du statut quo. Avec la perspective d’une réouverture pour les vacances de février ?
Le sénateur écologiste de l’Isère, Guillaume Gontard, dit « comprendre parfaitement la fermeture des stations à Noël », compte tenu de la situation sanitaire. Mais il met en garde contre une absence de perspectives. « Combien de temps les professionnels vont encore pouvoir tenir comme ça ? Sur le terrain, on ressent de la lassitude, du découragement et de la colère. L’ambiance est particulièrement inquiétante. Les gens qui ont été empêchés de travailler ne voient pas le bout du tunnel », regrette l’élu de l’Isère. D’autant que les vacances de février débutent dans un mois, et qu’il s’agit d’une période traditionnellement faste pour les professionnels. « Dans les stations, les acteurs préfèrent sacrifier janvier pour sauver le mois de février. Si les remontées mécaniques ne rouvrent pas le 7, il faut profiter des semaines qui viennent afin de diminuer la circulation du virus » plaide la sénatrice Martine Berthet (LR), qui se dit même favorable à un couvre-feu avancé à 18 h dans son département, la Savoie.
Certains élus proposent de s’appuyer sur l’expérience suisse. « Le maire de Chamonix demande une analyse objective de ce qu’il se passe en Suisse, où les stations de ski sont restées ouvertes. Est-ce que cela a vraiment déclenché une hausse des contaminations ? Il faut se pencher sur ces données afin de prendre une décision éclairée » soutient Loïc Hervé (UC). Des données qui ne sont pour l’heure pas disponibles.
Les stations françaises fonctionnent au ralenti
Sans remontées mécaniques ni ski alpin, les stations s’organisent. Pendant les vacances de Noël, elles ont proposé des activités « alternatives » (randonnées à raquettes, ski de fond). Pas suffisant pour faire le plein de touristes. Mais certaines stations ont quand même pu sauver les meubles, avec une fréquentation en baisse de « seulement » 50 %. « Les petites stations tirent leur épingle du jeu » selon Martine Berthet (LR). « Elles ont l’habitude des saisons avec peu de neige, et proposent traditionnellement des activités qui ne sont pas liées au ski alpin. Les grandes stations, qui travaillent avec une clientèle internationale, sont les plus impactées ».
Reste que la situation actuelle ne saurait s’éterniser, sous peine d’assister à une vague de faillites. Les élus s’accordent sur ce point : le gouvernement doit trancher, et proposer un horizon aux acteurs de la montagne. D’autant que les réservations pour les vacances de février ont déjà débuté.