« Il n’y a pas d’affaire de masques cachés » : le PDG de La Poste donne sa version sur le stock polémique
Philippe Wahl, auditionné au Sénat, a réagi au communiqué de presse de la Fédération Sud PTT qui accusait la Poste de « cacher des millions de masques ». Le dirigeant ne « comprend le surgissement spontané de cette polémique ».

« Il n’y a pas d’affaire de masques cachés » : le PDG de La Poste donne sa version sur le stock polémique

Philippe Wahl, auditionné au Sénat, a réagi au communiqué de presse de la Fédération Sud PTT qui accusait la Poste de « cacher des millions de masques ». Le dirigeant ne « comprend le surgissement spontané de cette polémique ».
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Le communiqué de presse émis lundi par la Fédération Sud PTT a été abondement relayé les réseaux sociaux. « Hallucinant, La Poste cache 24 millions de masques », c’est le titre de cette communication qui s’insurge de l’existence de ce stock, sur lequel la direction du groupe fait profil bas, selon Sud PTT. Et pour cause, les représentants des salariés estiment que postiers et guichetiers n’ont toujours pas le matériel suffisant pour se protéger de l’épidémie de coronavirus. « Ils ne sont pas arrivés chez les livreurs et les facteurs », affirment-ils.

Au cours d'une audition au Sénat, ce 8 avril 2020, le président-directeur général du groupe, Philippe Wahl, a été interrogé par la présidente de la commission des Affaires économiques, Sophie Primas (LR). « Peut-être est-ce l’endroit et le moment de nous dire de quoi il retourne exactement. »

Le PDG a réagi en affirmant qu’il s’agissait d’un « stock normal » pour une « entreprise stratégique ». Les « syndicats sont au courant depuis le mois de janvier. Je ne comprends pas le surgissement spontané de cette polémique », s’est étonné le dirigeant, contestant la surprise manifeste de Sud PTT.

« Le haut fonctionnaire de défense les connaît »

« Il n’y a pas d’affaire de masques cachés. Ils n’ont jamais été cachés », selon Philippe Wahl, qui précise que le haut fonctionnaire de défense qui gère le plan de continuité d’activité de La Poste, « opérateur de services essentiels pour la nation » comptant plus de 250 000 salariés, « les connaît ».

Le PDG a précisé que stock stratégique avait été constitué au moment de l’émergence de la grippe H1N1 en 2009-2010. « Nous avons vérifié avec le haut fonctionnaire. Il s’est rendu compte qu’ils n'étaient pas périmés. Nous les avons envoyés en masse dans nos plus de 5 000 lieux. Ils sont partis, il n’y a rien de secret. »

« La Poste a décidé de donner un coup de main à d’autres institutions, sans en faire un 20 heures »

Une partie a été expédiée à d’autres acteurs. Le tract syndical s’étonne que 300 000 masques aient été envoyés au ministère de l’Intérieur, pour équiper les policiers. Un geste salué par Christophe Castaner. « Mais pas aux agents, ni aux hospitaliers », conteste Sud PTT. En responsabilité d’ « entreprise citoyenne », La Poste « a décidé de donner un coup de main à d’autres institutions, sans en faire un 20 heures de TF1 ou de France 2 », a répliqué Philippe Wahl, devant les sénateurs réunis en visioconférence. Le PDG a déclaré qu’un million de ces masques avait été expédié pour les besoins de l’AP-HP (Assistance publique – Hôpitaux de Paris), mais aussi un demi-million pour le compte des conducteurs de la RATP.

Le dirigeant postier a également annoncé que 530 000 masques ont été échangés contre du gel hydroalcoolique au groupe Intermarché, La Poste manquant de cette solution nécessaire pour se laver les mains régulièrement.

« Ils recevaient des bouteilles d’eau et des mouchoirs », rappelle le sénateur Guillaume Gontard

Pendant l’audition, au cours de laquelle il a répété qu’il était fondamental d’assurer la sécurité de ses salariés, mais aussi de renforcer le nombre de bureaux ouverts sur le territoire en période de crise, Philippe Wahl a été questionné sur le recours à ces équipements de protection. Le sénateur écologiste de l’Isère, Guillaume Gontard, qui suit de près ce problème, a rappelé que le matériel avait mis du temps à être acheminé dans les bureaux de son département. « Ils recevaient des bouteilles d’eau et des mouchoirs pour se laver les mains ! Heureusement, la situation s’est améliorée », a-t-il témoigné. Philippe Wahl a précisé qu’il « n’y a pas meilleur lavage que l’eau et le savon », en ajoutant que le masque semblait « s’imposer de plus en plus » dans « toute la société française ».

Le dirigeant du groupe La Poste a expliqué le principe « posé il y a trois semaines » : « Nous dotons les postiers et les postières de masques, de gel, et au fur et à mesure, nous avons mis en place des écrans de plexiglas. Si nous n’avons pas les équipements de protection, la tournée du facteur ne part pas et le bureau de Poste n’est pas ouvert. » « Ceci, pour protéger à la fois nos postiers et nos clients », a-t-il insisté. « Nous avons été capables de garantir la sécurité et la santé de nos postiers, partout sur le territoire », a-t-il ajouté, lorsqu’il a abordé la livraison des colis.

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