Stratégie de défense : « Est-ce qu’on aura les moyens de nos ambitions ? » demande le sénateur LR Cédric Perrin
Après la présentation par Emmanuel Macron des grandes lignes de la revue nationale stratégique, le sénateur LR Cédric Perrin espère que « le Parlement aura véritablement un rôle à jouer dans la préparation de la loi de programmation militaire ». La France n’a pas « une armée à la hauteur » car « les moyens ne sont pas là », pointe la socialiste Hélène Conway Mouret.

Stratégie de défense : « Est-ce qu’on aura les moyens de nos ambitions ? » demande le sénateur LR Cédric Perrin

Après la présentation par Emmanuel Macron des grandes lignes de la revue nationale stratégique, le sénateur LR Cédric Perrin espère que « le Parlement aura véritablement un rôle à jouer dans la préparation de la loi de programmation militaire ». La France n’a pas « une armée à la hauteur » car « les moyens ne sont pas là », pointe la socialiste Hélène Conway Mouret.
François Vignal

Par François Vignal (avec AFP)

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C’est à Toulon qu’Emmanuel Macron a présenté la nouvelle revue nationale stratégique en matière de défense, ce mercredi. Il a assuré que l’ambition de la France était d’être « une puissance au cœur de l’autonomie stratégique européenne, avec un fort ancrage atlantique mais aux avant-postes et au pivot du monde ». Emmanuel Macron a souligné que la dissuasion nucléaire française « contribuait » à la « sécurité » de l’Europe.

« Penser la promotion » de l’action de la France

Le chef de l’Etat a aussi insisté sur l’importance de la question de « l’influence », qui va être érigée au rang de « fonction stratégique » dans la défense de la France. « Nous ne serons pas des spectateurs patients », assistant à la propagation de fausses informations ou de narratifs hostiles à la France, et « convaincre fait partie clairement des exigences stratégiques », a déclaré le président français, annonçant que ce combat sera doté de « moyens substantiels ». « Il nous revient ainsi de penser la promotion » de l’action de la France, « sans orgueil, mais sans inhibition malvenue », a-t-il ajouté en présentant les priorités stratégiques de la France. La France devra savoir « détecter sans délai » ces formes de guerre hybride qui sont menées contre elles, les « entraver » et « à notre tour, mais à la manière d’une démocratie, la devancer, en user à notre profit dans les champs numériques et physiques ».

Annonçant la fin officielle de l’opération antijihadiste Barkhane, la nouvelle stratégie de la France en Afrique sera finalisée d’ici six mois, après consultations avec ses partenaires sur le continent, a expliqué le chef de l’Etat.

« Le texte de la revue stratégie est incroyablement décevant »

Présent sur place, le sénateur LR Cédric Perrin a trouvé le discours du Président « assez convenu ». « Il y a beaucoup de grandes ambitions. Le problème, c’est est-ce qu’on aura les moyens de nos ambitions ? Il y a une les questions de la lutte informationnelle, la réserve. Mais il y a les problèmes de la lutte capacitaire dont il n’a pas parlé », pointe le sénateur de la commission des affaires étrangères. « Il a donné les grandes directives sur le rôle qu’il veut voir jouer à la France en Europe, qu’elle soit une puissance d’équilibre, mais après, il faut être conscient de nos limites », ajoute Cédric Perrin.

« Le texte de la revue stratégie est incroyablement décevant. Il n’y a pas d’ambition. Il est décevant pour la base industrielle et technologique de défense. On nous parle de partenariat avec l’Allemagne, mais on voit bien que nous avons un certain nombre de projets qui n’avancent pas, voire sont à l’arrêt complet », pointe de son côté la sénatrice PS, Hélène Conway Mouret, qui aimerait voir affichée une « ambition avec les Italiens, les Espagnols ou les Anglais ». Cédric Perrin remarque pour sa part qu’« il a parlé beaucoup de partenariat réussi avec d’autres pays, comme la Belgique, mais il n’a pas parlé de l’Allemagne », avec qui les partenariats, comme le Scaf, l’avion du futur, « a clairement du plomb dans l’aile ».

La question de la résilience de la population, en cas de guerre qui impliquerait directement la France, est aussi un enjeu sur la table. « Oui, il y a la volonté d’accoutumer un peu les gens à cela, via la réserve », confirme Cédric Perrin, « après, on a vécu des années avec les dividendes de la paix, mais on vit dans un monde de plus en plus dangereux, où les affrontements d’Etat à Etat sont de plus en plus présents ». Le sénateur du Territoire de Belfort ajoute :

La résilience, c’est aussi le moral des uns et des autres. Quand on voit qu’on est capable de se battre pour un litre d’essence, il y a du travail…

« On a l’impression que les choix n’ont pas été faits alors que la LPM va être votée l’année prochaine »

Si la France a des objectifs, a-t-elle les moyens de ses ambitions ? Très vite, la question va se poser, avec la prochaine loi de programmation militaire (LPM), qui est attendue. « Aujourd’hui, dire que nous avons une armée à la hauteur, non, parce que les moyens ne sont pas là, parce qu’on ne les a pas donnés pendant des décennies », dénonce Hélène Conway Mouret. La socialiste reconnaît que « là, on a réparé beaucoup de choses, car la LPM votée en 2018 a été respectée. Les crédits ont été au rendez-vous chaque année. On a pu moderniser. Mais quand nous avons 50 véhicules, il y en a 20 qui fonctionnent. On a besoin de cannibaliser les autres pour faire marcher ceux en fonction. Donc c’est très compliqué ». Regardez (images Cécile Sixou) :

« Nous avons besoin d’un choix solide avec de vraies priorités. Mais on a l’impression que les choix n’ont pas été faits alors que la LPM va être votée l’année prochaine », ajoute Hélène Conway Mouret. Cette loi de programmation militaire pourrait arriver « dans les six mois, donc au printemps, peut-être en avril », selon Cédric Perrin. « On va voir si le Parlement aura véritablement un rôle à jouer dans la préparation de cette LPM, Emmanuel Macron l’a laissée entendre », note le sénateur de la commission des affaires étrangères, « il a salué le travail des parlementaires, mais il l’avait fait aussi sur la revue stratégique, alors qu’on ne nous a rien demandé… Donc méfiance. On jugera sur pièce ».

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