La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a assuré ce mercredi à la sortie du Conseil des ministres qu’Emmanuel Macron a acté qu’il n’y avait pour le moment pas « de socle plus large que celui qui est en place aujourd’hui » pour gouverner. Mais, après les consultations des responsables de partis mardi, « le président continue à écouter et à tendre la main ».
Vaccins : « On ne peut pas éradiquer le virus », préviennent les experts
Par Pierre Maurer
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Top départ. Le premier vaccin sera autorisé « d’ici une semaine » et les vaccinations dans l’Union européenne « pourront commencer immédiatement », a annoncé mercredi matin la Commission européenne. Au même moment, les sénateurs de la commission des Affaires sociales auditionnaient plusieurs membres de la HAS ainsi qu’Alain Fischer, président du conseil d’orientation sur la stratégie vaccinale.
Une fois de plus, Dominique Le Guludec a expliqué aux parlementaires le protocole de vaccination en cinq phases suggéré par la HAS. « La vulnérabilité et l’exposition des personnes âgées en Ehpad nous ont aidés à déterminer notre choix de les vacciner en premier ». « En fonction des doses de vaccins que nous aurons utilisées, nous pourrons aller plus vite sur les phases suivantes », a-t-elle expliqué, ajoutant que 2 millions de doses du vaccin de Pfizer « pourraient être disponibles début janvier ». Elle a aussi rappelé la nécessité d’une information « claire, transparente, accessible pour tous », arguant que deux groupes se dégagent parmi les usagers que la HAS a pu consulter : une minorité réfractaire au vaccin, et une majorité favorable à la vaccination. Concernant ces premiers vaccins, la HAS sera en mesure de donner son avis « avant la fin décembre », a espéré quant à elle Elisabeth Bouvet, présidente de la commission technique des vaccinations de la HAS.
Pas de traitement efficace hormis les « corticoïdes »
Mis à part les vaccins, les sénateurs ont interrogé les membres de la HAS sur les traitements qui fonctionnent face au covid-19. « À ce jour il y a deux traitements qui sont proposés : les corticoïdes, et le Remdesivir qui a reçu un aspect circonspect de la commission de transparence », a détaillé Dominique Le Guludec. Selon elle, il n’y a pas de traitement efficace à proposer « en dehors des corticoïdes ». « La chloroquine ne donne rien », a complété Marie-Paule Kieny, virologue et vaccinologiste, directrice de recherche à l’Inserm.
Alors face au manque de données, comment évaluer l’efficacité des premiers vaccins ? « On sait que les premiers vaccins ne protègent pas seulement contre la maladie grave, mais aussi contre les formes cliniques et bénignes. Par contre, on ne sait pas si les gens vaccinés transmettent le virus. Certains vaccins pourraient diminuer de façon importante la transmission, on a des données qui vont dans ce sens » a abondé Marie-Paule Kieny. En bref, le vaccin n’est pas une solution miracle et doit compléter les gestes barrières : « On ne peut pas éradiquer le virus. On va rester plusieurs mois dans cette situation. Cela va dépendre du virus lui-même. Après quelques années sous forme pandémique, il va peut-être devenir endémique ».
« On ne peut pas dire que les vaccins ne bloquent pas la transmission, ce qu’on peut dire, c’est qu’on ne sait pas. Je serai surpris qu’il n’y ait quand même pas un certain effet de protection », a ensuite rétorqué Alain Fischer à Alain Milon (Les Républicains). Selon le « monsieur vaccin » du gouvernement, la transmission ou non est d’autant plus importante qu’elle déterminera la suite de la stratégie vaccinale. « Si on apprend qu’un ou plusieurs vaccins réduisent la transmission, il y aurait intérêt à accélérer la vaccination de la population jeune. Mais tant qu’on n’a pas cette info, il est plus légitime de vacciner les plus fragiles. »
Réactions secondaires
Du peu que peuvent en tirer les spécialistes, les premières études montrent que les vaccins ne sont pas sans effets secondaires. « On sait que ces vaccins sont assez réactogènes », n’a pas caché Marie-Paule Kieny. « C’est-à-dire qu’il y a des effets secondaires nombreux mais faibles et pas dangereux », a-t-elle poursuivi. Il est ainsi possible « qu’une majorité des personnes se sentent fatiguées ». « Un certain nombre de producteurs de vaccins conseillent de donner du paracétamol », a-t-elle indiqué. « Cependant pour les effets secondaires six mois après la vaccination, on ne sait rien », a-t-elle conclu.
Des vaccinations « théoriquement » à partir de fin décembre
La France, via l’Union européenne a précommandé près de 90 millions de doses de différents vaccins. La distribution se fera au compte-goutte et contraint donc la vaccination. « L’agence européenne a accéléré son processus et va donner sa réponse le 21 décembre. Ensuite il faut 2-3 jours pour que la HAS fasse les recommandations associées. Et donc théoriquement la vaccination peut ensuite commencer. Donc il est possible qu’à une toute petite échelle - sachant qu’il y a eu 10 000 doses du vaccin Pfizer livrées, ce qui est très peu - il y ait quelques personnes vaccinées dans les jours suivants. Mais le programme va vraiment se mettre en route en janvier 2021 où il y aura eu normalement la livraison d’un million de doses », a précisé Alain Fischer.
Inquiets, les sénateurs ont interrogé : va-t-on avoir une pénurie de vaccins ? « Sûrement pas. Mais on n’aura pas tous les vaccins qu’on veut en même temps. La France et l’Europe ont fait le bon choix d’investir dans différents vaccins », a assuré Marie-Paule Kieny. Après l’Assemblée nationale, le Sénat accueillera demain, jeudi 17 décembre, le débat sur la place de la stratégie vaccinale dans le dispositif de lutte contre l’épidémie de covid-19.