L’Agence européenne des médicaments (AEM) ne se réunira que la semaine prochaine pour étudier la demande d’autorisation du vaccin Pfizer-BioNTech contre le coronavirus. En attendant, pour l’office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), « il y a urgence à construire le processus d’information » de la stratégie vaccinale.
« De façon que la polyphonie ne se transforme pas en cacophonie, on a mis en évidence une complexité des dispositifs en présence […] L’exécutif s’appuie sur des agences spécialisées que ce soit l’Agence du médicament, la Haute autorité de santé, Santé publique France, la Direction générale de la Santé » a rappelé Sonia de la Provôté. Une liste d’agences à laquelle, il faut rajouter « des organismes consultatifs » comme le comité vaccin, sans oublier le Conseil scientifique et le Conseil de défense.
« Une défiance forte liée à un discours politique »
En effet, ce qui ressort des premières recommandations des quatre rapporteurs les députés Jean-François Eliaou (LREM) et Gérard Leseul (PS) et les sénatrices Sonia de La Provôté (centriste) et Florence Lassarade (LR), c’est la nécessité pour l’exécutif de faire preuve de transparence, « tant au niveau de l’action que de la communication, afin de rétablir la confiance nécessaire en s’appuyant sur un canal d’information simple, clair et accessible tel qu’un portail unique fournissant une synthèse de l’ensemble des informations disponibles ».
« On sent bien qu’il y a une défiance. On le sent sur les réseaux sociaux […] Cette défiance a des raisons multiples […] Les théories complotistes, la pensée antivaccin… Et il y a une défiance forte liée à un discours politique qui depuis plusieurs mois n’a pas toujours été constant et cohérent. Nous avons noté les cafouillages dans la gestion des masques » a rappelé le député Gérard Leseul lors d’une conférence de presse ce mardi.
D’autres mesures pour retisser le lien de confiance entre les citoyens et les pouvoirs publics sont également préconisées comme : rendre obligatoire la déclaration d’intérêts de l’ensemble des personnes qui interviennent dans le champ de la stratégie vaccinale, afin de prévenir contre les conflits d’intérêts.
S’appuyer sur la médecine de ville
De même, l’OPECST encourage vivement l’exécutif à s’appuyer sur les professionnels de santé et la médecine de ville pour améliorer l’adhésion vaccinale. « C’est une leçon qui a été tirée de l’épisode de vaccination contre la grippe H1N1. Les collectivités territoriales devraient, de notre point de vue, être dès à présent sollicitées » a appuyé Sonia de la Provôté.
En ce qui concerne le volet économique de la stratégie vaccinale, Florence Lassarade a comparé le coût du vaccin aux Etats-Unis et en Europe où il est 20 % plus cher. « Compte tenu du nombre de commandes fermes (200 millions de doses pour la France), les clauses d’annulation, de renégociation et d’indemnisation seront donc d’une importance cruciale » note le rapport de l’OPECST qui fait référence au précédent de la crise du H1N1 en 2009. De même, afin de renforcer la position des États membres et de l’Union européenne dans de futures négociations, les parlementaires recommandent d’instituer un registre européen des contrats signés par les États membres ou la Commission européenne pour la fourniture de produits pharmaceutiques.
Enfin, l’OPECST recommande de doter l’Union européenne d’une agence calquée sur le modèle de la BARDA américaine « capable d’investir massivement, sous la forme de partenariats public-privé, dans le développement initial et la production de médicaments stratégiques, et chargée de constituer des stocks mutualisés ».