À peine deux semaines après la rentrée scolaire, Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation, a annoncé dans une interview au Figaro, la suppression de 1 800 postes dans l’Éducation nationale en 2019.
Une annonce qui « suscite beaucoup de colère » pour Sophie Vénétitay, co-secrétaire générale du Snes-FSU [Syndicat national des enseignements de seconde degré - NDLR] à l’académie de Versailles. « Elle s’inscrit dans un contexte bien particulier, notamment un contexte démographique (…) une rentrée avec plus d’élèves dans les classes. Près de 20 000 (…) Et on en attend encore plus dans les années qui viennent. 32 000 élèves supplémentaires à la rentrée suivante (…) Les effectifs vont continuer d’augmenter jusqu’en 2023. Tout simplement parce qu’on a eu un petit baby-boom à partir des années 2006 ».
Cette suppression de 1 800 postes dans l’Éducation nationale est un message « symbolique » envoyé par Jean-Michel Blanquer, selon Louise Tourret, journaliste et productrice d’« Être et savoir » sur France Culture : « 1 800 postes par rapport aux 800 000 enseignants, ce n’est pas beaucoup. Mais ça veut dire que l’on dit que l’on peut baisser le nombre d’enseignants en France (…) Au collège, non seulement les classes sont chargées mais on manque d’enseignants (…) Donc, non seulement ils ne seront pas assez nombreux (…) mais en plus on va leur demander de faire des heures supplémentaires pour pallier les manques. »
Pour la journaliste, on est en train de passer à un système à l’allemande. Système où les enseignants sont beaucoup mieux payés qu’en France mais où ils doivent « pouvoir se remplacer dans les établissements ». Un passage qui se fait sans concertation en France assure la journaliste.
« Tout ça n’est pas sérieux » déclare Maxime Legrand, président du think tank « Révolution Éducative », à propos de cette nouvelle annonce : « C’est l’heure de vérité. On parle de Jean-Michel Blanquer depuis un an et demi (…) comme le ministre de l’innovation pédagogique. De toute évidence, c’est le ministre de l’innovation budgétaire. Il est rattrapé par Bercy (…) Comme sur tous les sujets (…) Bercy décide »
Et d’ajouter : « On voit que c’est totalement en inadéquation par rapport à la réalité du terrain. »
« Que l’éducation participe à l’effort collectif dans une administration où l’on compte 880 000 professeurs, pourquoi pas » estime Raphaël Legendre, journaliste à l’Opinion.
Pour lui, le vrai sujet ici c’est celui de « l’organisation » de l’Éducation nationale : « [Elle] est défaillante au niveau des ressources humaines depuis très longtemps. On peut très certainement faire mieux avec des moyens équivalents. »
Vous pouvez voir et revoir ce débat, en intégralité :
OVPL : débat sur la suppression des 1 800 postes dans l'Education nationale