Travailler plus pour gagner moins, un slogan presque assumé par François Bayrou. Une idée d’abord promue par la majorité sénatoriale qui avait adopté le 26 novembre 2024, en première lecture, un budget de la sécurité sociale prévoyant la création d’une « contribution de solidarité par le travail », soit 7 heures de travail supplémentaires non rémunérées, pour abonder la branche autonomie de la Sécurité sociale de 2,5 milliards d’euros. A l’époque, l’amendement avait été déposé par Élisabeth Doineau, rapporteure générale de la commission des affaires sociales. Néanmoins, le gouvernement s’y était opposé et la mesure avait fracturé le socle commun avant d’être évacuée en commission mixte paritaire.
Au cours des débats, la gauche avait largement critiqué la proposition de la majorité sénatoriale et l’écologiste Anne Souyris avait évoqué « une nouvelle corvée qui rappelle furieusement l’Ancien régime et ses servitudes ». A noter que la proposition de la majorité sénatoriale visait à créer 7 heures de travail supplémentaires sans directement viser un jour férié.
L’idée avait d’abord émergé en septembre avec la publication d’un rapport sénatorial sur le financement des Ehpad. « Afin d’accompagner le renforcement du financement des Ehpad, il importe de doter la branche autonomie de recettes à la hauteur des besoins. Dans cette perspective, la création d’une deuxième journée de solidarité, qui pourrait se traduire par la suppression d’un jour férié, permettrait de générer 2,4 milliards d’euros de recettes supplémentaires », pouvait-on lire dans le rapport.
Une suppression de deux jours fériés, mais pas une journée de solidarité
Cette fois-ci, le gouvernement propose de supprimer deux jours fériés, le lundi de Pâques et le 8 mai, afin de dégager 4,2 milliards d’euros d’économies. Mais, Amélie de Montchalin l’assure, il ne s’agit pas d’une journée de solidarité comme le lundi de Pentecôte. « Nous ne sommes pas sur un schéma dit de solidarité. Nous sommes sur l’idée que nous trouvons les moyens d’accroître notre production et donc nos richesses », a expliqué la ministre chargée des Comptes publics lors de son audition à l’Assemblée nationale.
Surtout, cette suppression des jours fériés doit toucher tout le monde et pas uniquement les entreprises privées. « Le calibrage de la mesure des 4,2 milliards ne représente pas l’idée que l’Etat capte 100 % de la richesse créée, précisément pour qu’il puisse y avoir un retour aux salariés », explique Amélie de Montchalin qui pointe une mesure différente « du lundi de Pentecôte qui ne touche que les entreprises privées ».