L’émoi suscité par l’effondrement, le 18 novembre, du pont de Mirepoix-sur-Tarn, dans lequel deux personnes ont péri, a largement dépassé les frontières de cette petite commune de Haute-Garonne. Le sénateur du département, le centriste Pierre Médevielle, a interrogé le gouvernement ce mercredi lors des questions d’actualité, au sujet de la sécurité de ces ouvrages. « Il semble qu’un poids lourd dépassait de très largement le tonnage de 19 tonnes autorisé par ce pont », a répété le secrétaire d’État chargé des Transports Jean-Baptiste Djebbari, après avoir rappelé qu’une enquête judiciaire était en cours. Le bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre a lui aussi été saisi, « pour tirer toutes les conclusions techniques sur cet accident », selon le secrétaire d’État. Inspecté à deux reprises, l’ouvrage n’avait pas révélé de « défauts apparents ». Voilà pour l’accident.
Un carnet de santé pour les ponts
Mais le Sénat, qui avait mis sur pied une mission sur la sécurité des ponts français après le drame de Gênes en 2018, attendait surtout des réponses sur la gestion générale d’un patrimoine vieillissant et dont une large partie échappe à une surveillance régulière. Le secrétaire d’État a dit « partager l’ambition » des sénateurs Michel Dagbert et Hervé Maurey « d’avoir accès à un carnet de santé des ponts et de les doter de capteurs qui permettent de surveiller leur état en temps réel ».
Ce n’est pas la seule proposition du rapport sénatorial à recevoir les faveurs du gouvernement. Jean-Baptiste Djebbari se dit aussi prêt à apporter l’appui des services de l’État et du Cerema (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement) pour les collectivités. Autre annonce gouvernementale : le recensement des ouvrages de rétablissement, ces ponts construits par l’État ou les agences nationales qui se trouvent sur des voies départementales ou communales, sera achevé à la fin de l’année. Des cofinancements seront mobilisables pour ces équipements.
La réponse la plus attendue était budgétaire. Selon la LOM (loi d’organisation des mobilités), définitivement adoptée au Parlement hier, « plus de 120 millions d’euros » seront mobilisés pour la sécurité des ponts en 2026, une augmentation « très significative » par rapport aux 70 millions de 2029, selon Jean-Baptiste Djebbari. « Les sommes sont insuffisantes. On ne peut pas regarder nos infrastructures se dégrader passivement », a répliqué le sénateur.