Alors que le Sénat s’apprête à se prononcer sur l’article 45 bis du projet de loi de financement de la sécurité sociale, soit celui relatif à la suspension de la réforme des retraites voté par les députés, le suspense est moindre. Sans surprise, la majorité sénatoriale de la droite et du centre devrait rejeter l’amendement, actée à l’Assemblée nationale. « Pas par plaisir », assure le sénateur Bruno Retailleau (LR) au micro de Public Sénat, « mais parce que nous pensons que c’est de l’intérêt des Français ».
Accord de non-censure entre le Premier ministre et le PS, « cette suspension, c’est un marchandage », s’indigne l’élu de Vendée, « c’est le tribut que le gouvernement a donné à la gauche, […] a payé à la gauche, pour durer quelques semaines ou quelques mois supplémentaires ». Pour le président des Républicains, de retour au palais du Luxembourg depuis la semaine dernière, cette mise en pause de la réforme portée par Élisabeth Borne en 2023, « va abîmer la France ». Il s’inquiète notamment du poids « sous-estimé » des retraites « dans la dette publique » : « C’est un quart ! ». Et d’ajouter : « On ne peut pas rejeter sur les futures générations tout le fardeau », « il faut travailler en France un peu plus, il nous manque trois années de travail au cours d’une vie ». « Je sais que dire qu’il faut travailler plus, c’est compliqué », concède-t-il, mais « en réalité, on va amoindrir cette génération [future], qui va nous suivre et qui sera en droit de nous demander des comptes ».
« Ce qui a amené ce chaos en France c’est la décision du président de la République de dissoudre »
Revenant sur son départ du gouvernement Lecornu, Bruno Retailleau explique qu’il avait « de plus en plus de doute sur le fait que le gouvernement penche à gauche. Tout m’a donné raison depuis ». « Pour moi, l’important ce n’est pas de durer, mais de faire une politique qui soit bonne pour les Français », justifie-t-il.
Quant aux menaces de censure et de dissolution, le sénateur fustige un « argument de l’instabilité […] qui ne tient pas ». « On hypothèque l’avenir pour le présent », s’agace-t-il, « le chaos, c’est de faire en sorte qu’on suspende cette réforme. Ce qui fait que demain, à chaque fois qu’il y aura une réforme un peu courageuse […], même quand elle aura été votée, on pourra obtenir sa suspension ». Et la piste d’une loi spéciale ? « L’an dernier, on a eu une loi spéciale, est-ce que pour autant la France s’est effondrée ? », interroge le président des Républicains. « Ce qui a amené ce chaos en France c’est la décision du président de la République de dissoudre, on en est là et on paye les pots cassés ».