Le compte à rebours est lancé. Les députés ont jusqu’à minuit, ce soir, pour se prononcer sur le volet « dépenses » du projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Passé cette date, le texte sera transmis au Sénat où l’examen en séance publique du budget de la Sécu doit démarrer le 19 novembre. La Chambre haute, dominée par la droite et les centristes, entend bien revenir sur nombre de mesures votées à l’Assemblée. En première ligne desquelles la suspension de la réforme des retraites, au cœur de l’accord de non-censure passé entre Sébastien Lecornu et les socialistes, et sur laquelle les députés doivent s’exprimer dans l’après-midi.
« Le Sénat a voté cette réforme, je ne pense pas que nous allons nous renier dans les prochaines semaines », commente au micro de public Sénat Élisabeth Doineau, sénatrice centriste de la Mayenne et rapporteure générale du budget de la Sécu pour la Haute assemblée. « C’est ici qu’est née cette idée qu’il fallait réformer les retraites. Quand on est face à la pyramide des âges, aux défis démographiques, au problème de la baisse du nombre d’actifs par rapport au nombre de retraités… C’était en tout cas une réforme que nous souhaitions au Sénat. Je ne dis pas qu’elle a été votée en toute sérénité, mais elle a été votée ici à une très large majorité. Donc, je pense que nous rétablirons cette réforme », explique-t-elle.
« Tout le monde a plus ou moins compris que le système ne pouvait plus tenir »
L’élue se dit peu convaincue par la hausse de CSG votée à l’Assemblée nationale, et qui doit participer au financement de cette suspension. « Certes, cela apporte 2,5 milliards d’euros, mais on voit bien que c’est une mesure ponctuelle. Les années qui viennent montrent que ce ne sera pas suffisant. Donc on reporte le problème encore un peu plus loin », déplore Élisabeth Doineau.
« J’entends l’idée de l’apaisement politique. C’est une réalité, il faut apaiser, mais il faut aussi faire face aux réalités. Il faut quand même, les uns et les autres, qu’on se dise qu’en France, l’âge de départ à la retraite est quand même moindre que dans d’autres pays européens, dont certains avec des majorités plus à gauche », pointe-t-elle. « Est-ce que beaucoup de Françaises et de Français nous interpellaient encore sur cette réforme ? Pas tellement. En réalité, tout le monde a plus ou moins compris que le système ne pouvait plus tenir. C’est un coup de canif qui est fait aux générations futures », regrette-t-elle.
Autre mesure sur laquelle le Sénat s’apprête à revenir : l’abandon du gel des aides sociales, initialement proposé par le gouvernement de François Bayrou comme moyen d’économies. « Nous ne serons pas dans une surenchère de taxes et d’impôts. Notre pays est arrivé au bout de ces solutions-là », avertit Élisabeth Doineau. « Il faut trouver dans la prévention, et d’autres mesures comme l’efficience, la transformation de notre système de santé. On voit bien qu’il y a des redondances de soins. »