À chacun de prendre ses responsabilités. Pour échapper à la censure des socialistes, Sébastien Lecornu s’est engagé à proposer une suspension de la réforme des retraites, sous la forme d’un amendement au budget de la Sécu, qui sera examiné en séance publique à partir du 4 novembre à l’Assemblée nationale. En l’absence de 49-3 – autre engagement du chef du gouvernement -, reste à savoir si les opposants à la réforme réussiront à s’imposer dans un hémicycle complètement fracturé. « Si cet amendement est proposé, il est fort possible qu’on le vote », a déclaré Aymeric Durox, sénateur du Rassemblement national, ce vendredi au micro de « Parlement hebdo » sur Public Sénat et LCP.
« C’est quelque chose que nous avons toujours dit, mais on sait qu’il est possible qu’il soit considéré comme un cavalier législatif », alerte l’élu dont la famille politique, opposée au recul de l’âge légal de départ à 64 ans, a pourtant défendu cette semaine une motion de censure contre le nouveau gouvernement. « Le PS s’est acheté un sursis. C’est reculer pour mieux sauter car, à la fin de la discussion budgétaire, il est à peu près sûr que cet amendement ne passera pas », estime Aymeric Durox.
De fait, si l’amendement de suspension est adopté en séance, pour être maintenu il faudra encore que l’ensemble du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) soit voté. « Ce même PLFSS qui prévoit le gel des pensions de retraite », tacle le sénateur. Certaines réformes d’économies proposées par l’exécutif pourraient effectivement placer une partie des oppositions face à un véritable dilemme lorsque viendra le moment de se prononcer sur l’ensemble du texte.
« Si le gouvernement nous balade, on l’enverra balader »
« C’est un projet de loi que nous allons amender », a défendu face à lui la députée socialiste Ayda Hadizadeh, également invitée de « Parlement hebdo ». « Nous avons posé l’arme de la censure sur la table et je pense que l’on nous prend au sérieux maintenant », explique-t-elle, en rappelant que le gouvernement a échappé cette semaine au couperet « à seulement 18 voix près ». « S’il nous balade, on l’enverra balader », lâche-t-elle.
Pour sa part, Aymeric Durox dénonce un « marché de dupes ». « On a assisté au retour pitoyable de ce que l’on a longtemps appelé ‘l’UMPS’, l’alliance des contraires à laquelle s’est adjointe la macronie pour s’épargner un retour aux urnes, et même sacrifier la seule réforme dont ils peuvent se targuer depuis 2022 », a-t-il taclé.