Sylvie Goulard, chantre de l’Europe, quitte le ministère des Armées
La ministre des Armées, Sylvie Goulard, chantre de l'Europe et de la coopération franco-allemande, a renoncé à ses fonctions...

Sylvie Goulard, chantre de l’Europe, quitte le ministère des Armées

La ministre des Armées, Sylvie Goulard, chantre de l'Europe et de la coopération franco-allemande, a renoncé à ses fonctions...
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Par Valérie LEROUX

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La ministre des Armées, Sylvie Goulard, chantre de l'Europe et de la coopération franco-allemande, a renoncé à ses fonctions mardi, un mois seulement après sa nomination, laissant en suspens plusieurs pistes de relance de la défense européenne.

A 52 ans, cette européenne convaincue réputée bûcheuse et autoritaire, parfois même cassante, trébuche à cause d'une enquête judiciaire récemment ouverte sur des emplois fictifs présumés au sein du parti centriste MoDem, liée à ses anciennes fonctions d'eurodéputée (2009-2017).

Celle qui avait été nommée ministre le 17 mai, au sein du gouvernement formé dans la foulée de l'élection du président Emmanuel Macron, a demandé à ne pas être reconduite dans la nouvelle équipe gouvernementale issue des législatives, largement remportées dimanche par la formation présidentielle La République en marche.

"Dans l’hypothèse où l’enquête préliminaire visant le MoDem conduirait à vérifier les conditions d’emploi de mes assistants au Parlement européen, je souhaite être en mesure de démontrer librement ma bonne foi et tout le travail que j’y ai accompli", s'est-elle justifiée dans un communiqué.

"La mission de défense impose une exigence particulière", a-t-elle dit.

Cette novice en matière militaire a découvert au pas de charge en cinq petites semaines la réalité des armées, multipliant les visites de terrain, en parallèle à un agenda diplomatique chargé, du sommet de l'Otan à Bruxelles aux questions européennes.

- L'ombre de Le Drian -

Quadrilingue - elle parle à la perfection anglais, allemand et italien - elle avait jusque là surtout travaillé sur des questions financières et budgétaires à Bruxelles.

Il lui a fallu prendre ses marques vis-à-vis de son puissant prédécesseur, Jean-Yves Le Drian, passé aux Affaires étrangères après avoir incarné pendant cinq ans la défense sous la présidence du socialiste François Hollande. Leurs relations ont parfois semblé tendues.

"Non le périmètre d'action du ministère n'a pas changé", martelait-elle en réponse à ceux qui lui demandaient si l'intitulé de son portefeuille, redevenu ministère des Armées, traduisait la volonté du chef de l'Etat de reprendre pleinement la main sur la politique de défense pour laisser au ministère la seule gestion des armées.

"Effectivement c'est un univers que je découvre mais je crois qu'il est bon aussi d'apporter un regard un peu neuf dans une fonction tout en ayant mon expérience internationale", ajoutait-elle.

Fine connaisseuse des rouages de l'UE, cette ancienne conseillère du président de la Commission européenne Romano Prodi (2001 à 2004) devenue eurodéputée s'était attelée avec fougue au chantier de la défense européenne, dans la droite ligne de la relance voulue par Emmanuel Macron.

- Feuille de route -

Elle travaillait avec son homologue Ursula von der Leyen sur plusieurs projets franco-allemands qui devaient être lancés le 13 juillet à Paris et servir d'impulsion pour une coopération de défense élargie en Europe.

"L'idée va être de travailler avec les Allemands dans un premier temps pour définir une feuille de route très concrète sur les plans capacitaire, opérationnel. Cela va être lancé lors du conseil franco-allemand du 13 juillet", soulignait-on la semaine dernière de source proche du dossier.

La coopération sur les blindés, déjà engagée, mais aussi l'avion de combat du futur et l'innovation tous azimuts figuraient parmi les pistes évoquées à court et moyen terme. Sans projet européen, "le risque c'est que l'avion de combat du futur soit le F35 américain", selon une source proche du dossier, "Français et Allemands ont un intérêt commun à proposer un tel projet".

Résolue à avancer, Sylvie Goulard avait nommé au sein de son cabinet un homme d'affaires franco-allemand André Loesekrug-Pietri, président d'un fonds d'investissement et spécialistes des questions industrielles et technologiques.

Elle avait commencé à lever le voile sur les nécessaires "restructurations" à venir, "facilités industrielles" à casser, de quoi faire grincer des dents certains industriels français à commencer par le constructeur d'avions de chasse Dassault.

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