En déplacement au Salon de l’élevage à Cournon d’Auvergne (Puy-de-Dôme), Michel Barnier a annoncé une aide de 75 millions d’euros pour les éleveurs de brebis victimes de la fièvre catarrhale ovine et des prêts garantis par l’Etat pour les exploitations en difficulté. Des mesures bienvenues pour les agriculteurs qui ne calment pas pour autant leur colère.
Syrie : Le Drian demande une réunion de la coalition internationale anti-Daech
Par Public Sénat
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Où en est la diplomatie française sur l’urgence syrienne ? La déstabilisation est totale dans le nord du pays, une semaine après le début de l’opération militaire turque dirigée contre les forces kurdes des Unités de protection du peuple, rendue possible par le désengagement américain dans la région. Selon les Nations-Unies, plus de 300 morts – militaires et civils – ont été recensés depuis le lancement de l’offensive turque. La situation humanitaire, avec 160.000 déplacés et l’arrêt de l’acheminement de l’aide, est jugée inquiétante. Tout comme la perspective d’une résurgence de l’État islamique et la fuite de combattants détenus par les alliés kurdes, de la coalition internationale.
La commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat a décidé d’auditionner en urgence le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. L’échange, à huis clos, a permis aux sénateurs d’être tenus informés des derniers développements et des dernières initiatives françaises. À l’heure actuelle, la priorité du Quai d’Orsay est de demander une réunion « dans les jours à venir » de la coalition internationale contre Daech, instance qui regroupe 80 États et organisations internationales, dont les États-Unis et la Turquie.
« La situation de la diplomatie française est en grande difficulté »
Après avoir condamné très fermement l’offensive militaire turque, Paris mise désormais sur cette instance pour remettre toutes les parties autour de la table. « Il y a une telle absence de concertation que vous ne pouvez pas décider seul. Ce n’est pas la France qui va relancer les moyens américains », a souligné le président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense au Sénat, Christian Cambon (LR), qui peine à comprendre la stratégie américaine. « La situation de la diplomatie française – et de la diplomatie européenne – est en grande difficulté, non pas en raison de sa propre inefficacité, mais parce que la manière dont les Américains conduisent les choses est plus que surprenante. »
L’objectif sera de faire prendre conscience à la coalition internationale des dangers que fait courir l’action armée de la Turquie dans le nord de la Turquie. « La priorité, et je pense que le ministre a raison sur ce point, c’est la lutte contre la résurgence de Daech. Le problème, il l’a rappelé à juste titre, ce n’est pas que les combattants français, mais le problème des combattants de Daech en général », raconte, à la sortie de l’audition, le sénateur centriste Olivier Cigolotti.
Rejoint par d’autres collègues dans son analyse, le parlementaire de l’Union centriste a compris que la coalition internationale serait un meilleur cadre pour réclamer l’arrêt des hostilités qu’au niveau européen, totalement inaudible. « On sent toute la difficulté et toute l’incapacité de l’Union européenne à la fois d’anticiper et de faire face à ce type de conflit armé. On sent bien aujourd’hui que les voix sont divergentes pour ne pas dire dissonantes sur la situation. » Peu d’espoirs sont donc placés dans le sommet européen de la fin de la semaine.
« Pas d’initiatives particulières »
Pour l’heure, les sanctions énoncées à l’égard de la Turquie « ne sont pas de nature à faire face à la situation », juge le sénateur. Paris et Londres ont notamment suspendu leurs exportations d’armes, et Washington a gelé les avoirs de trois ministres turcs aux États-Unis. « Je comprends que dans un premier temps l’impression d’inefficacité, mais on n’arrête pas un conflit en deux ministres », a réagi le sénateur centriste Olivier Cadic.
Les sénateurs ont également souligné que le président de la République Emmanuel Macron et son homologue américain, Donald Trump, s’étaient entretenus la veille au téléphone. Mais rien de plus. « Des contacts ont lieu, mais pour l’instant, ne donnent pas lieu à des initiatives particulières », a résumé Christian Cambon.
La commission sénatoriale va poursuivre ses auditions, en entendant dans les heures à venir la ministre des Armées Florence Parly mais aussi l’ambassadeur de Turquie à Paris (ce mercredi à 9h00). « Peut-être qu’à un moment ou un autre on va trouver avec les Turcs les moyens de leur faire comprendre que cette agression est disproportionnée et qu’elle met en péril toute la sécurité régionale », espère le sénateur Cambon.