Système de combat aérien du futur : le Sénat apporte ses propositions pour le renforcer

Système de combat aérien du futur : le Sénat apporte ses propositions pour le renforcer

Le Sénat a présenté mercredi 15 juillet, un rapport d’information sur « le système de combat aérien du futur » (SCAF). Créé en partenariat avec l’Allemagne et l’Espagne, ce nouveau programme comprend un avion de combat nouvelle génération qui remplacera le Rafale d’ici 2040.
Public Sénat

Par Laure-Anne Elkabbach

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Le lendemain d’un défilé du 14 juillet réduit à un dispositif resserré pour cause de crise sanitaire, la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées présidée par le sénateur (LR) Christian Cambon, a présenté un rapport d’information sur « le système de combat aérien du futur » (SCAF).

Ce programme prévoit la création d’une nouvelle génération d’avions de combat qui remplacera le Rafale français ainsi que l’Eurofighter allemand d’ici 2040.

Pour les sénateurs, le SCAF donne la capacité à la France de garder une « autonomie stratégique » qui lui permettra de ne pas être contrainte d’utiliser des avions de combat américains, comme le F35 mais également de préserver son industrie de défense.

Le rapport explique que le programme de défense SCAF, lancé conjointement par la France et l’Allemagne en juillet 2017 puis rejoint par l’Espagne, renforce les liens entre ces trois pays - et tout particulièrement le couple franco-allemand - au moment où la concurrence fait rage dans ce secteur.

Présenté par ses rapporteurs Ronan Le Gleut (LR) et Hélène Conway-Mouret (PS), tous deux sénateurs représentant les Français établis hors de France, ce rapport d’information propose plusieurs recommandations afin de faire en sorte que ce programme de défense soit « irréversible », qu’il puisse être technologiquement toujours en pointe jusqu’en 2080 et que sa mise en place se fasse efficacement et dans les meilleures conditions.

 Être « irréversible »

Pour les sénateurs il est indispensable de rendre rapidement le programme SCAF irréversible. Pour cela, ils préconisent la signature début 2021 « d’un contrat-cadre global » qui courrait jusqu’en 2025-2026, couvrant la première phase du projet qui doit aboutir à un démonstrateur d’avion. Ce qui éviterait la succession de contrats demandant à chaque fois une validation politique.

Ils souhaitent également une accélération du processus et que le programme se termine avant 2040.

Devant des objectifs parfois divergents entre les trois partenaires, français, allemands et espagnols, dus par exemple, à une perception différente des menaces extérieures, il y aurait un risque de retard important dans l’avancée du projet. Le Sénat propose de créer un document commun avec les Allemands puis les Espagnols, présentant « une programmation prévisionnelle des projets de coopération industrielle ».

Créer un programme de combat aérien « révolutionnaire » technologiquement

« Le SCAF n’est pas un projet d’avion mais un projet de « système de systèmes » insiste-t-on dans le rapport. C’est-à-dire que le SCAF se présente comme un système qui mélange l’intelligence artificielle, le cloud, les drones et un avion de combat nouvelle génération, appelé NGF. Ce dernier, fruit du travail entre Airbus et Dassault, est un avion qui sera piloté par un humain. Des « effecteurs déportés » - des engins entre le drone et le missile connectés en réseau - seront là en soutien des avions de combat. Du côté français, un « deuxième cercle », composé de satellites, de Rafale, d’avions de ravitaillement etc. complétera le dispositif.

Le rapport souligne l’importance d’avoir un outil à la pointe de la technologie qui pourra être pertinent jusqu’en 2080. Pour cela, il propose de développer au maximum l’intelligence artificielle qui devra être un « pilier transversal » de ce programme nouvelle génération. Tout en continuant à se questionner sur l’aspect éthique et juridique de l’utilisation de l’IA. Les sénateurs estiment qu’il faut relancer les discussions internationales sur les SALA (système d’armes létales autonomes) ou « robots tueurs », pour « faire aboutir à un cadre juridique clair, conforme à l’éthique et aux principes du droit international humanitaire ».

Avoir « une dimension européenne »

Les sénateurs estiment que la France, l’Allemagne et l’Espagne doivent élargir leur projet et faire entrer de nouveaux partenaires européens. Notamment pour faire face au programme concurrent « Tempest », mené par les Britanniques. Toutefois les sénateurs préconisent d’attendre 2026, avec le lancement du démonstrateur. Le programme sera alors solidement ancré et bien avancé.

Invité sur Public Sénat, Ronan Le Gleut a déclaré lundi 13 juillet, que l’idée du SCAF est « de faire un avion avec les Allemands et les Espagnols qui sera un avion de combat du futur » : « Je pense que c’est une excellente politique, notamment une politique de relance alors que la question de l’emploi est cruciale ».

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