Tati : « On n’est pas du tout soutenu par le gouvernement et la loi Macron ne nous protège pas »

Tati : « On n’est pas du tout soutenu par le gouvernement et la loi Macron ne nous protège pas »

Lundi matin, une centaine de salariés manifestaient devant le tribunal de commerce de Bobigny, chargé d’examiner les offres de reprises de Tati et de trois autres enseignes d’Eram. Soucieux pour leur avenir depuis le placement en redressement judiciaire d’Agora Distribution, filiale du groupe Eram qui détient la célèbre enseigne au logo vichy, ils espéraient un report d‘audience pour que les potentiels repreneurs améliorent leurs offres. Ils ont eu gain de cause, celle-ci ayant été reportée au 19 juin prochain. Pour autant, rien n’est gagné. Les salariés réclament l’attention du gouvernement, qu’ils accusent de ne pas les soutenir.
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Par Alice Bardo

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Emmanuel Macron avait eu affaire aux salariés de Whirlpool alors qu’il était encore candidat. À peine élu, c’est au dossier GM&S que son ministre de l’Économie, Bruno le Maire, s’était attelé. Désormais, ce sont les employés de Tati qui réclament l’attention de l’exécutif, alors que la campagne législative bat son plein.

« On n’est pas du tout soutenu par le gouvernement et la loi Macron ne nous protège pas », regrette une salariée de Tati. Selon elle, « c’est cette loi qui permet aux frères Biotteau [propriétaires de Tati et d’Eram] de ne pas mettre un sou sur la table ». Adoptée en août 2015, cette loi portée par Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, « a supprimé l’obligation pour les ­groupes de financer les PSE [plan de sauvegarde de l’emploi] de leurs filiales en redressement judiciaire », expliquait l’avocat Thomas Hollande au journal Le Monde le 20 mai dernier au journal Le Monde. 

Agora Distribution, filiale du groupe Eram qui détient la célèbre enseigne au logo vichy, a été placée en redressement judiciaire le 4 mai dernier. Depuis, deux offres de reprise sérieuses ont été déposées : celle de GPG, le groupe de Philippe Genestet, fondateur des magasins de décoration Gifi, et celle d’un consortium d’enseignes à bas prix (Foir’Fouille, Centrakor, Stokomani, Maxi Bazar et dépôt Bingo). Sur les 1754 salariés de Tati, dans un cas comme dans l’autre, certains seront donc licenciés : « Des salariés qui travaillent depuis parfois 30 ans (pour Tati) qui risquent de se trouver sur le carreau du jour au lendemain, c’est inacceptable », estime Ian Brossat, élu PCF du 18e arrondissement de Paris, là où fut implanté le premier magasin Tati à la création de la marque, en 1948.

« J’attends que le gouvernement réagisse »

Si Mounir Bourhaba, avocat du CE de Lilnat, société qui rassemble le plus grand nombre de salariés et de magasins Tati, s’est fixé comme objectif le « zéro licenciement », il tient à ce que le PSE soit abondé pour indemniser les éventuels licenciés et en appelle aux candidats à la reprise : « Compte tenu de la plus-value que sont susceptibles de faire l’un ou l’autre (GPG et le consortium), il (est) inacceptable qu’ils ne puissent pas mettre la main à la poche pour venir contribuer à une amélioration sensible des mesures du PSE qui sont aujourd’hui squelettiques, indigentes et inacceptables. »

Les trois semaines de sursis permises par le report d’audience seront tant l’occasion pour les candidats à la reprise de Tati d’améliorer leurs offres, que celle pour le gouvernement  de répondre à l’appel lancé par les salariés. Ian Brossat, élu PCF du 18e arrondissement de Paris s’est dit « effaré » par le silence de l’exécutif et a envoyé un courrier au premier ministre Édouard Philippe. « J’attends qu’il réagisse pour qu’enseignes et emplois soient préservés. » En pleine campagne législative, l’exécutif ne peut pas se permettre de faux pas.

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