Pas encore officiellement lancée, la candidature de Gabriel Attal pour prendre la tête de Renaissance ne fait plus beaucoup de doute en interne. Une bataille d’ex-premiers ministres, face à Elisabeth Borne, déjà candidate, va s’engager, au risque de tomber dans la guerre des chefs. Mais certains, à commencer par Emmanuel Macron, prônent un accord pour avoir un seul candidat.
Taubira et Hidalgo à Villeurbanne: un duo de choc pour “NVB”
Par Myriam CHAPLAIN-RIOU et Alice LEFEBVRE
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"L'enjeu démocratique est colossal", a lancé l'ex-garde des Sceaux Christiane Taubira, venue mercredi avec la maire de Paris Anne Hidalgo, soutenir son ancienne collègue Najat Vallaud-Belkacem, en grandes difficultés pour l'élection législative à Villeurbanne.
Assises sous un soleil de plomb avec la candidate socialiste sur les marches du Théâtre national populaire (TNP), Christiane Taubira et Anne Hidalgo ont enchaîné les louanges pour convaincre les 53% d'abstentionnistes du premier tour de se mobiliser et de voter "NVB".
L'ancienne ministre de l'Education, la seule candidate PS rescapée du premier tour dans le Rhône, est largement devancée par son rival REM Bruno Bonnell dans cette 6e circonscription de tradition socialiste, avec 16,54% des voix contre 36,69%.
Le trio a ensuite déambulé dans les rues de cette ville de 150.000 habitants aux portes de Lyon, entouré d'une nuée de caméras et répondant volontiers aux passants avides de selfies. A cette aune, c'est Christiane Taubira qui a remporté le plus de succès. Plusieurs personnes l'ont serrée dans leurs bras.
"Là, tu fais du 100%", a souri Anne Hidalgo face aux nombreux encouragements des passants.
La candidate leur a expliqué "qu'elle passerait quatre jours à Villeurbanne et trois à l'Assemblée nationale. Ce ne sera jamais le cas avec Bruno Bonnell", a-t-elle lancé.
Plus loin, Mme Vallaud-Belkacem s'est fait interpeller par une enseignante: "Que dire à mes collègues profs qui sont plein de rancoeur et qui votent ici?"
Plus tôt, la candidate avait dénoncé le recours par son adversaire de méthodes d'optimisation fiscale pour faire baisser son impôt, comme révélé par Médiapart. "A Villeurbanne, la démarche de moralisation de la vie politique résonne particulièrement (...) avec un candidat qui pourrait devoir renoncer à sa charge... s'il était élu... et il ne le sera pas".
Auparavant, devant un parterre de journalistes et des militants enthousiastes, la maire de Paris s'était exclamée tout sourire: "Najat est la bonne personne, au bon endroit. Alors, votez dimanche pour Najat!" a scandé Anne Hidalgo, qui a grandi à Lyon.
"L'enjeu démocratique est colossal pour la prochaine législature. Jamais nous n'avons été autant questionnés sur notre attachement à la démocratie", a insisté de son côté Christiane Taubira. "Il y a un enjeu de concentration des pouvoirs". C'est pourquoi "il faut voter Najat Vallaud-Belkacem. C'est une très belle personne et une très belle candidature", a-t-elle martelé.
-'Pas de séance de rattrapage'-
Mme Taubira s'est dite persuadée que "le sort de cette circonscription n'est pas joué. Il faut convaincre les abstentionnistes. Pas de séance de rattrapage ! Nous ne pouvons pas prendre le risque d'asphyxier la démocratie".
"Najat rassemble la gauche, ce n'est pas un luxe, ni un exercice facile", a-t-elle ajouté en souriant.
Egalement entourée des candidats EELV et du PCF, qui lui ont apporté leurs soutiens pour le deuxième tour, Najat Vallaud-Belkacem a affirmé être "l'unique représentante de la gauche".
Najat Vallaud-Belkacem a discuté lundi avec Laurent Legendre, le candidat de la France insoumise, éliminé au premier tour. Ce dernier a laissé ses électeurs libres de décider, tout en leur demandant de faire barrage à Bruno Bonnell.
Interrogée sur son éventuel vote de confiance au gouvernement d'Edouard Philippe, la candidate PS a répondu qu'elle lui donnerait sa chance mais resterait vigilante. "Je ne passerai pas mon temps à mettre des bâtons dans les roues du gouvernement actuel".
Depuis dimanche, NVB arpente les rues et les marchés de Villeurbanne pour porter son message. "C'est la dernière ligne droite d'une campagne aride", dit-elle.
"Je suis certaine que s'il y a avait eu moins d’abstention, je serais devant", disait-elle mardi à l'AFP, très entourée sur le marché Gratte-ciel où elle joue les pédagogues en expliquant à certains le rôle d'un député.
"Allez voter dimanche! Dites-le à vos voisins, à vos collègues et amis! Tout se joue le jour du vote", assène-t-elle aux passants.