Tension sur l’électricité : les sénateurs ont formulé des préconisations

Tension sur l’électricité : les sénateurs ont formulé des préconisations

Le gestionnaire du Réseau de transport d’électricité (RTE) demande aux particuliers comme aux entreprises de limiter leur consommation ce lundi 4 avril, alors que les températures demeurent basses pour la saison et que 27 réacteurs nucléaires sur les 56 sont en maintenance. Une situation qui pourrait être amenée à se répéter dans le futur, indiquait la Commission d’affaires économiques du Sénat au mois de février, tout en formulant trois axes clefs pour sécuriser l’approvisionnement électrique.
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Par Klara Durand

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Selon Météo France, la nuit du dimanche 3 au 4 avril a été la plus froide enregistrée en France depuis 1947. Face à cette situation, Jean-Paul Roubin, le directeur de l’exploitation du Réseau de transport d’électricité a demandé sur France info, aux particuliers comme aux entreprises, de limiter leur consommation ce lundi matin. Bien qu’il ne prévoie pas de coupures d’électricité, le directeur a expliqué que la vague de froid entraîne une surconsommation imprévue alors que le système électrique français est sous tension en raison de nombreuses fermetures de réacteurs nucléaires, pour maintenance et vérification de problèmes de corrosion. Actuellement, 27 réacteurs nucléaires sont indisponibles sur 56.

Or, depuis le vendredi 1er avril, les températures demeurent entre 5 à 6 degrés en moyenne sous les normales de saison.

Pour rationner l’électricité, Jean-Paul Roubin soulève plusieurs solutions comme baisser le chauffage électrique en quittant le domicile, éviter de trop éclairer le matin, ou pour les entreprises essayer de lancer les réunions en visioconférence plus tard dans la matinée.

Un point d’étape du Sénat sur la sécurité d’approvisionnement de l’électricité

Ce contexte relance les interrogations autour d’un possible « black-out » au niveau du réseau électrique français. Une problématique sur laquelle le Sénat alarme depuis déjà plus d’un an. En janvier 2021, les sénateurs avaient notamment interpellé le gouvernement sur les difficultés d’approvisionnement électrique et la stratégie énergétique, lors d’un débat organisé à l’initiative du groupe LR et du sénateur des Vosges, Daniel Gremillet : « Nous nous sommes saisis du sujet dès 2020, car nous avons constaté qu’entre 2019 et 2020, la France était passée de 18 jours de dépendance à l’électricité produite dans d’autres pays européens, à 43 jours », relate ce dernier. « Le contexte de la Pandémie est également passé par là, avec une volonté nouvelle de réindustrialiser le pays, mais pour ce faire nous avons besoin d’énergie et donc de faire des choix significatifs à ce niveau », ajoute-t-il.

En février dernier la commission des affaires économiques, dont Daniel Gremillet fait partie, a souhaité faire un point d’étape sur cette thématique de la sécurité d’approvisionnement électrique tout en soulignant que le RTE a placé la France en situation de « vigilance particulière » cet hiver et jusqu’en 2024. La commission a notamment adopté 12 recommandations regroupées en 3 axes pour réviser l’ensemble de la stratégie énergétique et relancer massivement la filière nucléaire, aux côtés des énergies renouvelables.

La nécessité de réviser l’ensemble de la politique énergétique

Dans sa note, la commission appelle à s’appuyer « sur un cap clair, des actes concrets et des investissements massifs » pour conforter durablement la sécurité d’approvisionnement, pour cela elle détaille son plan en trois volets.

Dans un premier temps, elle préconise d’investir dans le « nouveau nucléaire » : « Nous avons un parc nucléaire vieillissant, or cela fait 10 ans qu’on décide de fermer les centrales sans anticiper la suite. On paye ce manque d’investissement », précise le sénateur. Pour y remédier, la commission recommande de construire des EPR2, de favoriser l’essor des SMR (petits réacteurs modulaires) ou encore le projet ITER (le réacteur thermonucléaire expérimental international). Elle en appelle au renforcement de la recherche et du développement en direction de la « fermeture du cycle du combustible » : « On a perdu beaucoup de compétences au niveau de notre pays en ce qui concerne le nucléaire, nous avons besoin de former et recruter des personnes capables de travailler dans ce domaine », ajoute Daniel Gremillet. Le tout, détaille la Commission, avec un plan de financement devant permettre l’apurement de la dette EDF.

La commission insiste aussi sur la mise en place d’un cadre plus favorable à l’énergie nucléaire dans les textes européens en cours de négociation ou d’application. Enfin, elle souligne que la sécurité d’approvisionnement doit viser l’autonomie stratégique en matière minière. Pour y parvenir, le « bilan carbone », conditionnant l’accès des énergies renouvelables aux dispositifs de soutien public, doit être complété.

 

« Miser sur la production de biogaz, renouvelable, stockable et local »

Dans un second volet, la Commission préconise de consolider le système de prévention et d’intervention en matière de sécurité d’approvisionnement en évaluant précisément l’impact de la crise de la covid-19. Elle conseille, pour ce faire, une évaluation financière pour mesurer les effets du « bouclier tarifaire » sur les consommateurs d’énergie comme les fournisseurs et producteurs, à commencer par le groupe EDF. La Commission souhaite également que les missions de RTE soient complétées par un rôle plus prescriptif et que les moyens de l’Autorité de sûreté Nucléaire (ASN) soient relevés : « Nous souhaitons que les moyens de l’ASN soient renforcés à deux niveaux. Tout d’abord pour solidifier ses moyens et apporter toute la sûreté nucléaire nécessaire. Mais également au niveau de la construction, avec la nouvelle génération de nucléaire grâce à un savoir-faire dont la France doit se doter », détaille Daniel Gremillet.

Enfin, la Commission démontre la nécessité de mobiliser les leviers de pilotage de la production et de la consommation. Par le biais d’appels d’offres pour pallier l’intermittence des énergies renouvelables (stockage de l’électricité) ou réduire la consommation d’énergie (effacement de consommation). Dans un même souci de réduction de la consommation d’énergie, elle demande le développement des aides à l’efficacité énergétique, des particuliers comme des entreprises, en consolidant les missions du service public de la performance de l’habitat (SPPEH) et les « coups de pouce » dédiés des certificats d’économies d’énergie (C2E).

Elle insiste également sur la production de biogaz, renouvelable, stockable et local, pour remplacer les imports fossiles, en particulier, souligne-t-elle, dans un contexte de crises comme actuellement avec la guerre en Ukraine : « Il faut que les délais d’instruction des dossiers soient simplifiés en France. Actuellement, nous avons 1200 installations pour produire du biogaz qui sont en attentes d’autorisation, là encore il faut une accélération », martèle le sénateur. En conclusion de son rapport, la Commission réaffirme l’importance de miser sur les énergies renouvelables électriques les moins intermittentes comme l’hydroélectricité ou l’éolien en mer, seule façon pour Daniel Gremillet, de parvenir « à une forme d’indépendance énergétique ».

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