Paris: Concertation Emmanuel Macron et le bloc central Elysee

Tensions au Modem, où la participation au gouvernement Barnier est remise en cause

La grande majorité des députés Modem refuse que leur parti participe au gouvernement. En cause, la présence de figure conservatrice, comme Bruno Retailleau, mais aussi des questions plus globales de fond, avec un gouvernement qui penche trop à droite.
François Vignal

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C’était un peu trop beau. Les représentants des partis du bloc central et des LR s’étaient quittés, jeudi après-midi, après la réunion de la dernière chance autour de Michel Barnier, sur un accord de principe sur l’architecture gouvernementale. Mais patatras. Ça tousse, et pas qu’un peu, du côté du Modem.

Mais quelle est l’origine du courroux des députés du parti de François Bayrou ? L’équilibre ne serait pas le bon. Le Modem a bien deux représentants sur la feuille de match qu’a présentée Michel Barnier à Emmanuel Macron : Jean-Noël Barrot aux Affaires étrangères et Geneviève Darrieussecq, à la Santé.

Le problème viendrait plutôt de l’arrivée du patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, à l’Intérieur, et de Laurence Garnier, sénatrice LR de Vendée, comme son président de groupe. Soit deux représentants de la droite conservatrice catholique. Bruno Retailleau s’était opposé au mariage pour tous puis à la PMA pour toutes. Laurence Garnier s’est opposée aussi au mariage pour tous, à l’inscription de l’IVG dans la Constitution et a voté contre le délit sur les thérapies de conversion. Le cas de la sénatrice de Vendée semble cependant réglé. Emmanuel Macron a fait savoir à Michel Barnier ses doutes, dès jeudi soir. « Ça n’est pas passé », confirme une source LR.

Reste que pour les députés Modem, ça ne passe pas non plus. A l’issue d’une réunion de crise, ce vendredi midi, 80% des députés ont « refusé de participer au gouvernement », selon Le Figaro et Le Parisien, ouvrant une crise dans cette nouvelle majorité relative à peine naissante. Face à la situation, une nouvelle réunion était organisée en début d’après-midi.

« Le flotteur gauche n’y est pas »

Au-delà des personnes de Bruno Retailleau et de Laurence Garnier, le problème est plus général. « Le flotteur gauche n’y est pas », a fait valoir auprès de l’AFP le porte-parole du parti Bruno Millienne, « il n’y a pas de signe tangible que ce gouvernement n’appliquera pas qu’une politique de droite ».

« Il n’y a pas de flotteur de gauche et ce déséquilibre à droite, attention, parce que ça peut faire craquer de la coque centrale », a continué de filer la métaphore le député MoDem Richard Ramos, interrogé par France Info vendredi matin. « A titre personnel, je pense que ce gouvernement, ce n’est pas pour nous. Il faut le soutenir parce que les Français veulent monsieur Barnier, mais ce n’est pas pour nous si c’est tout un flotteur qui est juste à droite, à droite », insiste-t-il. Et le député du Loiret d’ajouter que le gouvernement de Michel Barnier est « un yaourt à durée limitée, à date limite de consommation courte, ça ne passera pas la rampe »…

« Il y a un problème de ligne politique plus générale, sur la proportionnelle notamment »

Une autre parlementaire Modem contactée par publicsenat.fr reconnaît que « les deux propositions faites à Jean-Noël Barrot et Geneviève Darrieussecq sont des beaux portefeuilles. « Mais il me semble qu’il y a un problème de ligne politique plus générale, sur la proportionnelle notamment », ajoute cette parlementaire. Le Modem défend de longue date ce mode de scrutin.

Devant cette fronde et la crise qui guette, Jean-Louis Bourlanges, député sortant des Hauts-de-Seine, est monté au créneau pour défendre l’accord. « J’adjure mes amis de surmonter leurs réserves », lance cette figure du Modem, « il y a péril en la demeure. Nous ne pouvons pas nous permettre de faire le jeu de Mme Le Pen ou de M. Mélenchon. Il faut aider Michel Barnier à réussir ».

Du côté du groupe Ensemble pour la République (Renaissance), Constance Le Grip, députée issue de la droite, a dit sur BFM TV « entendre que des sensibilités sont heurtées », mais elle appelle ses « partenaires du Modem » à « considérer que vue la gravité du moment politique que nous traversons, il est peut-être urgent de serrer les rangs ». Ces tensions montent l’étendue des difficultés qui attendent le gouvernement Barnier, qui est, pour l’heure, toujours attendue d’ici dimanche.

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