Quelques heures avant sa venue à Matignon, la sénatrice socialiste Victoire Jasmin regrettait que la seule réponse de l’exécutif soit, pour le moment, répressive et disait attendre de l’exécutif « un dialogue et des pistes pour apaiser la situation ».
Après une semaine de blocage en Guadeloupe contre le passe sanitaire et l’obligation vaccinale des soignants, le Premier ministre, Jean Castex, accompagné du ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu et du ministre de la Santé Olivier Véran, recevait ce lundi soir à leur demande, des élus de l’île afin de leur permettre « d’exposer leur analyse de la situation sur place ». Au dernier moment, Jean Castex a appris qu’il était cas contact au covid-19 après que l’une de ses filles âgée de 11 ans a été testée positive. Il s’est donc astreint à l’isolement et a conduit la réunion autour des élus de Guadeloupe par visioconférence.
A la sortie, c’est d’abord un message d’autorité qu’a délivré le Premier ministre. « C’est une petite minorité violente qui dévalise les magasins, qui barre les routes, qui rançonne les automobilistes, qui empêche les personnes malades d’accéder à des soins, parfois vitaux qui va même jusqu’à tirer sur les forces de l’ordre. Je condamne avec la plus extrême fermeté ces violences. Leurs auteurs sont et continueront d’être arrêtés et jugés ».
« La protection passe par la vaccination. Il n’y a pas d’autres voies possibles »
Jean Castex a estimé que le mouvement de protestation n’était pas seulement celui d’une opposition à l’obligation vaccinale des soignants. « Il s’agit surtout désormais d’agresser et de pilier », a-t-il jugé rappelant l’envoi de 200 gendarmes et policiers sur place « pour rétablir l’ordre républicain ».
Toutefois, l’exécutif indique que cette « exigence de fermeté doit aussi s’accompagner d’un dialogue nécessaire pour entendre et comprendre nos concitoyens qui s’interrogent de bonne foi ». Pour ce faire, Jean Castex annonce la création d’une « instance de dialogue » afin de « convaincre et d’accompagner individuellement, humainement » les professionnels concernés par l’obligation vaccinale. « La protection passe par la vaccination […] Il n’y a pas d’autres voies possibles », a-t-il martelé.
Enfin, le ministre de l’Outre-mer, Sébastien Lecornu se voit confier la mission « de poursuivre le dialogue avec les élus et les forces vives du territoire qui sont pleinement engagés pour le retour au calme. Ce dialogue devra nous permettre le déploiement plein et entier de tous les dispositifs d’accompagnement économique et social, non seulement pour gérer les conséquences de la crise, mais aussi pour favoriser la relance de l’emploi et de l’activité en Guadeloupe », a-t-il conclu.
« Nous avons eu l’impression d’avoir été entendus »
La réunion s’est ensuite poursuivie avec les parlementaires de Guadeloupe et Sébastien Lecornu. « Nous avons eu l’impression d’avoir été entendus », considère Victoire Jasmin à la sortie. « Avec 90 % des soignants vaccinés, l’exécutif peut se permettre de faire un accompagnement personnalisé et de la médiation auprès des non vaccinés. Il y a des soignants qui ne veulent pas de vaccin ARN messagers. Un dialogue va être engagé avec eux pour voir quel autre vaccin pourrait leur être proposé en fonction de leur âge et de leur état de santé. Pour ceux qui le souhaitent, des possibilités de reconversion professionnelle seront également proposées » indique-t-elle.
Chez les pompiers volontaires où réside la plus forte réticence à la vaccination. Des solutions seront mises en place, notamment la prise en charge de leur test PCR par le Conseil départemental, leur autorité de tutelle. « Ils ne seront pas suspendus car on a besoin de tout le monde », précise la sénatrice.
« Le mot d’ordre, c’est une protestation contre l’obligation vaccinale des soignants mais sur les barrages, il y a aussi des jeunes, notamment diplômés, qui se sentent exclus. Sébastien Lecornu nous a parlé de dispositifs pour les accompagner vers l’emploi », ajoute la sénatrice.
Et quant à la venue du ministre de l’Outre-mer sur place, « Ce n’est pas dans l’immédiat », répond-elle.