Alain Juppé est l'invité de Territoires d'infos sur Public Sénat et Sud Radio en direct depuis Bordeaux
« Je suis assez paresseux, j’aime beaucoup être sur la plage regarder les vagues »
« J’ai eu tous les postes possibles et imaginables, sauf un, que je n’aurai pas et c’est ainsi » a rappelé Alain Juppé, en parlant du poste de président de la République. Alors, des regrets ? « Certainement pas. Je ne suis pas en train de me morfondre dans le regret ou le blues ».
Juppé : « Je suis assez paresseux, j’aime beaucoup être sur la plage regarder les vagues »
« Forte heureusement, je n’ai pas que ça dans la vie. J’ai aussi une famille, qui m’apporte beaucoup de choses, j’aime la lecture. Puis je vais vous faire une petite confidence : je suis assez paresseux de tempérament. J’aime beaucoup être sur la plage d’Hossegor à regarder les vagues » avoue Alain Juppé, sourire en coin.
Alain Juppé s'inquiète des conséquences du non-cumul des mandats
« Je suis inquiet de voir disparaître de l’Assemblée nationale la quasi-totalité des maires », déclare Alain Juppé
Fin de la proximité avec les territoires ? La loi sur le non-cumul inquiète Alain Juppé :
« Je suis inquiet de voir, du fait du non-cumul, disparaître de l’Assemblée nationale la quasi-totalité des maires. Ce n’est pas bon. Je pense qu’il faudra trouver d'autres moyens de récréer ce lien. Est-ce que le Sénat y concourra ? Je n’en sais rien. »
« Il y a un moment où il faut laisser aussi place à la relève, on verra comment elle se prépare »
Alain Juppé : "Il y a un moment où il faut laisser aussi place à la relève"
Sur les conséquences d'une limitation à trois mandats, Alain Juppé ne veut pas entrer dans des spéculations, mais affirme avoir sa succession à l'esprit. « Je suis très honoré qu’on se préoccupe de mon avenir mais il y a un moment où il faut laisser aussi place à la relève, on verra comment elle se prépare ». « Il faut une relève, c’est un de mes soucis », a déclaré le maire de maire de Bordeaux, qui en profite pour faire passer un message à ses futurs héritiers : « la division c’est l’échec ».
Dans une interview au Point, Alain Juppé avait confié : « J’ai toujours pensé que 75 ans est un bon âge pour décrocher ». Aux élections municipales de 2020, il en aura 74.
Sur Macron : « Quand j’entends dire qu’on va faire de la politique autrement, ça me fait rigoler »
Alors que le chef de l’État revendique un renouvellement des pratiques politiques, Alain Juppé estime qu’Emmanuel Macron ne fait en réalité rien de très nouveau. « Le parti ce n’est pas terminé. D’ailleurs, la première chose que font tous les hommes politiques qui veulent jouer un rôle, c’est créer un parti. Le général de Gaulle, en 1947, crée un parti, le RPF. (…) Et aujourd’hui, Monsieur Macron crée un parti politique. Quand j’entends dire qu’on va faire de la politique autrement, ça me fait rigoler. On fait de la politique avec des gens différents, mais on fait toujours de la politique de la même manière. Il n’y a pas 36 façons de le faire. Il y a la façon autoritaire et dictatoriale et la façon démocratique » souligne l’ancien candidat de la primaire de la droite.
Juppé sur Macron : « Quand j’entends dire qu’on va faire de la politique autrement, ça me fait rigoler »
« Les partis auront un rôle a joué. Cela dit il faut qu’ils se régénèrent. (…) Il faut clarifier la ligne politique et c’est vrai que dans la grande famille de la droite et du centre, il y a des sensibilités différentes » ajoute Alain Juppé. Est-il « constructif » ? « J’ai toujours essayé de construire dans ma vie, je n’aime pas démolir » affirme-t-il.
Alain Juppé ne dit pas s’il aurait voté la confiance au gouvernement. « Je n’ai pas de position a priori. Je ne vais pas dire non c’est non, parce que c’est lui. Je regarde. S’il y a des choses qui me conviennent, c’est bien » affirme cependant l’ancien Premier ministre.
Il souligne des « points de convergence : l’idée de mettre le paquet sur les petites classes (…) une idée que j’ai soutenue », « sur l’Europe, un climat de confiance se recrée entre la France et l’Allemagne ». Il a en revanche des points sur lesquels il n’est « pas d’accord » : la suppression de la « taxe d’habitation », « l’augmentation de la CSG n’est pas une bonne mesure, elle va pénaliser les retraités et les classes moyennes » ou « la généralisation de la PMA ».
« Dans la mythologie Jupiter est le dieu des dieux »
Alain Juppé : "Dans la mythologie, Jupiter est le dieu des dieu"
L’hyperprésidence d’Emmanuel Macron marque les esprits, au point d’appeler le chef de l’État Jupiter. « Je vous rappelle que dans la mythologie, Jupiter est le dieu des dieux, le roi des dieux », souligne Alain Juppé. « C’est bien ce retour à la mythologie, ça donne une dimension culturelle à la vie politique » ajoute le maire de Bordeaux.
Alain Juppé n'a pas l'intention d'être un recours
Alain Juppé : "Je n'ai pas l'intention de jouer les recours"
Alain Juppé affirme avoir « pris du recul par rapport à la politique nationale » et affirme ne pas avoir « envie de redescendre dans l’arène des joutes politiques ».
« Je n’ai pas du tout l’intention de jouer les recours ou les statuts du commandeur », a-t-il prévenu. « Aujourd’hui je me consacre avec amour et passion à ma tâche de Bordeaux ».
Alain Juppé critique l'exonération de la taxe d'habitation pour 80% des ménages
"C’est une mesure jacobine, centralisatrice", déclare Alain Juppé sur la suppression de la taxe d'habitation
« Je pense que ce n’est pas une bonne idée », considère Alain Juppé sur le projet de suppression de la taxe d'habitation pour une grande majorité de Français. « On dit que c’est une mesure de justice sociale, je ne le pense pas. À Bordeaux, à peu près la moitié des foyers les plus modestes ne le payent pas ou payent une taxe d’habitation allégée. Donc c’est une mesure qui concerne les classes moyennes », a-t-il souligné.
« C’est une mesure jacobine, centralisatrice. La liberté des collectivités territoriales, c’est aussi de voter le taux des impôts », défend le maire de Bordeaux.
« Il faut que les collectivités territoriales fassent des économies mais maintenant on est dans l’os. »