« Depuis 1995, où on a commencé à avoir des actes terroristes (sur notre territoire), on a fait 30 lois. 30 lois réduisant nos libertés. Malheureusement, ce n’est pas ça qui a résolu la question ». C’est le constat sans appel fait par l’avocat pénaliste Henri Leclerc, interrogé sur l’efficacité de l’état d’urgence dans la lutte antiterroriste.
En effet, depuis la série d’attentats qui s’abat sur notre territoire, plusieurs responsables politiques appellent à sortir de l’état de droit. Le député LR, Éric Ciotti, propose la création d’un « Guantánamo à la française » ou encore le maire de Nice, Christian Estrosi qui a cette formule : « Aucun droit pour les ennemis du droit ».
Selon Henri Leclerc, « le problème, c’est que les lois répressives réduisent les libertés de tous sans pour autant trouver un remède à ce qui est la cause du terrorisme ». Henri Leclerc voit dans ces lois sécuritaires « une réponse instinctive, celle de la vengeance immédiate. Ce n’est pas nouveau, j’ai connu ça toute ma vie. Ça amène à des catastrophes morales » relève-t-il, en référence à la torture pratiquée par les autorités françaises durant la guerre d’Algérie.
« La torture en Algérie a peut-être permis à des endroits précis de battre les terroristes qui étaient des combattants mais pas tellement. Et si on voit l’issue générale de la guerre, ça a fini par rendre la population encore plus hostile aux troupes répressives. Cette idée d’une répression brutale violente, qui réduit les libertés, ça satisfait bon nombre de gens mais en fait ce n’est pas ça qui est véritablement efficace » conclut-il.