« Thérapies de conversion » : une proposition de loi sénatoriale souhaite les interdire

« Thérapies de conversion » : une proposition de loi sénatoriale souhaite les interdire

Déposé par la sénatrice socialiste Marie-Pierre de la Gontrie, le texte fait écho à celui déposé en mars dernier à l’Assemblée Nationale, visant à interdire ces pratiques qui entendent « convertir » à l’hétérosexualité les personnes homosexuelles.
Public Sénat

Par Jules Fresard

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mardi 22 juin, les députés canadiens adoptaient une loi qui vise à punir jusqu’à cinq ans d’emprisonnement toute personne faisant subir à une personne LGBT une « thérapie de conversion ». L’adoption de cette promesse de campagne du premier ministre Justin Trudeau a fait réagir jusqu’au Palais du Luxembourg, où la sénatrice socialiste Marie-Pierre de la Gontrie a fait savoir sur Twitter qu’elle allait déposer une proposition de loi, pour « abolir cette pratique inhumaine dans notre pays ». Le texte a finalement été déposé jeudi 24 juin au Sénat et envoyé à la commission des Lois. Vendredi 25 juin, il était encore en attente de publication.

A l’Assemblée Nationale, la députée LREM de l’Allier Laurence Vanceunebrock a déjà déposé deux propositions de loi en ce sens, une première en juin 2020, devant initialement s’intégrer dans le projet de loi « séparatisme » comme le souhaitait Marlène Schiappa, un projet abandonné depuis. Une deuxième version du texte a finalement été déposée le 23 mars dernier. Il prévoit, pour les personnes mettant en place de telles pratiques, jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende lorsque la victime est majeure, trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende quand la victime est mineure.

Des « thérapies » encore présentes dans l’Hexagone

Mais que se cache-t-il derrière ces « thérapies » ? D’abord, une vision médicale de l’homosexualité, la bisexualité ou la transidentité, où la personne concernée est vue comme « malade », pouvant donc être « soignée », la guérison s’apparentant là à un « retour » à l’hétérosexualité, vu par les précepteurs de ces « thérapies » comme la seule et unique orientation possible, ou à un « retour » au genre assigné à la naissance pour les personnes transgenres.

Le 11 mai, lors des séances de questions au gouvernement à l’Assemblée Nationale, Laurence Vanceunebrock, s’adressant à Elisabeth Moreno, ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, avait évoqué « des pratiques terriblement violentes » où les « auteurs réalisent des exorcismes sur leurs victimes, les harcèlent dans la durée, leur prescrivent des traitements à base d’hormones, d’antidépresseurs, ou encore de la sismothérapie, c’est-à-dire des électrochocs ».

Elisabeth Moreno avait alors indiqué que « notre code pénal condamne fermement les délits d’abus de faiblesse ou de harcèlement, les délits de discrimination, les propos homophobes ainsi que les violences volontaires ». Elle avait également indiqué qu’une circulaire allait bientôt voir le jour, rappelant le droit existant sur la question.

Une posture qui ne satisfait pas les associations de victimes et notamment le collectif Rien à guérir, qui dans une tribune publiée dans le journal Le Monde en novembre, avait rappelé la nécessité d’inscrire dans la loi l’interdiction de ces « thérapies ».

D’autant qu’en 2020, le Haut-commissariat aux droits de l’homme des Nations Unies avait, au travers d’un rapport remis par Victor Madrigal-Borloz, expert indépendant sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre, conclut que ces « thérapies » pouvaient « être assimilées à des actes de torture et devraient être interdites ».

Avec le dépôt au Sénat de la proposition de loi de Marie-Pierre de la Gontrie, ce sont donc maintenant deux propositions de loi visant à rendre illégales ces pratiques qui sont en attente d’être examinées. Reste à savoir quand.

Dans la même thématique

France Point presse Michel BARNIER a l INES du Technolac Bourget du Lac
3min

Politique

Gouvernement Barnier : « Les communistes ne sont pas dans une logique de censure a priori », précise Cécile Cukierman

Reçus par Michel Barnier, les responsables communistes ont rappelé au nouveau Premier ministre leurs lignes rouges, alors que la majorité des membres du Nouveau Front populaire annonce déjà vouloir censurer le futur gouvernement. Interrogée par Public Sénat, Cécile Cukierman, présidente du groupe communiste au Sénat, reconnaît néanmoins des « diagnostics partagés » avec le nouveau locataire de Matignon sur la situation du pays.

Le

« Thérapies de conversion » : une proposition de loi sénatoriale souhaite les interdire
6min

Politique

« L’époque où il y avait des ministres qui étaient maires, ça marchait pas mal ! » lance David Lisnard

Face aux conséquences d’une « dissolution insensée », cause de « dangerosité et d’instabilité », le président LR de l’Association des maires de France veut faire des communes « un pôle de stabilité », rejetant toute responsabilité des collectivités dans le dérapage des finances publiques. Reçu par Michel Barnier ce mardi, il assure ne rien « attendre ».

Le

Paris: Parti socialiste nouveaux deputes legislatives Assemblee nationale
6min

Politique

Destitution : la procédure jugée recevable par le Bureau de l’Assemblée nationale divise les parlementaires PS

Pour la première fois sous la Ve République, une proposition de résolution visant à « engager la procédure de destitution » du chef de l’Etat a été jugée recevable par le Bureau de l’Assemblée nationale. Les trois membres socialistes du Bureau ont voté en faveur de la recevabilité mais cette position ne fait pas l’unanimité au sein du PS.

Le

LA ROCHELLE : French socialist party summer camp.
4min

Politique

Ronan Dantec souhaite « faire émerger le socle de la social écologie »

Créé après les européennes de 2019 pour « fédérer la social écologie », le mouvement du sénateur Ronan Dantec Ensemble sur nos territoires organise ce samedi un « forum politique » rassemblant des personnalités de la société civile comme Laurent Berger et Laurence Tubiana et des élus de tous les partis de la gauche à l’aile gauche de la macronie, comme Raphaël Glucksmann, Johanna Rolland ou Stella Dupont. Une démarche qui se veut rassembleuse pour déboucher sur une « nouvelle offre politique ».

Le