Titres de séjour pour les métiers en tension : « Il y a des relents néocoloniaux dans cette proposition », tacle Aurélien Pradié (LR)

Titres de séjour pour les métiers en tension : « Il y a des relents néocoloniaux dans cette proposition », tacle Aurélien Pradié (LR)

Invité d’Extralocal, Aurélien Pradié est revenu sur le projet de loi immigration présenté cette semaine par Gérald Darmanin. Le candidat à la présidence des Républicains s’est démarqué de ses concurrents en affichant une position « ferme », mais qu’il veut plus raisonnable, sur l’immigration.
Louis Mollier-Sabet

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La remarque raciste d’un député du Rassemblement national à la suite d’une question posée par le député LFI-Nupes, Carlos Martens Bilongo, ce jeudi, lors des questions au gouvernement, a choqué jusque sur les bancs des députés Les Républicains. Aurélien Pradié, député LR du Lot, n’échappe pas à la règle, mais pour une raison moins souvent évoquée : « Ce qui me choque, c’est d’abord ce qui a été dit. Ensuite, dans les heures qui ont suivi, c’est l’instrumentalisation du sujet par le RN. Les députés du Rassemblement national se sont dit ‘on va profiter de ce buzz-là pour remettre une couche sur la question de l’immigration’. »

« Je ne souhaite pas que l’on augmente indéfiniment les places en centre de rétention »

Sur l’immigration pourtant, Aurélien Pradié veut défendre une position différente non seulement du Rassemblement national, mais aussi de son propre camp des Républicains, et notamment de ses concurrents à la présidence du parti Bruno Retailleau et Éric Ciotti. « Ce que je souhaite, c’est que la droite soit ferme et ne raconte pas n’importe quoi. Les Français ne nous croient plus, ce n’est pas parce qu’on hurle que l’on est efficace », affirme le député du Lot, dans un tacle à peine déguisé à Bruno Retailleau, et surtout à Éric Ciotti, qui affichent des positions très dures sur l’immigration.

« Je ne souhaite pas que l’on augmente indéfiniment les places en centres de rétention », poursuit Aurélien Pradié. « J’ai visité, près de Calais, un centre de rétention. J’ai vu les conditions dans lesquelles nous n’arrivions plus à surveiller correctement les gens. Nous n’allons pas dépenser des centaines de millions dans des centres de rétention que nous n’arriverons pas à tenir. » Sur les obligations de quitter le territoire français (OQTF), Aurélien Pradié promet, lui aussi, de les faire appliquer, malgré les blocages causés par les pays d’accueils qui refusent d’accueillir les personnes qui sont visées par les fameuses « OQTF » : « Revenons vers les autorités algériennes, pas en baissant la tête cette fois-ci, quitte à bloquer tous les échanges d’argent par Western Union ou les visas de leurs dirigeants. »

« Ne pensons pas que l’immigration n’est qu’un sujet économique »

C’est sur la philosophie d’ensemble concernant l’immigration que le candidat à la présidence de LR semble vouloir incarner une troisième voie entre Gérald Darmanin et ses concurrents des Républicains, en critiquant la proposition du ministre de l’Intérieur d’accorder des titres de séjour aux personnes travaillant dans les métiers « en tension », non pas à cause des régularisations que cela pourrait engendrer comme Bruno Retailleau, mais parce que cela participe d’un raisonnement « néocolonial. »

« Je trouve qu’il y a dans cette proposition des relents néocoloniaux. Cette idée selon laquelle, le seul intérêt de l’immigration, ce serait de faire bosser [des migrants] dans des emplois dont nos propres concitoyens ne veulent plus. Je n’aime pas cette approche irresponsable et improductive de l’immigration. Je dis à nos chefs d’entreprise : travaillons à ce que nos concitoyens retrouvent le chemin vers l’emploi et ne pensons pas que l’immigration n’est qu’un sujet économique », a ainsi expliqué le député LR du Lot.

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