Toulouse: le « M. Elections » du PS sous le double feu Macron-Mélenchon

Toulouse: le « M. Elections » du PS sous le double feu Macron-Mélenchon

"Je suis lucide": à Toulouse, Christophe Borgel, député sortant et M. Élections du PS, sait que la bataille sera rude face à Manuel Bompard,...
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Par Loïc VENNIN

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"Je suis lucide": à Toulouse, Christophe Borgel, député sortant et M. Élections du PS, sait que la bataille sera rude face à Manuel Bompard, bras droit de Jean-Luc Mélenchon, et Sandrine Mörch, une macroniste qui se fait le chantre du "renouveau".

"Je suis parfaitement lucide. C'est plus difficile avec un candidat qui a fait 6,35%": Christophe Borgel a conscience que le score national de Benoît Hamon à la présidentielle n'est pas de bon augure, même si ce dernier a fait un peu mieux (9,7%) dans sa circonscription, à cheval sur Toulouse et sa banlieue sud.

A 52 ans, le secrétaire national en charge des élections au PS souffre de plus d'une image d'apparatchik qui lui colle à la peau.

Arrivé au PS en 1986, il a fait toute sa carrière politique en Île-de-France avant un "autoparachutage" à Toulouse en 2012 qui lui vaut encore des inimitiés dans son propre camp: venu dans la Ville rose pour départir deux prétendantes à l'investiture, il avait réglé le différend en ... se présentant lui-même.

Panneau d'affichage électoral avec côte à côte les affiches de Christophe Borgel, candidat pour le PS (G) et de Manuel Bompard, bras droit de Jean-Luc Mélenchon, à Toulouse le 1er juin 2017
Panneau d'affichage électoral avec côte à côte les affiches de Christophe Borgel, candidat pour le PS (G) et de Manuel Bompard, bras droit de Jean-Luc Mélenchon, à Toulouse le 1er juin 2017
AFP/Archives

Aujourd'hui, il essaie de corriger cette réputation de notable en écumant sans relâche la circonscription pour mettre en avant sa "proximité": "J'ai monté ce qui est maintenant le plus gros réseau bénévole étudiant français dans les quartiers populaires. Je milite dans ces quartiers-là depuis toujours", explique-t-il en distribuant ses tracts entre les cagettes de melons et les poulets en train de rôtir du marché de Ramonville-Saint-Agne, au sud de Toulouse.

Ils sont douze candidats face à lui, et un autre adversaire: "l'ambigüité" entretenue par le PS, selon ses détracteurs, sur le soutien ou non à apporter à Emmanuel Macron.

A cela, le socialiste oppose une sorte de realpolitik: "Je soutiens certaines choses comme la moralisation de la vie publique mais, en même temps, je suis vigilant: supprimer 120.000 fonctionnaires, je ne vois pas en quoi c'est une priorité", dit-il.

"Je ne suis pas dans l'opposition systématique", dit-il en direction de son rival le candidat de La France insoumise Manuel Bompard.

- Terre mélenchoniste -

Le directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon est relativement inconnu ici mais il peut pallier ce déficit de notoriété avec la popularité de son chef, arrivé en tête au premier tour de la présidentielle à Toulouse.

Manuel Bompard, directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon, en campagne à Toulouse pour la 9e circonscription de la Haute-Garonne, le 26 mai 2017
Manuel Bompard, directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon, en campagne à Toulouse pour la 9e circonscription de la Haute-Garonne, le 26 mai 2017
AFP

Dans la circonscription, Mélenchon a obtenu 28%, deux points devant Emmanuel Macron. Et l'insoumis a dépassé les 40% dans les quartiers populaires de Toulouse, comme La Faourette.

"Moi, Mélenchon, je l'aime", lance avec un fort accent marocain une femme en djellaba mauve et sandales dorées, revenue du marché de ce secteur à forte mixité.

"Mes chances sont raisonnablement bonnes", concède timidement cet ingénieur à la tête sur les épaules qui passe pour le fin stratège derrière son chef bouillonnant.

C'est à ce brillant mathématicien de 31 ans qu'on attribue d'avoir rajeuni Mélenchon et dépoussiéré le militantisme d'extrême gauche.

Grand mince dégingandé à la barbe négligée et aux pans de chemise sortis du pantalon, il travaille pour une startup de la banlieue toulousaine à la pointe de la technologie, après avoir soutenu sa thèse en 2011.

Sandrine Mörch (C) candidate de La République en Marche (LREM) et son suppléant Borhene Ferjani (D) en campagne à Toulouse pour la 9e circonscription de la Haute-Garonne, le 26 mai 2017, passent devant le candidat de la France Insoumise Manuel Bompard.
Sandrine Mörch (C) candidate de La République en Marche (LREM) et son suppléant Borhene Ferjani (D) en campagne à Toulouse pour la 9e circonscription de la Haute-Garonne, le 26 mai 2017, passent devant le candidat de la France Insoumise Manuel Bompard.
AFP/Archives

Un profil de jeune ingénieur de startup qu'on voit souvent chez les macronistes: "Non, ils n'ont pas l'apanage de la nouveauté et de la société civile: je n'ai jamais été élu; je travaille dans le privé; je ne suis pas un professionnel de la politique", lance-t-il à l'adresse de sa concurrente, la macroniste Sandrine Mörch.

Dans ce duel Macron-Mélenchon par procuration, la candidate d'En Marche! compte elle aussi sur le nom de son chef pour compenser son manque de notoriété.

"Je suis portée par la majorité présidentielle forte. Mes chances sont fortes", assure cette journaliste télé de 55 ans qui veut "représenter le renouveau et l'éthique".

Aux électeurs "parfois choqués" par l'affaire Ferrand, elle répond qu'on ne peut pas faire un "M. Propre tout de suite" mais que cela viendra avec la loi sur la moralisation. "Les gens veulent rallier la majorité présidentielle. Ils ont confiance".

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