Après le décès cet été du maire de Signes, qui avait voulu empêcher le déversement illégal de gravats, les élus attendent des mesures. C’est chose faite. Le ministre en charge des Collectivités territoriales, Sébastien Lecornu, a présenté ce mercredi 11 septembre un enrichissement de son texte sur le statut de l’élu (voir notre article pour plus de détails), à la veille d’une rencontre avec dix maires victimes d’incivilité.
Reste à voir si cela sera suffisant. Mercredi, devant les locaux de l’Association des maires de France (AMF), les élus expriment leurs attentes et « l’envie que cela change, qu’il y ait un peu plus de considération pour les maires, qui sont en première ligne pour recevoir les doléances de leurs administrés, qu’ils aient les moyens de se défendre face aux incivilités qui se développent » explique à Public Sénat Pierrette Daffix-Ray, maire divers gauche de Youx (Puy de Dôme), et présidente de l'Association des Maires du Puy-de-Dôme. Elle attend « une véritable amélioration quant au statut de l’élu, qu’il y ait une protection juridique beaucoup plus importante, que la justice aille jusqu’au bout de son travail, qu’il n’y ait pas de classement sans suite » (voir la vidéo).
« Tous les maires ont subi des incivilités. Mais il y a les plus graves : insultes ou agressions physiques. Ou c’est « je vais venir en mairie, prendre mon fusil et tuer tout le monde ». Ce genre de chose. (…) Tout ce qui représente l’autorité est remis en question » raconte Pierrette Daffix-Ray.
« Le problème de vocation est réel »
Selon Catherine Lhéritier, maire (sans étiquette) de Chousy-sur-Cisse, « le projet de loi est loin d’être à la hauteur des enjeux. Il est bien en dessous de ce qu’il faudrait prendre comme mesure pour réaffirmer le rôle des maires ». Cependant, elle estime qu’« il faut relativiser. Ce n’est pas tous les jours non plus qu’on est confronté à des incivilités ». « Je ne sens pas véritablement cette question du blues des maires mais plutôt la question de comment on peut simplifier l’exercice de leur mandat » tempère aussi Nicolas Lebas, président (UDI) de l’association des maires du Nord.
Pour Bernard Mauriac, maire PS de Saint-Jory-de-Chalais, commune de 600 habitants de Dordogne, « il faut qu’on soit mieux considéré tous les jours », autrement dit, pas seulement à l’approche des élections. « Le problème de vocation est réel » souligne l’élu, président de l'Union des Maires de la Dordogne. Question qu’il lie à l’évolution de la société : « On se rend compte que la société est de plus en plus individualiste. Les administrés voient leur problème, mais pas de manière globale ». Pour Bernard Mauriac, « refaire du collectif, c’est un travail quotidien. Ce n’est pas pour rien qu’on nous appelle les soutiers de la République, parce que c’est une réalité ».